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Les effets toxiques du plastique sur les océans sont beaucoup plus graves qu’imaginés

Des recherches sur les oiseaux de mer démontrent que le plastique agit comme conduit pour les contaminants

Écrit par Shar Adams, Epoch Times
09.06.2014
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  • Dre Jennifer Lavers avec un puffin à pieds pâles sur l’île de Lord Howe, Australie, en 2014. Sa recherche moléculaire démontre que le plastique dans les océans est extrêmement dangereux pour la vie marine. (Gracieuseté de Silke Stuckenbrock)

SYDNEY – Lorsque des oiseaux de mer ont échoué par milliers sur les côtes est et sud de l’Australie l’année dernière, la biologiste Dre Jennifer Lavers est devenue très, très inquiète.

Chercheuse à l’Institute for Marine & Antarctic Studies à Hobart, en Tasmanie, Dre Lavers se spécialise depuis plus d’une décennie dans la recherche sur le puffin à pieds pâles (Puffinus carneipes).

Elle savait que l’hécatombe n’est pas rare pour le puffin migratoire, lui qui traverse d’immenses distances de la mer de Béring à l’Australie chaque année.

Les morts massives d’oiseaux marins surviennent chaque dizaine d’années environ en raison de violentes tempêtes ou de pénuries de nourriture. Elles commencent en septembre lorsque les oiseaux arrivent exténués de leur voyage et elles durent habituellement quelques semaines.

Toutefois, ce phénomène l’année dernière a été sans précédent, s’étalant sur quatre mois, et les oiseaux morts sont apparus dans les dizaines de milliers sur les plages de Mackay au Queensland à Albany en Australie-Occidentale.

«C’était très inhabituel de voir des oiseaux échoués en janvier, alors que c’est le moment où les poussins devraient éclore», a commenté Dre Lavers en entrevue téléphonique.

Les morts massives deviennent de plus en plus communes avec sept incidences depuis 2007. Dre Lavers estime qu’elles indiquent un problème beaucoup plus important.

Elle étudie les effets du plastique sur les puffins et affirme que bien qu’il existe plusieurs facteurs pouvant causer les hécatombes, de nouvelles recherches démontrent que le plastique a un effet toxique beaucoup plus important qu’imaginé sur les oiseaux de mer.

De un, la quantité de plastique ingérée par les oiseaux de mer a augmenté. En 2007, environ 79 % des oiseaux de mer étudiés contenaient du plastique, mais maintenant c’est 100 %. Les oiseaux de mer contiennent maintenant des quantités «copieuses» de plastique, indique la chercheuse. En moyenne, environ 17 morceaux de plastique sont trouvés dans les puffins à pieds pâles, mais Dre Lavers affirme que certains en contiennent beaucoup plus.

«Il n’est pas rare de trouver plus de 100, ou 200, morceaux de plastique dans un seul oiseau. Ils sont gravement affectés», explique-t-elle.

Toxicité du plastique

La quantité de plastique se trouvant dans les océans est bien documentée. Le tourbillon nord-pacifique près d’Hawaï est un des six tourbillons connus pour collecter les déchets océaniques, créant des étendues de détritus s’étalant sur des millions de kilomètres carrés.

De nouvelles études sur les effets du plastique sur la planète sont pour le moins alarmantes. Dans un nouveau champ de recherche, Dre Lavers s’est associée au professeur de neurologie Richard Banati de l’Organisation australienne de science et technologie nucléaires (ANSTO).

M. Banati a raffiné une technique appelée «le principe du traceur», qui implique l’utilisation de traceurs légèrement radioactifs pour étudier et traquer des matériaux au niveau moléculaire. À ANSTO, il a travaillé sur la détection de contaminants dans une grande variété d’écosystèmes.

Il semble que, peu importe sa taille ou sa quantité, plus le plastique flotte longtemps dans l’océan plus il augmente en toxicité, alors qu’il libère et attire plus de toxines.

«Alors que le plastique flotte dans l’océan pendant des semaines, des mois, des décennies, il agit comme une éponge ou un aimant. Il absorbe tous les contaminants dans l’océan qui sont dilués en basse concentration, les absorbe et les concentre à la surface», explique Dre Lavers.

