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Travail forcé en Chine: le nom change, mais les méthodes demeurent

Écrit par Carol Wickenkamp, Epoch Times
24.06.2014
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  • L’entrée principale de l’ex-camp de travail forcé pour femmes de Masanjia dans le Liaoning, en Chine, en octobre 2004. Les installations abritent maintenant une prison et un centre de traitement de la toxicomanie, mais le même genre de détenus y sont exploités et maltraités. (Minghui.org)

Pendant des années, les récits de torture émanant du Camp de travail pour femmes de Masanjia, dans le nord-est de la Chine, ont constitué un exemple probant de l’ampleur des abus du système de camps de travail forcé chinois. La fermeture apparente de Masanjia l’année dernière a laissé croire aux plus optimistes que le système allait effectivement être démantelé, tel que promis par les autorités. Or, ce n’est pas le cas.

Des témoignages en Chine racontent une histoire bien différente : le camp de travail forcé de Masanjia existe toujours et se porte bien, hormis le fait qu’il ne s’appelle plus «camp de travail forcé de Masanjia». Le vaste complexe d’édifices et d’installations semble maintenant plutôt faire partie du système carcéral de la province du Liaoning, ayant une double vocation comme «centre de traitement de la toxicomanie». Ces changements bureaucratiques masquent le fait que les mêmes gardes, dans les mêmes édifices, abusent et exploitent les mêmes prisonniers.

Le camp de Masanjia a fait les manchettes internationales en 2013 lorsqu’une dame de l’Oregon, Julie Keith, a découvert une lettre dans un ensemble de décorations d’Halloween fabriquées en Chine, appelant au secours et venant du camp de travail. Bouleversée, elle a contacté les médias, ce qui a mis le camp sous les projecteurs.

Ce genre d’attention non désirée a embarrassé le Parti communiste chinois, et c’est une des raisons pour lesquelles il a annoncé en grande pompe la «fermeture» des camps de «rééducation» par le travail, qui font partie de l’arsenal répressif du régime depuis les années 1950.

Lorsqu’une équipe de CNN a visité Masanjia l’année dernière, il semblait bel et bien abandonné. Aucun garde n’était positionné dans les miradors et personne n’est venu embêter le correspondant de CNN, David McKenzie, alors qu’il s’est approché à quelques pas de la clôture. Le site web Minghui.org, qui publie des témoignages de première main de la persécution du Falun Gong en Chine, a également rapporté l’année dernière que les derniers pratiquants détenus à Masanjia avaient été libérés. Le Falun Gong est une pratique spirituelle persécutée en Chine depuis 1999.

Le même camp

Shang Liping, une pratiquante de Falun Gong, a récemment été transférée de la prison pour femmes de Shenyang au centre de traitement de la toxicomanie de Masanjia, selon des informations publiées par Minghui en mars dernier. Le reportage mentionne que le personnel et les policiers sont les mêmes qui travaillaient à Masanjia quand c’était un camp de travail forcé.

Yu Shuxian et Chi Xiuhua, deux autres pratiquantes de Falun Gong, ont été incarcérées dans le même centre de traitement en janvier dernier, selon Minghui. Lorsque les membres de la famille de Mme Chi lui ont rendu visite, ils ont remarqué qu’elle avait «complètement changé : son visage était blême et apathique, elle n’a pas levé la tête ni ouvert les yeux et elle n’avait pas l’énergie pour parler», selon Minghui. «Sa famille était bouleversée, extrêmement apeurée et ne pouvait imaginer la tourmente dont elle avait été victime.»

D’autres sections des immenses installations de travail ont été transférées au système carcéral provincial et constituent la prison pour femmes de Shenyang à Masanjia, selon Minghui.

La prison provinciale pour femmes de Shenyang est extrêmement violente, alors que Minghui y rapporte la mort de 20 pratiquantes de Falun Gong depuis 1999. Actuellement, au moins 84 pratiquantes y sont incarcérées, dont plusieurs purgent des peines de 13 ans.

