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Clemenceau, le Tigre et l’Asie

La face cachée du président du Conseil

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
02.06.2014
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  • Photographie dite Clemenceau à la rose, 1922. (© COLLECTION MUSÉE CLEMENCEAU, PARIS/DR)

Après Angkor et la passion de Louis Delaporte pour le Cambodge, le musée Guimet nous fait découvrir la collection de Georges Clemenceau (1841-1929), un autre passionné des arts d’Asie, connu plutôt comme président du Conseil ou «Père la Victoire», médecin, écrivain et homme politique.

La commémoration de la Première Guerre mondiale est une bonne occasion de présenter au public une face moins connue de cette personnalité contrastée et contradictoire à la fois, l’une des figures les plus importantes de l’histoire française et collectionneur passionné.

L’exposition Clemenceau, le Tigre et l’Asie présente la riche collection dont une partie a été vendue aux enchères après sa perte aux élections en 1894, suite au scandale de Panama. Estampes, peintures, boîtes à encens japonaises, laques japonaises, masques, céramiques, bouddhas et photographies ont été réunis dans le salon de son appartement reconstitué avenue Franklin. Sa maison à Saint-Vincent-sur-Jard, où il réalise un jardin inspiré par les tableaux de Monet face à l’océan, a été également reconstituée pour l’exposition.

Georges Clemenceau, homme politique et journaliste passionné

Il a mené plus d’un combat. Il  était apprécié et redouté par ses contemporains qui le surnommaient le Tigre. «J’ai cru voir un tigre», a dit son chef de cabinet au ministère de l’Intérieur après que Clemenceau a bondi de fureur sur un préfet. Et le voilà affublé de ce surnom.

Clemenceau est connu pour sa lutte contre le racisme et son anticolonialisme. Pendant la révolte des boxers, il menait une campagne de presse en faveur des Chinois. Aux côtés de Victor Hugo, il a lutté pour amnistier les communards exilés, il a défendu Dreyfus et l’article J’accuse de Zola a été publié sous sa direction dans le journal L’Aurore.

Le 31 juillet 1885, devant la Chambre des députés, Clemenceau fait un discours mordant pour s’opposer à la politique du gouvernement Ferry au Tonkin et en Chine.

«Race inférieure, les Hindous?! Avec cette grande civilisation raffinée qui se perd dans la nuit des temps! Avec cette grande religion bouddhiste qui a quitté l’Inde pour la Chine, avec cette grande efflorescence d’art dont nous voyons encore aujourd’hui les magnifiques vestiges ! Race inférieure, les Chinois ?! Avec cette civilisation dont les origines sont inconnues. Inférieur Confucius?[…]»

  • Image autorisÈe ‡ Pauline Roy MusÈe Guimet par Pauline Roy Detail de l'image : NumÈro d'oeuvre : RMN175543 Cote clichÈ : 93-003205 N∞ díinventaire : MG17062 Fonds : Arts asiatiques Titre : Buddha assis CrÈdit photographique : (C) RMN-Grand Palais (musÈe Guimet, Paris) / Richard Lambert PÈriode : 1er siËcle Technique/MatiËre : sculpture (technique) Site de production : Inde (Union Indienne) (origine) Hauteur : 0.450 m. Localisation : Paris, musÈe Guimet - musÈe national des Arts asiatiques Conditions d'utilisation : aurÈlie samuel - DDP ClÈmenceau - 30/5/2013 - Type de facturation : x Achat InternetSupport : Exposition (catalogue, produits dÈrivÈs, Èditions diverses...)Support : Dossiers de presse et communication en rapport avec l'expositionTerritoire : un pays/une seule languetirage : <1000 ex - JPEG - 2048X3072 pixels © RMN (MusÈe Guimet) / RÈunion des MusÈes Nationaux(攝影: © RMN (MusÈe Guimet) / RÈunio / © RMN (MusÈe Guimet) / RÈunion des MusÈes Nationaux)

Clemenceau n’était pas un simple collectionneur qui se contentait de l’aspect esthétique ou exotique de ses objets. Il éprouvait un vrai intérêt pour l’Asie et était passionné par sa culture, sa religion et sa philosophie. Il prônait l’ouverture d’esprit, le dialogue et la connaissance profonde d’autres civilisations.

Un homme fortement attiré par l’Asie et le bouddhisme

À 80 ans, après sa défaite aux élections présidentielles et après le traumatisme de la Grande Guerre, il se retire de la vie politique. Il décide d’accepter l’invitation du maharaja de Bikaner qu’il avait rencontré à la conférence de la Paix de Paris et se rendait dans les lieux sacrés d’Inde et du Sri Lanka. Il y séjourne six mois. En Inde, il est invité à la chasse aux tigres qu’il commente dans une lettre à la comtesse d’Aunay: «Vous pensez bien que j’ai déjà pris des leçons de chasse au tigre. C’est très simple. J’ai un fusil et le tigre n’en a pas».

Afin de mieux comprendre le sens des objets qu’il collectionne, il apprend tout ce qu’il peut sur l’Asie, l’histoire, l’éducation et surtout le bouddhisme. Il collectionnait des bouddhas et a ainsi assisté à plusieurs reprises à des cérémonies bouddhistes qui avaient eu lieu au musée Guimet.

Connu pour être anticlérical, son attirance pour le bouddhisme étonnait ses contemporains. Mais pour Clemenceau, le bouddhisme était une philosophie, un mode de vie basé sur la sagesse ancestrale guidant l’homme dans le monde vers la paix et l’harmonie. Il y voyait un chemin personnel. Le jour de sa mort, sur sa table de chevet, a été trouvé le livre de René Grousset Sur les traces de Bouddha.

Une autre façon d’exprimer son admiration pour l’Asie et le Bouddha se manifeste dans sa collection de 3.000 Kôgô, boîtes d’encens japonais. 500 d’entre elles sont exposées par le musée dans d’immenses vitrines. Ces Kôgô étaient utilisées lors de la cérémonie du thé, considérée comme l’expression la plus haute des valeurs esthétiques et morales du bouddhisme zen.

Écrivain, amateur d’art et de nature, il devient un ami proche de Rodin, Raffaëlli et Claude Monet. C’est d’ailleurs grâce à Clemenceau que Monet et ses Nymphéas entrent à l’orangerie en 1927.

Mais surtout, il a tenu un rôle important dans la diffusion et la consécration de l’art asiatique en France. Entre autres, on peut compter en sa faveur l’inauguration de la section consacrée aux arts d’Asie au musée du Louvre ainsi que la fondation du musée d’Ennery et une partie du musée Guimet.

La maison de Saint-Vincent-sur-Jard est ouverte au public par le Centre des monuments nationaux du 15 mai au 15 septembre tous les jours, de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h30.

INFOS PRATIQUES

Clemenceau, le Tigre et l’Asie

Du 12 mars au 16 juin 2014

Musée national des arts asiatiques Guimet

6, place d’Iéna 75116 Paris

Tél. 01 56 52 53 00

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