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Queue de poisson estivale

Le vrai du faux

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
15.07.2014
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  • Éric (Mathieu Quesnel, à gauche) et Marco Valois (Stéphane Rousseau, à droite) refont leur garde-robe pour passer incognito dans la ville natale d’Éric. (Les Films Séville)

La pièce de théâtre Au champ de Mars, présentée au Théâtre La Licorne, au Théâtre du Rideau Vert et dans quelques salles du Québec ces dernières années, revient avec un «lifting cinéma» un peu piteux. Ayant rapatrié son auteur, Pierre-Michel Tremblay (Coma unplugged en 2007), et un de ses comédiens principaux, Mathieu Quesnel, le réalisateur et scénariste québécois Émile Gaudreault, à la barre de bons films d’été comme Le sens de l’humour (2011), De père en flic (2009), nous propose sans doute sa plus faible production jusqu’à maintenant. Celui qui a fait ses débuts comme auteur et également sur scène dans des spectacles d’humour du Groupe Sanguin, qui a été coscénariste de Louis 19, le roi des ondes et la série Un gars Une fille, n’a tout de même pas perdu tout son talent. Il dépose, ici et là, quelques miettes de son talent invétéré.

Marco Valois (Stéphane Rousseau), réalisateur au bout du rouleau et détesté par le milieu du cinéma, décide de prendre le peu d’énergie qu’il lui reste et de se lancer dans un projet de film sur un jeune soldat revenu traumatisé de sa mission en Afghanistan (Mathieu Quesnel).

Bien que critique et engagé, le scénario compte un flagrant décalage entre le drame et l’humour. Difficile de savoir si Gaudreault voulait une comédie dramatique ou un drame comique. L’aspect humoristique est un peu comme une pellicule plastique qui a été mise sur l’ensemble, clairement une lacune quant à son intégration au produit final.

Stéphane Rousseau est quelque peu insaisissable dans cette aventure cinématographique estivale. En partant, comme acteur, il est plutôt inconstant, fragile. La pente est spécialement glissante pour lui alors qu’il joue un réalisateur complaisant, caricaturé à souhait et qui a tendance à se prendre au sérieux. Rousseau sait faire plus, soit dans le «uniquement dramatique» (son rôle dans Les invasions barbares est un bon exemple) ou encore dans les personnages particulièrement exubérants (Paris à tout prix). Chose certaine, il termine les répliques de Gaudreault et de Tremblay ponctuées de courts malaises avec une fine retenue, particulièrement drôle.

  • Soldat rentré d’Afghanistan, Éric (Mathieu Quesnel) est victime d’un important choc post-traumatique. (Les Films Séville)

Quant à Mathieu Quesnel (Le règne de la beauté), son personnage de vétéran de la guerre revenu à une vie «normale» possède une véritable pompe à langage familier et à vulgarités à la place de la bouche. Malgré cela, il arrive à placer ses qualités d’acteurs avant son personnage.

Julie Le Breton (Une vie qui commence, Starbuck) et Guylaine Tremblay (Trois temps après la mort d’Anna, Contre toute espérance) ont eu droit à de généreuses et structurées séquences de jeu. On arrive à voir briller ces actrices québécoises le temps de quelques minutes à travers des répliques bien tournées ou encore des moments émotionnels habilement équilibrés.

Charles-Alexandre Dubé (La maison du pêcheur) joue un personnage assez près de celui joué dans le film québécois Liverpool, auquel on a rapiécé un paquet de clichés, en passant du jeune homme qui fait trop attention à son alimentation au drôle de produit d’une école alternative où il allait plus jeune. La maxime «La goutte qui fait déborder le vase» pourrait bien résumer les erreurs qu’ont faites Tremblay et Gaudreault avec le personnage personnifié par Dubé. Trop d’exagérations, une caricature grotesque, perpétuant les «bons gars» et les personnes qui pèsent leurs actions selon leur consommation des ressources de la planète doivent être considérées comme ridicules.

Au fil des minutes, le film ne fait qu’accroître un goût prononcé de désenchantement jusqu’à finalement arriver au constat que les personnages ont, somme toute, très peu évolué.

 

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