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Petro Porochenko prend-il le dessus?

Le point de vue de Philippe Migault, directeur de recherche à l’IRIS

Écrit par Affaires-stratégiques.info
10.07.2014
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  • Petro Porochenko au Conseil de l’Europe à Strasbourg, le 26 juin 2014. (©Claude Truong-Ngoc/Wikimedia Commons)

L’armée ukrainienne vient de reprendre le contrôle de Slaviansk, dans l’Est du pays. Les séparatistes assurent s’être repliés sur Donetsk et promettent de défendre la plus grande ville du Donbass (1 million d’habitants) jusqu’à la mort. S’achemine-t-on vers une bataille finale sanglante? Quelles sont les forces en présence?

Il est évident que défendre une ville de taille modeste comme Slaviansk, compte tenu de la puissance de feu supérieure des forces ukrainiennes, était peine perdue pour les séparatistes qui ne disposaient pas de moyens lourds leur permettant de combattre d’égal à égal. Livrer bataille dans une agglomération de taille moyenne peut être de nature à infliger des pertes sévères à l’adversaire, mais il est évident que les troupes de Porochenko, avaient la capacité de prendre la ville et de la contrôler.

A l’inverse, tenter de s’emparer de Donetsk, une ville de plus d’un million d’habitants, et en conserver le contrôle, alors que les troupes ukrainiennes fidèles à Porochenko sont lourdement armées mais relativement peu nombreuses, signifie prendre le risque de combats extrêmement violents dans une ville très densément peuplée, bastion traditionnel du Parti des régions et des mouvements prorusses de surcroît. Cela pourrait provoquer des violences comparables à celles survenues à Sarajevo, dans un environnement bien plus à l’avantage des séparatistes, même si ceux-ci sont moins lourdement armés.

Compte tenu de ces éléments, j’espère qu’on ne s’achemine pas vers une bataille sanglante, mais c’est un scénario qu’on ne peut exclure.

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), on dénombre plus de 54.000 déplacés et plus de 110.000 réfugiés. Cette crise humanitaire peut-elle pousser les belligérants à rechercher une issue rapide au conflit?

Théoriquement, oui. Cependant depuis le début de cette crise et l’intervention des troupes ukrainiennes dans le Donbass, toutes les solutions en faveur d’un cessez-le-feu ont échoué, malgré la détresse constatée sur le terrain. Je ne suis pas persuadé que les belligérants vont s’arrêter à cause du nombre élevé de déplacés et de réfugiés. Pis, cela peut constituer un facteur aggravant dans la mesure où la gravité de la crise humanitaire pourrait précipiter une intervention extérieure.

Petro Porochenko, le nouvel homme fort de Kiev, enregistre une première victoire à l’Est. A-t-il pris des engagements pour gérer l’après conflit?

Porochenko a effectivement pris des engagements, notamment celui de discuter avec la Russie des modalités d’un règlement de la crise. Cependant, pour l’instant, ces engagements ne sont clairement pas tenus. Les développements actuels constituent un épisode strictement militaire et les négociations qui pourront survenir à la fin du conflit seront fonction des succès et des échecs enregistrés par chacune des parties. Il est donc encore trop tôt pour dire ce sur quoi les uns et les autres peuvent éventuellement être prêts à faire un compromis à la fin du conflit.

Barack Obama et François Hollande ont appelé Vladimir Poutine à faire pression sur les séparatistes. L’avenir du conflit se joue-t-il à Moscou?

 

L’avenir du conflit ne se joue pas uniquement à Moscou. Il se joue également à Kiev, à Lougansk, à Berlin, à Paris, à Washington, à Bruxelles, parce que pour cesser une guerre, il faut que tout le monde soit prêt à s’asseoir autour de la table des négociations. Or pour l’instant personne ne semble y être disposé. Il convient donc de faire pression sur l’ensemble des belligérants et pas seulement sur l’une des parties en présence.

Source: Affaires-stratégiques.info

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