  • Le puffin à pieds pâles (Puffinus carneipes). Des recherches sur cet oiseau de mer démontrent les dommages causés par le plastique se trouvant dans l’océan. (Duncan/Flickr)

«La concentration de métaux lourds dans le plastique peut être plus de mille fois plus haute que ce même contaminant dans l’eau océanique.»

Parmi ces contaminants, on retrouve des métaux lourds comme le plomb, le mercure et le cadmium, qui sont connus pour affecter le foie, les reins et les systèmes respiratoires et neurologiques chez les animaux et les humains.

Les deux chercheurs ont trouvé des métaux lourds dans les plumes et les ailes des oiseaux de mer, suggérant que ces contaminants sont absorbés dans le tissu animal. Ils ont trouvé que le plastique agissait comme facilitateur ou conduit pour les contaminants dans le système des animaux.

«Peu importe la taille... n’importe quel plastique peut agir comme vecteur», explique-t-elle. «Nous savons maintenant que c’est le cas, sans l’ombre d’un doute.»

Dre Lavers a également trouvé une corrélation entre la condition des oiseaux et la quantité de plastique dans ceux-ci. Plus la quantité de plastique est élevée, plus la quantité de métaux lourds est élevée et moins bonne est la condition du corps, y compris l’émaciation et une envergure des ailes dangereusement courte.

«Les oiseaux de mer sont hautement respectés comme indicateurs de la santé de l’environnement marin», dénote-t-elle.

Dre Lavers estime que sa découverte est révolutionnaire, puisque les scientifiques se sont traditionnellement concentrés sur la quantification des effets physiques du plastique sur la vie marine, comme les blocages de la gorge ou des intestins et les sacs de plastique recouvrant la tête. Un conduit moléculaire pour la toxicité est un tout autre niveau.

«Nous ne pouvons voir ce qui se produit et c’est beaucoup plus répandu que ce que n’importe qui peut imaginer», ajoute-t-elle.

Repenser le plastique

Alors que beaucoup de gens connaissent déjà la nature toxique de certains plastiques, particulièrement le bisphénol A (BPA), le chloroéthène (PVC) et le polystyrène, l’étude souligne les dangers de n’importe quel plastique, y compris le biodégradable.

Une combinaison d’amidons et de plastique dans la forme de polychromes, les biodégradables peuvent être décomposés dans des installations industrielles utilisant la chaleur extrême ou d’autres processus, mais ils ne se décomposent pas en flottant dans l’eau froide de l’océan.

«Le plastique n’est pas biodégradable, les chaînes polymères ne sont pas biodégradables, c’est la définition de leur structure chimique, ils ne se décomposent pas, ils peuvent vraiment exister pour toujours», explique Dre Lavers.

Avec sa recherche moléculaire, Dr Banati affirme que la nature omniprésente du plastique doit être repensée.

«Une approche traditionnelle à la gestion de l’environnement a été que “la solution à la pollution est la dilution”. Toutefois, les chercheurs deviennent de plus en plus préoccupés par cette approche», a déclaré Dr Banati.

«Spécifiquement, nous réalisons que la consommation massive de plastique, jumelée à une dégradabilité croissante des plastiques, pourrait en fait mener à une augmentation constante des contaminants dangereux dans l’environnement qui serait difficile de renverser.»

Dr Banati affirme que démontrer la traçabilité des plastiques permet une analyse plus exhaustive du cycle de vie du plastique bien au-delà de ce qui peut être observé à l’œil nu.

Les résultats font état de préoccupations certaines sur les plans environnemental, biologique et social et soulèvent des questions au sujet des standards de l’industrie pour les plastiques réutilisables ou biodégradables et pour leur collecte.

«Il s’agit de questions intéressantes, et la recherche au niveau atomique démontre au moins qu’il vaut la peine d’étaler le problème et d’en discuter», affirme Dr Banati.

Version originale : Toxic Effects of Ocean Plastic Far Greater Than Previously Thought

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