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France Télévisions, quel prix pour le service public?

Un climat morose semble planer sur le paysage audiovisuel français

Écrit par David Vives, Epoch Times
13.05.2014
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  • Siège de France Télévisions dans le 15ème arrondissement (Wikipedia)

Afin de redresser des comptes situés dans le rouge, Rémy Pflimlin, président du groupe, soutenait en octobre dernier que le groupe allait être confronté au plus «grand plan économique de l’histoire». Plus de six mois ont passé, et les chaînes du service public doivent faire face à un risque de burn-out, si l’on en croit le rapport délivré par le cabinet d’expertises RH Emergences, qui mentionne un «malaise social», en grande partie dû à la conjoncture actuelle.

Du côté des chaînes privées, les perspectives ne sont guère plus réjouissantes. D’après une étude de l’IREP, les recettes publicitaires des médias ont baissé de 3,6% en 2013, suite à une baisse de 3,3% en 2012. Ainsi, sur deux ans, les médias, toutes catégories confondues, ont perdu 1 milliard d’euros. Ces chiffres ne font que confirmer une tendance amorcée depuis 2009 au sein du paysage audiovisuel français.

«Le rôle de la télévision publique dont nous parlons, est d’aller au-delà du marché», soutient Francis Balle, professeur des universités à Paris II et spécialiste des médias, ancien membre du CSA et membre du comité de parrainage du Cercle et de la Revue civique. Pourtant, et c’est là le problème, France Télévisions est bien soumise aux mêmes règles que les télévisions privées pour pouvoir survivre. De plus, l’encadrement législatif propre au service public l’amène à fonctionner de façon encore plus régulée que ses concurrentes.

Défis actuels pour la télévision française

La télévision française évolue aujourd’hui dans un contexte difficile où il faut faire face à la concurrence sur l’offre numérique, attirer les annonceurs et finalement exister dans un paysage de plus en plus pourvu, notamment avec la TNT. Avec l’arrivée de six nouvelles chaînes en 2012 sur la TNT, le «gâteau publicitaire» a été non seulement divisé en parts plus petites, mais son budget a également diminué de 200 millions d’euros.

À l’heure où plusieurs chaînes payantes de la TNT tentent d’évoluer vers une offre gratuite, la concurrence durcit le jeu des parts de marché. «Remettre une couche de pression concurrentielle supplémentaire, c’est fou! Cela va mettre encore plus en péril l’équilibre économique des chaînes existantes et les nôtres en premier lieu, puisque nous sommes les plus petits», s’exclame François Morinière, directeur général de L’Equipe et président de l’Association des chaînes indépendantes (ACI).

Plan d’économie pour redresser la barre

Malgré les «pertes moins importantes que prévues» de 2013, le comité d’audit de France Télévisions estime «très préoccupant» le déficit de 85 millions d’euros affichés par le groupe. Le rapport mentionne également un «début d’année 2014 déprimé». Pour Christophe Beaux, administrateur membre du comité d’audit et nouveau président du comité de la stratégie, «France Télévisions a besoin d’un sursaut». Ce dernier incite le groupe à poursuivre les efforts, conformément aux mesures économiques prévues dans le Contrat d’Objectifs et de Moyens (COM) signé avec le gouvernement. Pour 2014, les pertes sont déjà évaluées à 40 millions, avec un retour à l’équilibre prévu pour 2015.

L’objectif affiché: réduire l’effectif de 10.000 personnes à 9.750 d’ici à 2015. Les 30 à 50 millions d’euros d’économies réalisées permettront au groupe de retrouver un équilibre dans ses comptes, dans le rouge de 85 millions d’euros en 2013.

La télévision publique face à des moyens restreints

On l’aura compris, la conjoncture actuelle ne pouvait qu’assombrir un peu plus le tableau pour France Télévisions. Il y a presque dix ans de cela, selon l’IREP, le groupe était juste derrière TF1 en terme de recettes publicitaires et 23% des recettes lui étaient attribuées. En 2012, il se situe derrière TF1, M6 et la TNT privée, n’obtenant que 11% des recettes.

D’après certains observateurs, France Télévisions n’est pas assez soutenue. La redevance française, que bien des contribuables rechignent à payer, est pourtant une des plus basses d’Europe. Outre cette dernière, le groupe peut compter sur la publicité avant le journal de 20 heures et la partie issue du budget et les taxes.

Cependant, d’après une source de France Télévisions, le coup le plus douloureux pour la chaîne a été la décision initiée par Nicolas Sarkozy de supprimer la publicité après le 20 heures. La chaîne avait alors été avisée par l’ancien président de se «recentrer sur ses missions et exigences de qualité». Or, d’après Fernando Malverde, journaliste à France 3 et analyste pour l’Observatoire des médias, cette opération, sans la contrepartie d’un financement de compensation, ne pouvait «que fragiliser la télévision publique à profit des groupes privés».

Rôle et exigence de qualité pour les chaînes publiques

Les exigences sont nombreuses pour le service public. Les chaînes du groupe s’affirment en partie déconnectées des enjeux de l’audimat et de la concurrence. D’après plusieurs observateurs, pour maintenir sa présence dans le PAF, France Télévisions devra progresser dans ses grilles de programme et dans sa diversité éditoriale. Alors que le groupe évolue dans une législation extrêmement serrée, pour l’heure, il n’y a pas beaucoup d’alternatives: faire mieux, maintenir la qualité, mais avec moins de moyens et d’effectifs.

Les perspectives d’évolution ne sont pas pour autant pessimistes: en témoigne le lancement réussi d’une chaîne d’info indépendante, France TV éducation et la présence d’une offre sur le numérique (services pluzz et culture box).

Le cahier des charges de France Télévisions établit que le groupe doit «jouer un rôle essentiel dans la diffusion des savoirs et le développement du lien social». Est-ce réellement inconciliable avec des objectifs de performances? Pour Francis Balle, le positionnement des chaînes du service public face aux téléspectateurs est important: «Il faut les surprendre, les faire réfléchir, les pousser à remettre en cause leurs a priori. [...] La télévision doit être devant le public. Devant, mais pas trop non plus, pour ne pas le perdre.»

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