Un groupe de pratiquantes de Falun Gong qui étaient incarcérées à Shenyang a été transféré à Masanjia, la plupart cette année. De nombreux appels téléphoniques faits par Époque Times à des numéros devant appartenir à Masanjia sont demeurés sans réponse.

La pratiquante Niu Guifang a été condamnée, lors d’un procès rempli d’illégalités, à la prison pour femmes en mars 2013 et a été transférée à Masanjia à la fin de 2013. Bien que ses mains aient été blessées par les gardes et qu’elle ne pouvait soulever des objets lourds, elle a tout de même été forcée de travailler chaque jour dans l’atelier de Masanjia, a rapporté Minghui en avril.

Tour de passe-passe administratif

Lorsque le Parti communiste a annoncé le démantèlement du système de rééducation par le travail au début de 2013, les fins observateurs de l’appareil de sécurité du régime ont prédit ce qui se produit maintenant.

«Des changements cosmétiques» ne vont pas mettre un terme aux mauvais traitements, avait déclaré Sophie Richardson, directrice de la section Chine chez Human Rights Watch. «Le système va peut-être en fait s’ancrer davantage», avait-elle dit.

Un rapport détaillé d’Amnesty International, un an plus tard, a souligné : «L’abolition du système de rééducation par le travail est un pas dans la bonne direction. Toutefois, il semble maintenant qu’il pourrait ne s’agir que d’un changement cosmétique pour faire taire les protestations publiques au sujet de ce système abusif où la torture était la norme», a écrit Corinna-Barbara Francis, recherchiste sur la Chine, dans un rapport publié en décembre 2013.

«Il est clair que les politiques sous-jacentes de punir les gens pour leurs activités politiques ou croyances religieuses n’ont pas changé. Les mauvais traitements et la torture se poursuivent, simplement d’une manière différente», a-t-elle expliqué.

En décembre également, le Tibetan Centre for Human Rights and Democracy a indiqué, dans son propre rapport sur la question, que la rééducation par le travail avait simplement été remplacée par d’autres formes de détention, comme le traitement forcé de la toxicomanie et les «cours d’éducation légale». Le groupe mentionne que «ces systèmes sont déjà utilisés au Tibet et ne font que poursuivre sous un autre nom les mauvais traitements associés à la rééducation par le travail».

Même travail

Tandis que la nouvelle division à Masanjia semble se situer entre une prison et un centre de traitement de la toxicomanie, ce dernier, en ce qui concerne les prisonniers de conscience, est utilisé de la même manière que les camps de travail forcé : les pratiquants de Falun Gong y sont envoyés par la police, sans la tenue d’un procès et sans considération pour leur mode de vie qui s’abstient de la drogue.

Le mélange de prisonniers de différents types existe en Chine depuis plusieurs années. «Les gens du Bureau provincial d’éducation par le travail de la province du Liaoning sont venus nous examiner en 2011 et ont exigé que chaque pratiquant de Falun Gong subisse un examen. Nos examens ont indiqué que nous étions des toxicomanes mais, en réalité, sur près de 400 détenus, seulement quatre consommaient», a écrit l’ex-détenue de Masanjia Qiu Tieyan en octobre 2013.

Le même rapport de Minghui mentionne qu’il y a environ 300 détenues à Masanjia, mais le nombre total de pratiquantes de Falun Gong incarcérées n’est pas mentionné.

Les personnes condamnées pour une infraction liée aux stupéfiants sont traitées de la même manière que lorsqu’elles étaient détenues dans un camp de travail. Elles sont forcées d’effectuer du travail d’usine, de la confection simple et du travail répétitif.

Une fois à l’intérieur, le traitement est aussi inexistant. Il n’y a que la brutalité et le travail forcé, indique Human Rights Watch dans un rapport publié en 2012.

«Si les gens ne travaillaient pas assez dur, nous les tabassions avec une planche d’un mètre, ou bien avec nos pieds et nos mains», a révélé à Human Rights Watch un ancien garde d’un camp de travail du Guanxi. «Parfois, les gens étaient battus à mort. Environ 10% des gens qui entrent dans les centres de rééducation par le travail y périssent.»

Lu Chen a contribué à ce reportage.

Version originale : Torture Camp Rebranded in China

 

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