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Un message dans une bouteille pour dénoncer la pollution de l’eau

Écrit par Lu Chen, Epoch Times
27.05.2014
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  • 3 septembre 2013: Un habitant enlève des poissons morts de la rivière Fuhe à Wuhan, dans la province du Hubei en Chine centrale, polluée par un taux élevé d’ammoniaque. Selon de récents rapports officiels, les rivières et les réserves d’eau souterraines sont gravement polluées. (STR/AFP/Getty Images)

Mme Chen, une habitante de la ville de Huaian, n’était clairement pas à sa place dans l’émission «Government Hotline» diffusée par une télévision de la province du Jiangsu fin avril dernier. Son fort accent local, son visage tanné par le soleil et son poing serré avec désespoir sur le micro trahissaient immédiatement son identité paysanne.

Mais elle avait été invitée dans l’émission pour démontrer quelque chose de très important aux téléspectateurs et aux responsables locaux présents sur le plateau: l’eau de la rivière Chami qui coule près de sa maison est noire. Pas marron foncé, mais aussi noire que de l’encre noire.

Elle avait été invitée à monter sur scène pour présenter une petite bouteille remplie du liquide noir. Le présentateur l’a ouverte avec précaution, l’a mise sous son nez et a fait un mouvement de recul. Il l’a passée aux autres invités qui ont eu la même réaction.

Une scène poignante s’en est suivie lorsque Mme Chen a réquisitionné le micro et est tombée à genoux en suppliant les autorités d’agir: «S’il vous plaît, aidez-moi à combattre la pollution!» a-t-elle crié. «Nous, nous sommes vieux, nous pouvons mourir, mais les mains de nos enfants ont commencé à changer. Leur peau a changé!»

La présentatrice nerveuse a réussi à récupérer le micro et a aidé Mme Chen à se relever. Mme Chen a été excusée et les responsables locaux du Parti communiste ont été appelés à répondre.

«C’est une grande leçon,» a dit Shi Weidong, un cadre potelé portant des lunettes qui s’est levé pour faire face au premier rang du public. Shi Weidong est le directeur du Bureau de la protection de l’environnement du district de Qingpu. Son travail consiste à assurer que la rivière Chami reste propre.

«Je n’étais véritablement pas au courant de cela. Je suis tellement choqué,» a-t-il confié. «Les entreprises qui polluent doivent être punies.» (En réalité, selon le Legal Evening News, les habitants locaux affirment s’être plaints à de nombreuses reprises.)

Les responsables du Parti communiste, même ceux qui ne s’occupent que des bureaux locaux, n’apparaissent habituellement pas devant le public pour être critiqués et présenter leurs excuses, même du bout des lèvres.

Cet épisode était donc une démonstration directe de la gravité de la pollution des cours d’eau chinois.

Rivières empoisonnées

Selon les données compilées par le 21 Century Business Herald, un journal chinois bien connu, plus de 1.700 cas de pollution d’eau sont signalés chaque année. Et le taux de tels incidents a rapidement grimpé au cours de la dernière décennie.

Rien que le mois dernier, deux incidents de grande envergure ont suscité l’inquiétude publique au sujet de la qualité de l’eau.

Le 23 avril, les autorités de Wuhan, une ville densément peuplée de la province du Hubei en Chine centrale, avaient annoncé que l’approvisionnement en eau de la ville allait être suspendu en raison d’une présence excessive d’azote ammoniacal, un polluant toxique. Plus de 300.000 habitants et des centaines d’entreprises alimentaires ont été affectées.

La ville de Lanzhou dans la province du Gansu au nord-est de la Chine avaient également signalé des niveaux excessifs de benzène, un produit chimique toxique, dans la rivière servant de source d’eau potable. Les habitants paniqués s’étaient précipités dans les magasins pour acheter de l’eau en bouteille. Il s’est avéré que le benzène pourrait avoir été présent dans l’eau depuis des mois sans avoir été détecté.

Les nouvelles normes sur l’eau potable établies en 2006 par la Commission nationale chinoise du planning familial et de la santé correspondent en principe à celles recommandées par l’Organisation mondiale de la santé. Cependant en Chine, le contrôle est bien moins strict.

Selon les experts, les sanctions légères infligées aux pollueurs et la généralisation du non-respect de la loi contribuent à la gravité du problème.

Wang Yongshang, un expert de la pollution de l’eau de Pékin, a dit au cours d’une interview accordée à NTD Television: «Les sanctions pour les entreprises polluant l’eau sont trop légères. La Chine n’a pas de loi stricte pour les punir et les Chinois n’ont aucun droit de voter pour quoi que ce soit. Tout est décidé par les cadres.»

Pollution souterraine

Un nouveau rapport du ministère chinois de l’Aménagement du territoire et des ressources affirme que près de 60% des 4.778 points de contrôle des eaux souterraines affichent une «mauvaise», voire «très mauvaise qualité» d’eau.

Selon l’agence de presse Xinhua, en 2010, les experts d’un institut officiel de recherche géologique avaient annoncé au cours d’une conférence que 90% des sources d’eaux souterraines chinoises sont polluées et 60% sont gravement polluées.

L’eau souterraine représente un tiers des sources d’eau de la Chine et elle approvisionne près de 70% de la population en eau potable.

Une pollution si rapide et grave des réserves d’eau souterraine a profondément inquiété les Chinois.

«À ce rythme, il ne faudra pas longtemps avant que les eaux souterraines de Chine soient entièrement et gravement polluées,» a écrit Li Shangyong, un professeur d’économie chinois, dans un récent article intitulé «La situation de l’environnement chinois est extrêmement sombre» publié dans le magazine China Reform.

Li Shangyong a affirmé que la pollution de l’eau souterraine provient de l’utilisation d’engrais chimiques, de pesticides et insecticides comme le dichlorodiphényltrichloroéthane, de métaux toxiques parmi lesquels le cadmium, le nickel, le cuivre, l’arsenic, le mercure, le plomb, etc. Le riz et les légumes cultivés dans ces conditions sont également pollués. Li Shangyong a expliqué qu’il serait très difficile de renverser une pollution si grave, ce qui pourrait prendre des décennies ou même un siècle.

«Le moment viendra où nous-mêmes et les générations futures perdront les bases mêmes de notre survie,» a conclu Li Shangyong.

Version en anglais: China’s Environmental Crisis in a Small Bottle of Black River Water

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