En France, tous les métiers ne sont pas égaux. Que l’on soit bûcheron, notaire, acteur ou poissonnier, les perspectives sont différentes pour chacun. Peut-on faire reculer le chômage en revisitant certains corps de métier? C’est le pari fait par le Medef, qui compte bien remettre au goût du jour quelques métiers «oubliés»...

Le PDG de Radiall et président du Medef, Pierre Gattaz a récemment lancé une campagne «Beau travail», présentant les métiers en déclin dans notre pays. L’objectif est de «faire connaître les métiers en tension» et d’orienter les vocations vers ces emplois non pourvus. Une contribution, affirme ce dernier, au pacte de responsabilité voulu par le gouvernement et une première mesure pour espérer atteindre la création d’un million d’emplois en 5 ans.

Alors qu’il existe 3,5 millions de chômeurs dans notre pays, que signifient donc ces 400 à 500.000 emplois qui peinent à trouver des candidats? Décrits comme des «métiers en tensions» par le président du Medef, ces 115 professions semblent être dans une situation de «plein emploi» constant.

Les métiers boudés faute de reconnaissance

«Que ce soit parce qu’ils n’intéressent pas les candidats, parce qu’ils sont peu rémunérateurs ou tout simplement méconnus, certains postes peinaient toujours à trouver des candidats à la fin de l’année 2012», explique le cabinet Jobintree. Les différentes statistiques de l’emploi confirment également d’autres hypothèses, comme l’inadéquation entre les compétences demandées, et les formations actuellement proposées, ou encore la flexibilité du marché du travail. À cela viennent s’ajouter les questions de mobilité géographique, et, pour finir, le poids des idées reçues. C’est justement ce point que la campagne du Medef tentera d’infléchir. Car selon les dires de Pierre Gattaz, il n’y a qu’en France que ces métiers laissent une «mauvaise impression»; à l’étranger, ils font «la richesse de l’Allemagne, de la Suisse ou de l’Autriche».

Parmi ces métiers, certains, en dehors de leur attractivité, sont jugés très difficiles à exercer. Le site Careercast, dans une publication de 2013, a dressé un classement de ces «pires métiers» sur la base de critères tels que la pénibilité, le salaire, l’effort, le stress et les perspectives d’embauches. Ils sont issus de corps de métiers très divers, on y compte quelques métiers manuels tels que bûcheron, couvreur, mais aussi hôtesse de l’air, soldat ou acteur. Quant à la palme du «pire» métier, d’après le site, elle revient au journaliste. Ce dernier, qui cumule les heures de travail pour un salaire de plus en plus faible, détrône même les bûcherons. Il y a peu de points communs apparents entre ces métiers, si ce n’est les perspectives d’évolution, qui sont très mauvaises. Pour un acteur, le pourcentage de recrutement est de 4%, encore moins que pour un technicien de plate-forme pétrolière (8%).

Les métiers français les plus recherchés

Depuis plusieurs années, les professions les plus attractives aux yeux des Français n’ont pas beaucoup changé. D’après Hervé Solus, cofondateur et président de JOBaProximite.com,«ces métiers sont le reflet de la structure de notre économie caractérisée par la prédominance des activités touristiques et des services à la personne». Pour ce dernier, ce secteur représente 64% des projets de recrutement, et concerne 78 % des actifs (20,5 millions de personnes).

Ainsi, rien d’étonnant à trouver en pôle position l’hôtellerie-restauration, avec 14% des intentions d’embauche, suivie des services aux entreprises et de la santé-action sociale, avec 12% chacun (enquête Besoin de main-d’oeuvre, Pôle Emploi, 2013).

Si l’on trouve une forte demande sur les professions relatives à l’IT (ingénieurs, Recherche et Développement Informatique, ...) la plupart des métiers recherchés sont peu qualifiés. C’est le cas des caissiers, des agents d’entretien, des animateurs, des chefs de rang, des magasiniers.

Les vocations sont également nombreuses dans les domaines de la finance, du médical ou de l’informatique, qui sont les corps de métiers les plus présents dans le classement. Ils requièrent un niveau d’études plus élevé et le revenu annuel est souvent supérieur à 4.300 euros par mois: sont concernés les ingénieurs en informatique, les conseillers en investissements financiers ou encore les opticiens.

Ces métiers sont ceux qui nécessitent un niveau d’études en moyenne plus élevé que les autres, et pour lesquels le revenu annuel est supérieur à 52.000 euros. Parmi eux, on trouve l’ingénieur en informatique, en troisième position, le conseiller en investissements financiers, classé cinquième, ou encore l’opticien, huitième du classement.

Développer l’alternance pour l’accès à l’emploi

Corriger les problèmes généraux de manque de formations pour les métiers qui recrutent semble être un premier pas vers une solution durable. Ce point nécessitera l’action conjointe des pouvoirs publics, des entreprises, des services dédiés à l’emploi et également de la place accordée à l’orientation et à l’information dans le système éducatif. Dans le contexte difficile du chômage, la campagne Beau travail constitue un premier pas, encore faut-il que l’effort soit poursuivi sur plusieurs niveaux.

François Rebsamen, ministre du Travail, a salué ce geste. Dans la continuité de cette initiative, il a réaffirmé l’intérêt du gouvernement pour promouvoir l’alternance. D’après l’élu, il s’agirait d’«une des solutions prônées et en effet l’un des plus sûrs moyens de s’insérer durablement dans l’emploi». Même si les chiffres actuels «ne sont pas bons», concède le ministre, le secteur demeure «une priorité des prochaines semaines et des prochains mois». Pour finir, ce dernier confirme l’objectif de former 500.000 alternants d’ici à 3 ans, au vu des très bons résultats obtenus: «70% des apprentis ont trouvé un emploi durable à la suite de leur formation», affirme-t-il.

Le site dédié à la campagne du Medef, beautravail.org, permet de consulter des offres émises par le Pôle emploi et de trouver les formations dont certaines en alternance, qui correspondent à ces professions.

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