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Poutine à l’Élysée: Paris, médiateur du camp occidental

Écrit par Caroline Chauvet, Epoch Times
02.06.2014
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  • François Hollande et Vladimir Poutine lors du G20 en septembre 2013 à St. Petersburg en Russie. (Alexey Filippov/HOST PHOTO AGENCY VIA Getty Images)

Le 5 juin, veille de la commémoration du D-Day en Normandie, le président français recevra son homologue russe à l’Élysée. Première visite de Vladimir Poutine en Occident depuis l’annexion de la Crimée en mars dernier, qui a exacerbé les tensions avec les Russes, la rencontre est voulue par la France qui se pose alors en médiateur.

«Le soir du 5 juin, les présidents des deux pays [France et Russie] auront des entretiens sur les problèmes internationaux et bilatéraux fondamentaux, y compris la crise ukrainienne», a expliqué Iouri Ouchakov, conseiller du Kremlin pour les affaires étrangères, cité par l’agence de presse russe Interfax.

Alors que la tension est palpable entre la Russie et l’Occident depuis le début de la crise ukrainienne, laissant entrevoir des réminiscences de la Guerre Froide, le président russe Vladimir Poutine sera reçu à l’Élysée le 5 juin, veille des commémorations du D-Day, pour une réunion «informelle». Entre Barack Obama et Vladimir Poutine, François Hollande endosse le costume de médiateur.

Le 6 juin, pour les cérémonies du soixante-dixième anniversaire du Débarquement allié, le président français a également tenu à réunir côte à côte sur les plages de Normandie la présidente allemande Angela Merkel, le président américain Barack Obama, le Premier ministre britannique David Cameron, ainsi que Vladimir Poutine et le nouveau président ukrainien Petro Porochenko.

Alors que les États-Unis semblent moins ouverts à la diplomatie – Obama n’a pas prévu de rencontre en tête-à-tête avec Poutine – la France oscille entre fermeté et dialogue.

La Russie sanctionnée par les Occidentaux

Le président russe doit «maintenant reconnaître» le nouveau président ukrainien Petro Porochenko et «faire en sorte qu’il y ait une désescalade» en Ukraine, souhaite François Hollande, s’alignant sur la position de l’Union européenne et celle des États-Unis.

Depuis le début de la crise ukrainienne, la Russie est pointée du doigt par les Occidentaux pour son rôle d’agitateur dans l’est de l’Ukraine. Avec le rattachement de la Crimée à Moscou en mars dernier, ceux-ci craignent le retour d’une Russie expansionniste, à l’image de l’URSS, mais aussi de la Russie des Tsars. La Crimée, déjà, avait été un nœud de tension au XIXe siècle, menant à la guerre de Crimée (1853-1856), enclenchée par la France, le Royaume-Uni et l’Empire ottoman pour stopper l’expansionnisme russe.

Suite au rattachement de la péninsule à son territoire en mars dernier, la Russie a été frappée par des sanctions économiques de la part des États-Unis et de l’Union européenne, ainsi que par une ostracisation diplomatique avec une suspension des réunions du G8. Le 4 et 5 juin, à Bruxelles se réunira un G7, en lieu et place d’un G8 initialement prévu à Sotchi.

En avril, face aux 400.000 soldats russes en poste à la frontière orientale de l’Ukraine, la force armée de l’OTAN s’était tournée vers une diplomatie de la canonnière. Fin avril, les États-Unis avaient envoyé 600 militaires en Pologne et dans les pays baltes pour des «exercices», alors que quatre avions de chasse français avaient été mis à disposition de l’OTAN pour la surveillance de l’espace aérien des pays baltes.

Les intérêts de Paris à maintenir le dialogue avec Moscou

Malgré des tensions exacerbées, le dialogue reste de mise entre le camp occidental et le camp russe. En prenant les devants, le 5 juin prochain, pour jouer le rôle de médiatrice, la France s’offre une position de choix dans le jeu diplomatique qui oppose, aux extrêmes, Washington à Moscou. La position française n’est pas non plus sans rapport avec ses relations et ses intérêts à l’Est.

Au niveau économique, Paris a tout intérêt à faire jouer la diplomatie. La France craint en effet que les États-Unis ne forcent l’Union européenne à durcir ses sanctions économiques si la crise s’étend. Moscou s’inquiète également de cette éventualité.

De plus, la Russie possède un argument économique de poids pour faire plier l’Europe sur le terrain de l’économie: son gaz naturel, fourni par la compagnie russe Gazprom, dont elle peut couper le robinet si elle le souhaite. L’Allemagne est dépendante à 35% du gaz russe qui transite par l’Ukraine, l’Italie à 25% et certains États d’Europe de l’Est anciens satellites de Moscou sont exclusivement fournis par Gazprom.

L’aspect militaire n’est pas non plus étranger aux intérêts de Paris à jouer la carte de la diplomatie. En plus de faire peur par la puissance de son armée, la Russie est aussi un partenaire commercial de la France, classée troisième exportateur d’armes en 2012, selon une étude du cabinet de conseil IHS.

Paris n’a pas renoncé pour l’instant au contrat Mistral, signé sous Nicolas Sarkozy, qui prévoit la livraison de deux porte-hélicoptères à la Russie. Washington appelle à rompre l’engagement. Trois élus du Congrès américain ont même proposé la vente de ces deux navires à l’OTAN plutôt qu’à la Russie.

En marge des cérémonies du Débarquement, François Hollande se livrera donc, jeudi 5 juin, à un exercice diplomatique de taille.

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