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25 ans après, la censure ne laisse toujours personne évoquer la place Tiananmen

Écrit par Oiwan Lam, Global Voices
04.06.2014
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  • Weiboscope, un logiciel créé par l’Université de Hong Kong, a récupéré une grande partie des tweets censurés par Sina Weibo, a analysé les expressions censurées et en a organisé la visualisation dans un nuage de mots en forme d’étoile. (Weiboscope)

Source: Global Voices en Français

À l’heure du 25e anniversaire du massacre de la Place Tiananmen, la censure du régime chinois est en pleine effervescence pour réduire au silence les discussions et commémorations en ligne de l’un des événements les plus sanglants de l’histoire moderne de Pékin.

On se souvient de la répression qui a débuté les 3 et 4 juin 1989 comme des «événements du 4 juin». Ce jour-là, les troupes armées chinoises et les chars ont attaqué des civils sans armes et inoffensifs qui tentaient de les empêcher de rejoindre la place Tiananmen de Pékin, où se déroulaient des manifestations populaires depuis le printemps. C’est la mort d’un réformiste libéral, l’ancien Secrétaire Général du parti Communiste Hu Yaobang, qui était à l’origine des manifestations. Il avait été destitué après une lutte de pouvoir avec la ligne dure du parti Communiste sur une réforme libérale.

L’estimation du nombre de morts de ce 4 juin 1989 va d’une centaine à plusieurs milliers. Les autorités chinoises interdisent toute forme de discussion ou de commémoration depuis les événements.

Comme on pouvait s’y attendre, le terme le plus utilisé et censuré sur le net chinois est «4 juin» (六四), la date du massacre. D’autres termes comme «Hu Yaobang», «étroit», «rejeté» et «Mirror Magazine», tous associés au mémoire de Deng Liqun sur Hu Yuibang, ont également été supprimés. Des mots-clés liés à la situation politique de Hong Kong sont aussi bloqués.

Voici quelques-uns des principaux termes que l’on retrouve dans le nuage des termes censurés par Weibo, créé par le Weiboscope de l’Université de Hong Kong, ainsi que quelques exemples de posts supprimés mais récupérés et rendu publics par Free Weibo.

4 juin (六四) La plupart des posts censurés qui contiennent l’expression «4 juin» veulent honorer le 25e anniversaire de l’événement. Certains mettent l’accent sur l’événement historique de 1989. Le régime chinois a récemment arrêté plusieurs intellectuels qui assistaient à un séminaire sur le Massacre de Tiananmen. Les informations et les commentaires sur cette arrestation ont eux aussi été supprimés: «Hong Kong anti-corruption monster»: Il va certainement être supprimé. Mais je vais tout de même poster un tweet sur le 4 juin et me faire radier de Weibo! Le ciel interdira de tels mensonges et j’irai en enfer avec les menteurs.

«A Jia»: Pour quelle raison Kong Qindong a été bloqué? 4 juin ou Hu Yaobang? il y a plusieurs versions.

«Can’t turn around»: J’ai lu que Ye Fu avait été arrêté à minuit, je ne peux pas dormir. En tant qu’écrivain, il a écrit l’histoire de mères au cœur brisé, l’amour et la société des gens ordinaires demandent justice… Il a été arrêté pour avoir organisé un séminaire chez lui sur le 4 juin. Merde. Le diable dirige le monde, les gens corrects ne peuvent survivre.

Tiananmen(天安門): Le mot Tiananmen a aussi été censuré. Cette année cependant, les militants chinois de l’étranger ont initié un mouvement «retour à Tiananmen» et encouragent les gens soit à prendre des photos accompagnées d’un message politique sur la place, soit d’être sur la place le 4 juin. Tous les posts qui parlent de la signification politique de la place ont été supprimés. En voici deux exemples:«Jiangnan leisure 2008»: Si le mouvement contre la droite avait marché, le mouvement du 4 mai de la place Tiananmen pendant la révolution culturelle n’aurait pas vu le jour et le parti au pouvoir n’aurait pas connu de crise de légitimité à la mort de Mao

«Feiming Weibo»: Pékin, la place Tiananmen sont le lieu de résidence de Mao. Faites la visite complète en juin.

