Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Brésil: l’État peut-il autoamnistier ses agents?

Écrit par Valdenor Júnior
09.04.2014
| A-/A+
  • La police anti-émeute en poste alors que les activistes d’Amnesty International au Brésil organisent une démonstration à la fois contre le 50e anniversaire du coup d’État qui a mené à la dictature militaire entre 1964 et 1985 et afin de célébrer le 29 e anniversaire de la fin du régime, dans la rue Rio Branco à Rio de Janeiro, le 1 avril 2014. On estime que 400 personnes sont décédées ou ont disparu sous le régime au pouvoir, du 31 mars 1964 au 15 mars 1985. (Vanderlei Almeida/AFP/Getty Images)

Un colonel en retraite a été entendu le 25 mars par la Commission nationale pour la Vérité du Brésil afin de clarifier la façon dont les «prisonniers politiques ont été torturés» et identifier «qui était en vie lorsqu’ils sont arrivés, qui était mort et qui était porté manquant, ainsi que les tortionnaires» de Casa da Morte («Maison de la mort»), un centre officieux contre la répression, situé à Petrópolis, Rio de Janeiro, lors de la période où le régime militaire était au pouvoir dans le pays. La Commission pour la Vérité a enquêté sur les violations des droits de l’homme sous la dictature (1964-1985), mais beaucoup l’ont critiqué comme étant un instrument utilisé par les gauchistes sournois pour faire avancer leur agenda.

Remontons en arrière. Cinquante ans plus tôt, un coup d’État au Brésil a marqué le début de la dictature militaire. Ses officiers, agissant en forte opposition avec la loi, ont torturé, mis en scènes des suicides et des centaines de personnes ont été portées «manquantes». La transition vers un gouvernement civil était coupable de favoriser une «ré-démocratisation lente, graduelle et sûre»des droits individuels. Le Constitution Brésilienne de 1988, appelée «Document du Citoyen», était un instrument de cette injustice.

Cela porte un nom. La loi d’amnistie, depuis 1970, loi numéro 6683. Le problème n’était pas de pardonner aux prisonniers politiques – ce qui est juste et noble – mais dans ses quiproquos: le gouvernement a accordé une réhabilitation à ses propres agents pour leurs crimes violents, dans une sorte «d’autoamnistie.»

Les victimes et les membres de leur famille se sont vus refuser tout espoir de voir un jour, les agresseurs condamnés pour de brutales violations des droits – ce qui, pour eux, n’était pas seulement un jargon technique, mais une souffrance et une douleur réelle entre les mains d’hommes obéissant aux ordres des autorités, ce terrible instrument de validation et d’insensibilité, comme montré par la célèbre expérience menée par Stanley Milgram. L’espoir meurt en dernier, mais le pardon de l’État par lui-même est la mort de l’espoir.

La loi actuelle internationale entretient une déférence exagérée pour la «souveraineté de l’État» (il ne reconnaît pas le droit de la libre succession, par exemple), mais heureusement, il reconnaît que l’État doit respecter les droits humains basiques. L’État brésilien a accepté la juridiction du Tribunal interaméricain des Droits de l’Homme pour juger les rapports de violations des droits de l’homme.

Dans l’affaire Gomes Lund et autres (“Araguaia Guerilla”) contre le Brésil, l’État brésilien a été accusé d’avoir pardonné les crimes de ses agents, en dépit de «l’incompatibilité des amnisties concernant les graves violations des droits de l’homme avec la loi internationale» et a été accusé. C’est pourquoi il est un peu inquiétant que des personnes se considérant comme «libertaires» critiquent les initiatives comme la Commission Nationale pour la Vérité ou la poursuite criminelle des agents du régime, comme s’il s’agissait de questions dont seule se soucie l’extrême gauche.

Déterminer ce qui s’est passé et punir les crimes en conséquence est libertaire. Aucun État ne devrait avoir le droit d’éviter la punition pour ses propres crimes. Comment pourrait-il être juste que les agents qui travaillent pour le régime commettent des crimes barbares et finalement, finissent leurs vies sans être inquiétés, parce que le gouvernement a décrété que tout allait bien? Seuls les défenseurs intransigeants de l’État, qui le voient comme un dieu sur terre, pourraient être capables de voir ainsi.

Les victimes sont les victimes – peu importe qu’elles soient d’une affiliation politique ou d’une autre. Leur sang doit être préservé. Comment un État peut-il déclarer que les victimes n’ont pas le droit de voir leurs bourreaux poursuivis? Il n’est pas possible d’être libertaire et croire qu’une organisation criminelle professionnelle a la légitimité pour pardonner les crimes de ses agents simplement parce qu’elle s’intitule lui-même «l’État.»

Blanchir les crimes comme les meurtres, la mutilation et la dissimulation des cadavres n’est pas une manœuvre de gauchiste – il s’agit de décence humaine fondamentale. Vous ne pouvez pas être libertaire si vous ne vous levez pas contre cela.

Réédition d’après le Centre pour une société sous Creative Commons License 3.0.

Les points de vue de cet article sont les opinions de(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement les points de vue d’Epoch Times.

Version en anglais: Can the State Pardon Itself?

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

 

 

 

   

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.