Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Jeu des chaises musicales à l’Élysée

François Hollande étonne la majorité par le choix de certaines personnalités de droite

Écrit par Caroline Chauvet, Epoch Times
18.06.2014
| A-/A+
  • Jacques Toubon est pressenti au poste de Défenseur des droits à l’Élysée. (Jacques Demarthon/AFP/Getty Images)

Grand remaniement à l’Élysée. Une demi-douzaine de conseillers de François Hollande quitteront leur poste mi-juillet pour laisser place à de nouveaux entrants. Mais parmi ces derniers, deux nominations passent mal auprès de nombreux élus de gauche : Laurence Boone comme secrétaire générale adjointe de l’Élysée chargée des questions économiques et Jacques Toubon au poste de Défenseur des droits.

Révolution de palais à l’Élysée. Les 10 et 11 juin, un communiqué a annoncé un vaste remaniement de la garde rapprochée de François Hollande. Parmi les personnalités nominées, certaines ne font pas l’unanimité à gauche, telles que Laurence Boone en nouvelle secrétaire générale adjointe de l’Élysée chargée des questions économiques ou Jacques Toubon, en lice pour le poste de Défenseur des droits.

Laurence Boone: la finance au sommet

Le secrétaire général adjoint de l’Élysée chargé des questions économiques, Emmanuel Macron, va quitter le poste pour laisser la place à Laurence Boone. Le départ du jeune énarque de 34 ans était prévu, affirme ce dernier. «C’est un choix commun», explique-t-il au journal Le Monde. «Quand le président m’a appelé le 10 mai 2012, je suis venu pour une mission et un temps donnés et nous nous étions dit l’un et l’autre que c’était pour deux ans.»

Laurence Boone, 45 ans, va à sa place poser ses valises au sommet de l’État. Spécialiste en macro-économie, en politiques européennes et en finances publiques, elle est membre du Cercle des économistes, enseignante à l’ENS Cachan et à l’école Polytechnique. Elle vient de démissionner du conseil d’administration du groupe de luxe Kering pour s’apprêter à entrer à l’Élysée. Issue du monde de la finance et actuelle chef économiste Europe à la Bank of America Merrill Lynch après avoir fait un passage chez Barclays et à l’OCDE, Laurence Boone a été choisie pour ses compétences, précise l’Élysée.

Un profil trop libéral pour certains élus de gauche, qui n’ont pas hésité à réagir contre la nomination de cette nouvelle secrétaire adjointe fraichement débarquée de la City londonienne, qui ne peut pas non plus se prévaloir d’un passé parmi les socialistes ou au sein de la haute fonction publique. Pointant du doigt l’arrivée d’«une économiste forgée du plus beau métal libéral», les sénateurs communistes redoutent que son embauche «ne traduise aucunement une inflexion à gauche de la politique» du gouvernement.

«On aurait pu imaginer que le président, après les défaites électorales qu’on a connues, veuille s’entourer d’un profil plus hétérodoxe, plutôt que de quelqu’un qui vient directement du monde de la finance et qui exprime plutôt une vision libérale», affirme quant à lui le député PS d’Indre-et-Loire Laurent Baumel, estimant le choix de Laurence Boone «symbolique».

Au gouvernement, le ministre des Finances et des Comptes publics Michel Sapin affirme au contraire son soutien à la nouvelle secrétaire adjointe. Questionné sur le retour de la finance au sommet de l’État, il envoie au passage une pique à Emmanuel Macron, estimant que «ce sont les compétences qui sont de retour».

Le temps où François Hollande, lors de sa campagne présidentielle, fustigeait «la finance» comme son principal adversaire, semble bien révolu. Le président tient à ancrer sa politique «sociale libérale» – un tournant vers la droite dont il avait fait l’annonce en janvier.

Déjà, Emmanuel Macron avait amorcé la tendance vers le libéralisme. Ancien de la banque Rothschild, souvent considéré situé parmi l’aile droitière des conseillers du président, il a joué un rôle essentiel dans les mises en place du crédit d’impôt compétitivité, du pacte de responsabilité, des 50 milliards d’économies et de la trajectoire de redressement des finances publiques.

Jacques Toubon: une figure de la droite chiraquienne

Mercredi 11 juin, le président français étonnait à nouveau en annonçant le nom de Jacques Toubon pour le poste de Défenseur des droits. La candidature de celui qui succédera à Dominique Baudis, disparu en avril, doit encore passer par la validation de l’Assemblée nationale et du Sénat. Le résultat sera connu début juillet.

Vieux routard de la politique, Jacques Toubon, 72 ans, proche de la droite chiraquienne, a été député RPR (1981-1983), ministre de la Culture puis de la Justice (1993-1997), maire du 13e arrondissement (1983-2001) et député européen (2004-2009).

Un élément joue en sa défaveur: M. Toubon possède un péché originel, celui de ne pas avoir voté contre l’abolition de la peine de mort en 1981 – ce que n’ont pas manqué de relever les adversaires à sa nomination. Cependant, si Jacques Toubon s’était certes prononcé contre l’ensemble du texte, il avait tout de même voté «pour» l’abolition lors du premier vote. Dans le Journal Officiel de 1981, il se disait «favorable à l’abolition», mais proposait un amendement pour «inscrire dans notre droit des modalités nouvelles d’exécution des peines criminelles les plus graves».

Pour le député PS Yann Galut, qui s’exprimait sur Twitter, cette nomination a du mal à passer. «Bravo, François Hollande», s’indignait Julien Bayou, un porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts dans un tweet emprunt d’ironie. Il relève la prise de position de Toubon contre la dépénalisation de l’homosexualité en 1981, alors que le Défenseur des Droits compte parmi ses prérogatives la lutte contre les discriminations.

La candidature de Jacques Toubon, homme politique de droite, devrait être contrebalancée par celle de l’ancienne magistrate Adeline Hazan, ex-maire socialiste de Reims et proche de Martine Aubry, pour la fonction de contrôleur général des prisons.

Alors que la gauche redoute une dépolitisation à la tête de l’État, l’Élysée insiste encore une fois sur la compétence de ces deux nouveaux arrivants, ajoutant qu’il s’agit d’«une volonté du président de rassembler au-delà des clivages partisans». «C’est la construction d’un monde meilleur», juge un conseiller ministériel. «Gauche, droite, tous ensemble».

Le socialiste Malek Boutih plaide également que la «gauche doit tourner le dos au sectarisme et ne pas confondre celui qui fut un adversaire politique avec l’homme qu’il est devenu et qui est respecté par tous ceux qui l’ont côtoyé». Il loue les «qualités intellectuelles» de M. Toubon et souligne l’«investissement sur les questions d’immigration» de celui qui occupe actuellement la présidence du conseil d’orientation de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration.

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.