L’homme dont la mort a provoqué les manifestations de Tiananmen en 1989

Les libéraux adoraient Hu Yaobang en Chine. Tout au long des années 80, Hu Yaobang a entrepris une série de réformes économiques et politiques sous la direction de Deng Xiaoping, le maître d’œuvre de la politique de la porte ouverte en Chine. Une série de manifestations étudiantes ont eu lieu en 1987, pour demander une politique encore plus libérale et a provoqué des querelles internes dans le parti. Hu Yaobang a été condamné pour sa politique de «libéralisation bourgeoise» et a dû démissionner de son poste de secrétaire général du parti. Il est décédé le 15 avril 1989, ce qui, indirectement, a provoqué la manifestation étudiante de la place Tiananmen.

Le mémoire de Deng Liqun révèle qu’en 1988, après que Hu Yaobang a été obligé à démissionner, Deng Xiaoping a voulu l’encourager à s’opposer à son successeur Zhao Ziyang, mais il a été renvoyé. Cet épisode est la preuve de l’intégrité de Hu Yaobang en tant que dirigeant du pays. Le fait que l’ancien Président chinois Hu Jintao rende visite à Hu Yaobang dans son ancienne résidence par respect envers l’ancien responsable a été interprété par certains comme le signe politique des luttes internes féroces qui régnaient au sein du parti sous Xi Jinping.

«Grassroots Du Nan»: Qu’est-ce que cela veut dire? «Hu Yaobang» n’est plus un terme sensible. L’écran est plein de posts à la mémoire de Hu Yaobang. Pas de fermeture ou de contrôle. Hu Jintao a rendu visite à Hu Yaobang dans son ancienne résidence…

La censure zoome sur la politique de Hong Kong

Hong Kong(香港) et Leung Kwok-Hung ou Cheveux longs (梁國雄): ces termes font référence à la politique de Hong Kong et sont sous la haute surveillance de la censure à l’approche de la campagne citoyenne de désobéissance civile Occupy Central. Les noms de nombreuses personnes des groupements démocratiques, comme Leugn Kwok-Hung, membre du Conseil législatif et démocrate radical, sont devenus des termes sensibles. Sans parler de la censure de certaines personnes et événements politiques ciblés, beaucoup de discussions politiques sont condamnées à l’oubli. Ceci laisse entendre que le parti communiste chinois est très méfiant du rôle de Hong Kong comme espace de dissidence pour la diaspora. Voici quelques exemples de posts censurés sur Hong Kong: «SCMP»: #opinion# [Hong Kong doit défendre la liberté d’expression] Les kiosques à journaux de Hong Kong vendent toutes sortes de magazines sur la politique et les responsables politiques, on se demande pourquoi la liberté d’expression reste un problème?

«Time’s Myth»: [Toute la différence vient du système d’enregistrement des ménages] Né à Hong Kong, un bébé a la nationalité de Hong Kong; né aux États-Unis, un bébé a la nationalité américaine [...] Né en Chine, un bébé n’a pas forcément la nationalité chinoise, il peut être illégal car le statut légal d’existence résulte de l’«autorisation de naissance» des autorités.

«Gold at the seaside»: Des membres du Conseil législatif de Hong Kong se sont rendus en visite officielle à Shanghai. Il n’y avait que trois membres du Parti pan-démocratique qui se demandaient s’ils devaient participer à la visite. Un membre des pan-démocrates portait un T-shirt du 4 juin et a été renvoyé à Hong Kong. Leung Kwok-hung s’interrogeait sur le bien-fondé du voyage. Deux membres du Parti travailliste sont rentrés à Hong Kong. Long Hair n’a pas pu entrer en Chine, ses supporters étaient déçus.

La Chine considère Internet comme un champ de bataille idéologique. L’éventail des termes censurés repris sur le nuage de mots en forme d’étoile de Weiboscope – noms liés aux événements de Tiananmen, à la lutte historique interne au sein du parti et à la politique actuelle à Hong Kong – montre tout simplement combien le Massacre de 1989 de la Place Tianamen reste un sujet sensible pour le Parti communiste chinois et jusqu’où il peut aller pour être sûr que personne n’en parle.

Version en anglais: Censors On, China Still Doesn't Want Anyone Talking About Tiananmen Square

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