Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Jersey Boys

Un musical qui n’aurait pas dû connaître le cinéma

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
25.06.2014
| A-/A+

  • (De gauche à droite) Tommy DeVito (Vincent Piazza), Bob Gaudio (Erich Bergen), Frankie Valli (John Lloyd Young) et Nick Massi (Michael Lomenda) soumettent par téléphone une chanson à leur producteur, qui deviendra leur premier succès radio. (Warner Bros)

Difficile de définir ce que le réalisateur Clint Eastwood nous a récemment concocté. Jersey Boys est-il un «musical cinématographique» du spectacle éponyme de Broadway, une adaptation dramatique de ce phénomène grandissant, jouant continuellement à Manhattan et ailleurs dans le monde ou encore un film se rapprochant davantage de l’histoire véritable du groupe de rock des années 1960? Disons qu’il s’agit d’un peu tout cela, sans ordre ou orientation précise. C’est même à se demander ce que Clint Eastwood a voulu en faire ressortir. Le fait qu’il parte dans de multiples directions crée forcément plusieurs failles à l’œuvre, ayant comme conséquence qu’elle se vide de sa substance au fil des minutes. Substance qu’a pourtant su mettre au point le grand acteur et réalisateur tardif, âgé de 84 ans, lors de ses dernières productions.

Quatre jeunes de Jersey, aux États-Unis, sont parvenus à harmoniser leurs voix et leurs talents pour devenir le légendaire groupe de rock and roll Four Seasons, décrit comme le groupe le plus populaire avant les Beatles.

La facture «Clint Eastwood» assure, certes, un haut degré de réalisme à l’histoire des Four Seasons, mais la tache aussi par une grisaille typique que l’on connaît du réalisateur et des choix qu’il fait. C’est à se demander quel intérêt il y avait à faire transcender l’œuvre de Jersey Boys au cinéma, à part pour les actionnaires qui souhaitent faire durer son succès commercial le plus longtemps possible. En plus, Eastwood étire au maximum son œuvre au point où elle commence à devenir pénible aux trois quarts. Pour les amants de comédies musicales, cela pourrait être considéré comme une offense, un sacrilège, voire une déconfiture d’un classique qui devrait d’abord être vécu sous sa forme «musicale» plutôt qu’au grand écran.

Vue dans son ensemble, la vie du groupe Four Seasons n’a pas grand-chose d’exceptionnel en tant que groupe, bien qu’il ait marqué l’industrie de la musique et l’histoire à sa façon. 

Avoir engagé le chanteur et acteur John Lloyd Young (gagnant du Tony Award pour le meilleur acteur principal dans le musical de Broadway Jersey Boys pour le rôle de Frankie Valli en 2006) pour jouer le même chanteur dans le film est certainement une bonne idée. Cela colle moins quand il joue un jeune homme de 16 ans au début de la production. Heureusement, plus on progresse dans le long métrage, plus cela se stabilise. L’équipe d’Eastwood réussit avec brio le vieillissement des membres de Four Seasons avec des maquillages vraiment élaborés et bien réussis à la fin de son œuvre. Somme toute, John Lloyd Young se débrouille bien à l’écran.

Nick Massi et Bob Gaudio, joués par Michael Lomenda (première performance au cinéma) et Erich Bergen (How Sweet It Is, Joey Dakota), sont les deux membres du groupe les plus en retrait, et paradoxalement, les plus remarquables du quatuor d’acteurs.

  • (De gauche à droite) Frankie Valli (John Lloyd Young), Bob Gaudio (Erich Bergen), Nick Massi (Michael Lomenda) et Tommy DeVito (Vincent Piazza) donnent une performance musicale époustouflante en tant que groupe de rock des années 1960 appelé «Four Seasons». (Warner Bros)

Trois délices inattendus surviennent dans Jersey Boys : Christopher Walken (Seven Psychopaths, The Deer Hunter), Mike Doyle (Green Lantern, P.S. I Love You) et Joseph Russo (Jersey Shore Shark Attack, Shut Up and Kiss Me). Bien que ses apparitions soient réduites, Walken dégaine quelques réactions d’un haut comique recherché alors qu’il personnifie le chef de la mafia de Jersey. Doyle, jouant le producteur des Four Seasons, est ridiculement drôle du fait qu’il est exagérément efféminé. Pouvant être considéré comme un figurant, Russo a un regard et des intonations prouvant son intéressant savoir-faire et sa qualité d’acteur.

Une des spécificités qu’Eastwood a sélectionnée est celle de briser le «quatrième mur», autrement dit, il a fait en sorte que les personnages s’adressent à tour de rôle à la caméra, aux spectateurs. Cette technique est ici utilisée de manière plutôt malhabile comme les personnages n’apportent guère un niveau supplémentaire de réflexion, de profondeur ni de réponses à des interrogations qui auraient pu être semées. Elle ponctue légèrement le rythme du film à l’occasion, mais sans plus.

Le type de voix de John Lloyd Young, alias Frankie Valli, n’est pas classique, donc elle est susceptible de ne pas plaire à une majorité. Elle épatera certains, tout comme elle tombera royalement sur les nerfs d’autres. Vaut mieux écouter quelques extraits de la bande-annonce ou encore sur YouTube. Ne pas y être préparé pourrait engendrer une sortie précipitée de la salle de cinéma.

Ce qui ressemble le plus à un musical, c’est la scène finale, un peu avant que le générique se mette à défiler. Tous les acteurs du film viennent chanter et danser, histoire de boucler la boucle.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.