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Des paysans perdent la vie en défendant leurs terres des autorités locales

Écrit par Lu Chen, Epoch Times
23.05.2014
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  • 13 mai 2014: Plus de 1.000 villageois manifestent contre la réquisition violente de leurs terres face aux bâtiments des autorités locales à Taiping, province du Yunnan. (Capture d’écran/Jasmineplaces)

Le secret des sombres méthodes par lesquelles les autorités locales en Chine s’autofinancent a récemment été révélé dans la violence au public, après que des centaines de voyous aient été engagés pour réprimer un soulèvement suite à des saisies forcées de terres dans le sud du pays. Selon les habitants de la région, les affrontements ont causé deux morts.

Le 11 mai dernier, dans la municipalité de Taiping, agglomération de Shaotong, province du Yunnan dans le sud de la Chine, des voyous engagés par les autorités et armés de bâtons, de barres de métal et de machettes ont été lâchés sur une foule désarmée composée principalement de paysans. Ces derniers manifestaient leur colère après avoir vu leurs propriétés littéralement volées par les représentants du Parti communiste chinois.

Cet incident a mis en lumière combien les autorités locales dépendent des revenus  de la vente de terrains pour stimuler le développement économique. Lorsque leurs maisons sont démolies sans compensation raisonnable ni procès équitable, les résidents ayant habité sur ces terres durant des décennies sont poussés à la colère et au désespoir.

Ce qui s’est déroulé dans la municipalité de Taiping se produit régulièrement dans toute la Chine et dans le cas présent, cet incident constitue un cas d’étude dans l’expropriation des terres et les tensions qui peuvent en résulter. Selon le site Internet Jasmine Places qui publie principalement au sujet des incidents de masse en Chine, en plus des deux hommes qui auraient été battus à mort, au moins 20 villageois ont été grièvement blessés.

Une des photos envoyées à Jasmine Places représente un paysan ensanglanté assis sur un lit d’hôpital, une machette fichée dans le dos, qui est entrée par le milieu du dos et est sortie prés de l’épaule.

  • 13 mai 2014: Plus de 1.000 villageois manifestent contre la réquisition violente de leurs terres face aux bâtiments des autorités locales à Taiping, province du Yunnan. (Capture d’écran/Jasmineplaces)

Appâter et esquiver

Les réquisitions de terres dans la municipalité de Taiping ont débuté en 2000, lorsque les autorités locales ont acheté des terrains agricoles à certains villageois au très bas prix de 14.000 yuan par acre (environ 1.644 euros) et promis de compenser rapidement chaque famille par un terrain résidentiel de 60 mètres carrés.

Cependant, plus de dix ans ont passé et aucune terre constructible n’a été donnée aux villageois, pour qui les champs constituent le seul avoir actif.

«La terre, c’est notre vie, pour nous les fermiers. Nous avons regardé ces grands bâtiments se dresser sur notre terre, les uns après les autres. Nous sommes devenus des paysans sans terre,» a écrit anonymement un villageois sur le populaire forum Internet Tianya.

«Nos vies sont désespérées. Il n’y a pas d’endroit où nous pouvons faire entendre nos doléances.»

Des manifestations écrasées

En guise de protestation, les villageois ont monté des tentes sur les terres disputées.

Le 11 mai, vers 17h, Chi Huancai, le secrétaire du Parti de la municipalité, accompagné de plusieurs hauts responsables de la sécurité, ont envoyé plus de 200 voyous engagés pour les brimer. Ils ont alors entrepris d’attaquer et de frapper les villageois. Des renforts ont été appelés et la lutte s’est poursuivie jusque minuit. 500 voyous sont ainsi intervenus, selon les habitants de la région.

Jia Qiyun, un résident local, est décédé lors du conflit, tandis qu’un autre villageois nommé Zhuang Hai est décédé à l’hôpital le lendemain.

Le 13 mai, plus de 1.000 villageois indignés et lésés se sont rassemblés devant le bâtiment des autorités locales et le corps de Jia Qiyun était assis sans vie dans un congélateur au milieu de la route.

  • 13 mai 2014: Plus de 1.000 villageois manifestent contre la réquisition violente de leurs terres face aux bâtiments des autorités locales à Taiping, province du Yunnan. (Capture d’écran/Jasmineplaces)

Un sombre schéma

L’incident de Taiping n’est qu’un exemple parmi les affrontements les plus récents et les plus violents. Des cas similaires sont fréquemment rapportés dans toute la Chine.

Par exemple, dans le canton de Xia, province du Shanxi, 60 villageois ont été battus par des voyous qui auraient agi au nom des autorités locales. Le 20 mai, après avoir été passés à tabac, 10 paysans ont été hospitalisés dans un état critique. Au cours du conflit, les villageois émeutiers ont réussi à incendier un véhicule officiel.

En dépit du fait que ce sont ses propres représentants qui soient responsables de ces abus, le Parti communiste chinois est inquiété par les troubles qui en résultent.

L’Académie chinoise des sciences sociales, le principal institut de recherche du régime chinois, a déclaré que des dizaines de milliers et jusqu’à plus de 100.000 «incidents de masse» de ce type explosent chaque année en Chine.

La moitié d’entre eux seraient causés par des réquisitions de terres et des démolitions forcées de maisons. L’an dernier, au moins 16 cas de décès lors de conflits fonciers ont été rapportés par les médias chinois: certaines victimes ont été directement battues à mort par des voyous engagés, alors que d’autres ont été écrasées par des équipements de construction.

Certains, en guise de protestation, au bord du désespoir, se sont suicidées, notamment en s’immolant.

La propriété publique de la terre en Chine a ouvert un immense espace aux abus de pouvoir, à la corruption et aux accords secrets.

Mais rien n’indique que le problème s’amenuisera. Cette dernière décennie, les autorités locales ont fortement dépendu des financements basés sur la terre. Selon le China Securities Daily, l’immobilier compte jusqu’à 40% des revenus des autorités locales. Avec l’accroissement massif de la dette des autorités locales, celles-ci sont fortement tentées d’intensifier les expropriations dans toute la Chine.

Dans le cas de la municipalité de Taiping, le décès de Jia Qiyun n’a entraîné aucune punition pour ses assassins. Le décès a été annoncé en quelques mots sur le site Internet des autorités locales, qui précise qu’il «s’est soudain effondré au sol» au cours d’un conflit. Il précisait également que «la famille a objecté la cause du décès de Jia Qiyun» avant de les accuser d’avoir bloqué la circulation pendant plusieurs heures.

Version en anglais: Chinese Peasants Lose Land and Life to Finance Local Governments

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