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Norvège: magie d’eau et de glace

Écrit par Christiane Goor, Epoch Times
25.06.2014
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  • Le Norvégien adore s’isoler durant les week-ends dans une hytte, un chalet en bois au cœur de la nature.
    (Charles Mahaux)

À mi-chemin entre le glacier du Kjenndal et la petite ville de Loen, s’ouvre une courte vallée qui semble suspendue dans la montagne. C’est là que niche le glacier Bodalen qui, chaque été, attire des randonneurs en quête d’aventure et d’émotion. Ase Evebo partage sa passion de guide de montagne avec ceux qui tentent avec elle l’escalade du Bodalen. Au terme d’une épreuve physique écrasante, chacun se laisse gagner par la magie inattendue des lieux.

En été, Ase Evebo est guide de glacier. En hiver, elle est vendeuse dans un magasin de sport. Brune, mince et souple, elle offre spontanément l’accueil de son sourire lumineux éclairant un visage buriné par le vent et le soleil ainsi que sa passion dévorante de la montagne. Elle avait dix ans, raconte-t-elle, quand sa mère l’a menée pour la première fois sur le glacier. «Je me souviens que mon cœur battait à tout rompre.» Aujourd’hui, elle a cinquante ans et de grands enfants qui peuvent se suffire à eux-mêmes durant l’été. «J’ai alors décidé qu’il était temps de m’occuper de moi et de revenir à la passion de mon enfance.» Elle a suivi une formation de guide de montagne et, depuis plusieurs années, elle vient planter sa tente ici au bord de la rivière qui dévale depuis le Bodalen et elle y reste jusqu’à la fin de la saison. Lorsqu’elle arrive début juin, il n’est pas rare que la prairie soit encore couverte de neige d’une épaisseur de près de 80 centimètres. Elle doit alors s’abriter dans un des refuges de l’alpage traditionnellement aménagé pour les bergers et leurs troupeaux.

Tracé d’une expédition

Chaque jour, Ase guide des randonneurs qui tentent l’escalade. Lourdes bottines aux pieds, harnais autour de la taille, gants en poche, piolet et crampons à la main, casque sur la tête, l’équipement est conséquent et soigneusement vérifié par la jeune femme. La promenade s’avère rude avec tout ce harnachement sur le dos sous le soleil de plomb de midi. Il faut d’abord passer plusieurs gués qui enjambent des petits courants d’eau qui suintent de partout puis, soudain, la plaine redessinée par les moraines apparaît dans le prolongement de la coulée de glace qui déboule de la montagne. Ce n’est qu’un éboulis de roches recouvertes d’une mousse de lichens si sèche par cet été chaud que les pas des randonneurs soulèvent une poussière blanche en la foulant. Un ruisseau aux nuances d’émeraude jaillit sous la langue du glacier et prend la forme d’un delta mouvant aux multiples bras selon la masse de pierrailles et de poussière qu’il évacue avec la fonte des neiges. La promenade est plus agréable aux abords du Bodalen qui libère un vent froid, s’infiltrant dans la plaine de moraines et n’autorisant qu’une végétation rare et rabougrie.

Cette fois, il est temps d’arrimer les crampons sur les bottines. Sur sa pointe avancée, le glacier est ramolli par la chaleur et la progression est lente dans la neige fondante. Le souffle rafraîchissant du vent rend l’escalade moins pénible. Ase a pris la tête de la cordée, elle évite soigneusement les mauvais ponts de neige. Enfin, le groupe débouche sur la glace nue et dure, scintillante au soleil, creusée par de larges torrents. Chacun est bien heureux de se protéger, derrière des lunettes noires, de la réverbération de la lumière sur cette surface cristalline. Pour faciliter la montée, Ase n’attaque pas le glacier de face. La cordée s’étire silencieusement, parfois longeant des ouvertures béantes, parfois sautant des fissures profondes, parfois encore marchant en équilibre sur des ponts tendus au-dessus d’une crevasse bleutée. Au fil de l’ascension, le courant d’air s’inverse et, cette fois, c’est un souffle chaud qui monte de la vallée.

Un spectacle fascinant

Vers 15 h, un pique-nique s’improvise. Il faut veiller à ne pas abandonner le moindre objet car, ici, sur la surface gelée, tout glisse irrémédiablement vers les profondeurs de la vallée. Le repas est silencieux, chacun s’absorbe dans le spectacle extraordinaire sur les paysages de montagnes qu’il domine. On embrasse d’un coup d’œil les monts Tindefjelle, les sommets de Lodalskapa et d’autres glaciers encore qui s’écoulent vers la vallée, écartant de leur poussée millénaire les forêts qui s’étagent sur les contreforts de la montagne.

Ase raconte sa passion du glacier. Ici, dit-elle, tout conspire à effacer le temps et, quand elle arpente chaque jour les pentes du Bodalen, elle se sent propriétaire de sa vie. Confronté à un environnement rude, chacun retrouve instinctivement l’humilité. Le véritable spectacle du monde se trouve ici, dans cette immense solitude où l’individu n’a d’autres ressources que celle de sa mémoire ou de son imagination. Le soir, au retour de chaque équipée, elle se plonge dans l’eau froide du torrent qui longe la prairie où elle a installé sa tente et, après un repas frugal qu’elle prépare sur un feu de bois, elle se glisse dans son sac de couchage où elle s’absorbe jusque tard dans la soirée dans des ouvrages de philosophie qui traitent de l’origine du monde et du sens de la vie. Il est vrai que chacun ressent une certaine ivresse à contempler à l’œil nu ce vaste cirque montagneux et puise ici une énergie qu’il ne se connaissait pas dans cette immense réserve de liberté qu’offre la nature.

Au-dessus, tout est chaleur et lumière, en bas, la plaine baigne maintenant dans une clarté plus ténue, vaporeuse même. Le soleil qui se couche a laissé tout un côté de la vallée dans l’ombre. Il est temps de partir. La descente est plus rapide et plus difficile. Les jambes tremblent sous l’effort à fournir pour s’accrocher sur la glace. Le retour est silencieux, chacun est comme abasourdi, à la fois par l’épreuve physique qu’il a entreprise tout au long de cette escalade et par la magie écrasante des lieux qui l’entourent. Seule Ase poursuit son chemin, détendue, jetant fréquemment un regard au-dessus de son épaule. Que ce soit sur la glace ou dans la neige, sur les gués ou dans les sentiers abrupts, toujours elle garde la même démarche souple et légère, elle assure son pied sur le sol et mène ainsi sa vie, tranquille et ivre de paix.

Infos

Un site Internet très complet : visitnorway.com

 

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