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La politique de l’«État actionnaire» se confirme

Écrit par Caroline Chauvet, Epoch Times
01.07.2014
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  • Le ministre français de l’Économie Arnaud Montebourg rencontre des employés lors de sa visite de l’usine Alstom du Creusot le 25 juin dernier. Il a exprimé son soutien pour une plus grande ouverture du capital d’Alstom, recentrée sur le transport après la vente partielle de sa division énergie à la multinationale américaine General Electric. (Philippe Merle/AFP/Getty Image)

Il va faire son entrée au capital de l’entreprise française Alstom aux côtés de General Electric: l’État français est devenu, ces derniers temps, un État actionnaire. Acheter et vendre des actions de manière plus «dynamique», c’est l’objet de cette politique révisée en janvier dernier mais qui pose toujours les éternelles questions sur les intérêts stratégiques.

Il a pris 14,1% des parts chez PSA Peugeot Citroën, entrera à hauteur de 20% dans le capital d’Alstom et pourrait acheter des actions chez Écomouv’, la société en charge de collecter l’Écotaxe. Ce nouvel actionnaire n’est autre que l’État français. À contre-courant des doctrines libérales de privatisation, «l’État actionnaire» ose s’immiscer dans le capital d’entreprises privées (PSA, Écomouv’) ou ayant quitté le giron du public depuis une trentaine d’années (Alstom).

Mi-janvier, Arnaud Montebourg, alors au ministère du Redressement productif, et Pierre Moscovici, ancien ministre de l’Économie, révisaient la doctrine d’un État actionnaire amorcée dès 2004 avec la création de l’Agence des participations de l’État (APE) qui clarifie ses objectifs: «Dans un contexte de grands enjeux de transitions économiques, technologiques et industrielles, l’État souhaite réaffirmer que son intervention en fonds propres est justifiée et nécessaire».Alors que l’annonce de janvier n’avait pas fait grand bruit, l’entrée de l’État aux capitaux de PSA et d’Alstom a concrétisé, depuis deux mois, l’idée d’une intervention directe de l’État dans le capital des entreprises françaises, ceci pour en protéger les fondements devant les appétits de compétitivité des investisseurs étrangers.

Une gestion «dynamique» du portefeuille de l’État

Fini l’«État régulateur» ou l’«État acheteur». Bonjour l’État actionnaire, «qui vend et qui achète», explique David Azéma, directeur de l’APE, au journal Le Monde. «Nous avons une conception dynamique de notre portefeuille: la gestion de bon père de famille, où on gardait tout dans le grenier sans jamais y toucher, c’est fini».

Achats et ventes d’actions devraient donc s’effectuer de façon plus récurrente désormais. Au cours de ces derniers mois, l’État français n’a en effet pas hésité à se désengager pour partie du capital de Safran, de celui d’Aéroports de Paris (ADP) et de celui d’Airbus.

La somme accumulée par ces cessions d’actions, soit 2,7 milliards d’euros, sera réutilisée en partie dans l’achat d’actions chez PSA (800 millions d’euros) et prochainement chez Alstom. Non, «les contribuables ne paieront pas», a souligné le ministre de l’Économie Arnaud Montebourg.

Au total, l’État possède un portefeuille d’actions de 110 milliards d’euros dans 71 grandes sociétés et 70 milliards dans des entreprises cotées. En 2012, il avait engrangé 4,6 millions de dividendes.

Moins coûteux que la nationalisation

Pas de nationalisation en vue dans l’idée de l’État actionnaire. Prendre des parts s’avère moins coûteux, aussi bien financièrement que politiquement, qu’une nationalisation totale.

Arnaud Montebourg  se rappelle trop bien l’échec de Florange. En sortant la carte de la nationalisation, il avait tenté de sauver les hauts-fourneaux. Cette nationalisation aurait par ailleurs coûté 600 millions d’euros. Alstom sonne donc comme une revanche pour l’actuel ministre de l’Économie.

Enfin, l’État accepte de ne pas se retrouver dominant au sein de l’entreprise. Dans le cas PSA, il partage le capital avec le constructeur automobile chinois Dongfeng. Chez Alstom, il s’assoit aux côtés du groupe américain General Electric (GE).

Les intérêts stratégiques: l’autre enjeu de l’actionnariat de l’État

À la différence d’un actionnaire lambda, l’État n’est pas guidé par des logiques strictement patrimoniales. «Il lui faut aussi, à des degrés divers, selon les secteurs de l’économie, englober d’autres considérations stratégiques, participant notamment des politiques de défense ou industrielles et plus généralement de la valorisation d’intérêts nationaux ou européens», explique un rapport de la Cour des comptes de 2008.

L’État détient ainsi 84,5% des parts de l’entreprise d’énergie EDF. Chez Areva, emblème du nucléaire français, il possède 86,52% du capital. Enfin, les industries liées à la défense appartiennent également au champ des intérêts nationaux. En pleine négociation avec General Electric pour le rachat d’Alstom fin mai, Arnaud Montebourg a voulu élargir ce portefeuille des intérêts grâce à un décret protégeant davantage les entreprises jugées «stratégiques» pour la France.

Le long marchandage sur le dossier Alstom ne se comprend qu’au vu de l’intérêt stratégique de la branche énergie de l’entreprise, Alstom étant le principal fournisseur d’EDF en turbines. Celles-ci sont nécessaires aux 58 réacteurs nucléaires que compte le territoire français.

Finalement, l’État a obtenu de siéger au conseil d’administration de l’entreprise française et obtient le dernier mot pour les questions propres à la sécurité et aux technologies liées à l’énergie nucléaire. Mais il devra compter sur les voix de General Electric sur d’autres secteurs, notamment concernant les énergies renouvelables.

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