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Échanges d’influence en Amérique latine

La Chine profite de son avantage commercial en Amérique du sud pour rassembler des voix de soutien devant les Nations-Unies

Écrit par Jill Richardson
06.06.2014
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  • Des ouvriers dans le port de Santos, à quelques 60 kilomètres de Sao Paulo au Brésil. C’est le plus grand port d’Amérique latine, responsable de 25% du commerce extérieur du Brésil(Nelson Almeida/AFP/Getty Images)

Source: Foreign Policy in Focus

Ces 15 dernières années, la Chine, autrefois partenaire économique relativement insignifiant en Amérique du Sud, est devenue le premier partenaire commercial de quelques-unes des plus grandes puissances économiques du continent.

Dans de nombreux cas, la Chine a détrôné les États-Unis sur son propre terrain. Depuis 2000, les exportations de l’Amérique du Sud vers la Chine ont crû massivement à un taux annuel moyen de 23%.

Cependant, ces chiffres relativement prometteurs dissimulent le fait que ces dernières années, ce taux a chuté jusqu’à 7,2% en 2012. Ce ralentissement peut être en partie expliqué par la chute des prix des matières premières. Bien que le volume des exportations d’Amérique du Sud vers la Chine ait grandi, la volatilité des prix a entraîné la stagnation, voire le déclin de la valeur de ces exportations.

Le besoin de l’Amérique latine d’exportation des matières premières vers la Chine a rendu toute la région plus vulnérable à la fluctuation des prix. Plus de 50% des exportations d’Amérique latine sont regroupés dans trois secteurs: le cuivre, le fer et le soja. Ce manque de diversité est problématique, les prix du fer et du cuivre ayant tous deux connu un déclin global à deux chiffres ces dernières années tandis que le prix global du soja a également commencé à stagner.

De plus, les exportations de ces trois matières premières sont concentrées en Argentine, Brésil et Chili, ce qui démontre encore plus le manque de diversité régionale dans les exportations vers la Chine.

À l’inverse, les exportations chinoises vers l’Amérique latine croissent tant en volume qu’en valeur, ce qui est dû principalement à la diversité et à la nature relativement qualifiée des biens exportés. La majorité des exportations chinoises vers l’Amérique du sud proviennent du secteur manufacturier avec en tête les produits électroniques et automobiles. De telles entreprises, en comparaison avec les matières premières, sont beaucoup moins sujettes à la variation des prix et préservent la valeur globale des exportations chinoises.

L’impact de ces tendances est que depuis 2011, l’Amérique latine subit un déficit commercial croissant dans ses échanges avec la Chine. Malgré le fait que le volume des exportations vers la Chine augmente, la nature fondamentale des exportations d’Amérique latine sabote la croissance et crée un problème imminent de balance des paiements. Tant que les prix des matières premières continuent de baisser, cette tendance risque de durer toute l’année 2014.

Alors que la Chine s’octroie le titre de principal partenaire commercial dans toute la région sud-américaine à la place des États-Unis, l’influence américaine décline. Une plus grande dépendance envers la demande chinoise d’exportations de matières premières devrait vraisemblablement forcer dans un proche avenir la révision des politiques extérieures de nombreux pays. La Chine a déjà utilisé son influence économique dans la région pour diminuer l’influence politique de Taïwan en Amérique latine. Les nationalistes chinois considèrent en effet cette île minuscule comme un prolongement rebelle du continent et en conséquence, de nombreux dirigeants chinois cherchent à empêcher tout soutien international à la question de l’indépendance de Taïwan. Si cette question devait d’ailleurs être portée devant les Nations Unies ou le Tribunal international, la Chine a déjà neutralisé le soutien de presque chaque nation d’Amérique du Sud.

Certains de ces pays, gauchistes par tradition, se rapprochent de la Chine pour des raisons politiques (considérant la Chine comme une alternative à l’hégémonie des États-Unis) et peut-être encore plus pour des raisons économiques. Les pays producteurs de pétrole comme le Venezuela, le Brésil et l’Équateur dépendent très fortement de la Chine et sont fortement influencés par leurs liens économiques avec le géant asiatique. En conséquence, sur la scène diplomatique, ces pays sont enclins à se ranger derrière la Chine.

En effet, une récente étude a montré que plus une nation échange avec la Chine, plus cette nation est encline à voter en sa faveur devant les Nations-unies. De plus, cette influence devrait limiter l’attention internationale envers la question des droits de l’homme en Chine. Cela pourrait représenter une aubaine pour les puissances tierces engagées dans des conflits mondiaux et opposées aux États-Unis, de gagner le soutien de la Chine.

Enfin, alors que la Chine continue d’étendre son influence politique et économique en Amérique du Sud, les États-Unis pourraient se sentir de moins en moins chez eux dans l’Amérique latine que Washington considérait autrefois comme son «arrière-cour».

Jill Richardson est responsable des communications de l’Initiative pour une gouvernance économique mondiale de l’Université de Boston et contribue à la revue Foreign Policy in Focus. Elle travaille actuellement sur une maîtrise en relations et communications internationales.

Version en anglais: China Trades Up in Latin America

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