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Une semaine pour sauver l’été culturel

Écrit par David Vives, Epoch Times
25.06.2014
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  • Des intermittents du spectacle à Aix-en-Provence le 14 juin 2014. (Boris Horvat/AFP/Getty Images)

Le pari de maintenir la réforme des intermittents du spectacle se transforme en course contre la montre pour le Premier ministre, qui espère éviter la «catastrophe» que serait la suppression des programmes culturels estivaux.

Certains scénarios de réformes semblent destinés à se répéter et se rejouer périodiquement. Il y a 11 ans, une réforme durcissant les conditions d’accès au statut d’intermittent avait provoqué la colère de ces derniers, ce qui avait entraîné l’annulation du festival d’Avignon – pour la première fois depuis son histoire, ainsi que ceux de La Rochelle, d’Aix-en-Provence et de Rennes. Aujourd’hui, une  menace similaire plane sur les festivals d’été. D’après Olivier Py, directeur du festival d’Avignon, la menace d’annulation est sérieuse: «Si cet accord est signé, il y aura grève et probablement annulation. Il n’y a absolument aucun doute là-dessus», affirme-t-il, avant de s’inquiéter des «conséquences dramatiques» qui en résulteraient.

Tout devrait donc se jouer cette semaine, avant le 1er juillet, date butoir fixée par le gouvernement pour trouver un accord entre intermittents et partenaires sociaux ayant signé l’accord du 22 mars. La grève du Printemps des Comédiens, à Montpellier, a d’ores et déjà ouvert le bal, et à ce jour, 21 programmations culturelles ont été annulées.

Du côté des intermittents grévistes, malgré les récentes concessions du gouvernement, la colère reste froide. Contrairement à 2003, le problème auquel fait face la profession est complexe, multi-faces: la nécessité de réformer un système peu adapté, le simple fait qu’il y a aujourd’hui 138.000 intermittents contre 50.000 en 1990 laisse une marge bien étroite.

Pour Mathieu Grégoire, sociologue et sympathisant des grévistes, le conflit amené par les intermittents est celui de nombreux travailleurs précaires. «On serait bien inspiré de voir dans leur régime, non un problème mais l’esquisse d’une solution, d’une «flexisécurité» assurant un salaire continu aux salariés à l’emploi discontinu», analyse-t-il.

Le terrain miné de Manuel Valls

L’accord du 22 mars a engagé la responsabilité et le travail des partenaires sociaux (CFDT, FO et CFTC). S’inscrivant dans l’effort pour résorber progressivement une dette de 18 milliards d’euros de l’assurance chômage (dont le seul déficit, en 2013, montait à 4 milliards d’euros), l’accord prévoyait des mesures permettant de sauvegarder le régime particulier aux intermittents (d’autres, comme le Medef, l’aurait volontiers supprimé). L’objectif de réduire le déficit de 300 millions entraînait donc un durcissement des règles générales d’indemnisation, ainsi que des conditions d’applications de ce dernier.

Or, il sera difficile à Manuel Valls de faire marche arrière sur ce terrain. Après le geste de prendre à charge les périodes de carence, en prévoyant que celles-ci soient financées par l’État, et la promesse des budgets supplémentaires pour financer les spectacles vivants, la marge de manœuvre ne fait que se rétrécir pour l’exécutif, qui se retrouve entre les feux des intermittents, des syndicats et de l’Unedic.

En effet, pour Véronique Descacq, secrétaire générale de la CFDT, renégocier l’accord existant est «hors de question». Pour le Medef, «si jamais le gouvernement n’agréait pas, ce ne serait plus la peine de nous demander de négocier sur quoi que ce soit. Même le pacte de responsabilité tomberait!» Une fois n’est pas coutume, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, fait front commun avec la CFDT et le Medef, menaçant l’État de fixer lui-même les règles d’indemnisation s’il devait céder aux revendications des manifestants.

Refonder entièrement le statut d’intermittent

La mission de Jean-Patrick Gille s’achèvera donc en fin de semaine. Nommé au poste de médiateur le 7 juin dernier, le député socialiste doit parvenir à préparer une concertation entre les différents acteurs, tout en préservant l’agrément de l’accord existant et la tenue des festivals de l’été. Une mission bien difficile: vendredi dernier, la CGT Spectacle appelait à «une grève massive».

Cependant, l’enseignement fort des tensions demeurera peut-être la possibilité historique qui s’ouvre maintenant: une réforme complète du statut d’intermittent. Le gouvernement, sous l’impulsion de Jean-Patrick Gille, va «ouvrir dès que possible» une concertation tripartite avec les signataires de l’accord, la CGT et la CGC (qui appellent à la grève) et Coordination des Intermittents et Précaires – qui travaillent depuis 2003 à des mesures alternatives sur le statut et qui a reçu de nombreux soutiens par des élus de tous bords. Cette concertation devrait durer jusqu’à la fin de 2014, et serait arbitrée par trois personnalités, dont Hortense Archambault, ancienne codirectrice du festival d’Avignon.

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