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Le Tessin, la Riviera suisse

Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux
17.07.2014
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  • Le village de Vico Morcote tel qu’il surgit depuis la terrasse de l’hôtel Serpiano sur le mont San Giorgio. (Charles Mahaux)

Étrange pays qui prolonge la Suisse au-delà des neiges éternelles du St-Gothard, offrant au pays le charme ineffable d’un jardin fleuri et ensoleillé sur sa façade Sud: forêts de châtaigniers et de noyers sur les flancs des montagnes, vignes dans les vallées, camélias, palmiers et orangers au bord des lacs.

La route est longue quand il s’agit de rejoindre les confins de la Suisse. Quand enfin on débouche du long tunnel du St-Gothard, quelle surprise émerveillée de découvrir un soleil tout à fait méridional, qui va de pair avec une ambiance latine inattendue.

Un coin d’Italie

Les Tessinois disent volontiers qu’on entre au Tessin comme on entre en vacances. Il est vrai que la seule ville de Locarno peut se vanter d’être baignée de soleil durant au moins 2.286 heures par an. Ce n’est pas pour rien que les côtes suisses du lac Majeur et du lac de Lugano accueillent bon an mal an plus de trois millions de touristes dont de nombreux Suisses du Nord, attirés par la douceur de cette région qui concilie avec bonheur le charme italien et l’ordre helvétique.

D’emblée, on est surpris par le désordre apparent du paysage où partout affleure la roche, laissant peu d’espace aux pâturages et à l’agriculture. Le Tessin, qui est aussi une rivière dont le cours dessine l’épine dorsale liquide du canton, perd rapidement son cours turbulent pour s’apaiser dans des gorges plus évasées où se multiplient les châtaigniers. Lorsqu’enfin elle s’écoule dans la plaine, là où les saules alternent avec les mûriers et les noyers, où les vignes s’étalent sur des claies entre des blocs de granit rose, alors seulement le bleu de l’eau prend des accents émeraude qui annoncent les lacs que se partagent l’Italie et la Suisse.

Au Tessin, on parle italien, on mange italien, on vit à l’italienne. Au-delà d’une organisation bien rôdée à la mode helvétique, on sent vibrer la vivacité d’une culture qui puise ses racines dans le sud romain. Bellinzona, chef-lieu du canton, affiche clairement ce mélange hybride d’art médiéval austère teinté de style florentin. Trois châteaux, alignés à différents niveaux, barrent la vallée, pour rappeler que le site était autrefois le gardien des routes empruntées par les armées et les marchands. Une longue muraille à mâchicoulis, qui encadre des ceps de vigne, court le long de la montagne, reliant les trois citadelles.

Eden montagnard

Au-delà du rempart du St-Gothard, le Tessin apparaît comme un long appendice entaillé, dans sa partie septentrionale, de hautes vallées étroites, jalonnées de pierres: celles de ses villages, de ses ponts en dos d’âne, de ses églises. Les kilomètres y serpentent en épingles à cheveux et les routes s’envolent vers des hameaux perdus à moins qu’elles ne se faufilent dans un autre vallon encore plus étroit.

  • Un chalet traditionnel du Tessin avec ses anciens objets usuels posés le long de la façade fleurie. (Charles Mahaux)

Balade en vert et gris, entre le vert des prés et des forêts de châtaigniers et le gris des rustici, ces maisonnettes villageoises rudimentaires recouvertes de toits de lauze, ces lourdes pierres plates posées sur d’épaisses poutres taillées dans les châtaigniers. Lodano, Bosco, Bignosco, Cevio, Mogno, Fuzio, autant de hameaux séculaires, serrés autour de leurs clochers et suspendus entre ciel et rivière. Chaque village est habité par le silence d’une vie tranquille et feutrée, à l’abri des murets de schiste qui abritent des carrés de légumes, des massifs d’hortensia bleus et roses ou encore la treille accrochée aux minces colonnettes de granit plantées pour surélever la vigne.

Ce souci de préserver une culture ancestrale a nourri la créativité de certains. C’est le cas de Mario Botta, ce fils du Tessin, architecte de renom, dont le palmarès est riche d’innombrables réalisations prestigieuses. Quand il construit dans sa terre natale, celle-ci lui inspire des compositions hardies qui se fondent pourtant dans le paysage. La chapelle alpine de San Giovanni avec sa façade concave et son parement bicolore, pierre grise de Riveo et marbre blanc de Peccia, deux villages du Tessin, raconte une résistance qui se veut symbolique face à la puissance de la montagne qui a détruit l’église précédente et une partie du village lors d’une avalanche. Hommage émouvant à la pierre qui a façonné le paysage et la vie des Tessinois au fil des siècles.

Deux perles bleues

Depuis le St-Gothard, la montagne dévale vers les eaux cristallines des lacs. Le ciel s’y reflète au fil des heures en un camaïeu de teintes, du bleu cobalt au gris acier. Sur la rive du lac Majeur, les maisons colorées aux tons pastel s’accrochent au flanc de la montagne, offrant une vue imprenable sur le lac sillonné par des bateaux de plaisance. Les nombreuses résidences de style baroque et néoclassique qui dessinent les bourgades de Locarno et d’Ascona surprennent après l’âpreté des habitations dans les vallées du Nord. Tout ici invite à la détente. Une promenade dans les ruelles de Locarno permet de découvrir des patios secrets, autant de jardins où croissent palmiers, lauriers roses et camélias. Ascona, sa voisine plus tropézienne, est aujourd’hui le paradis des peintres et des photographes dont les galeries attirent les touristes argentés.

Les distances sont courtes dans le Tessin, à peine 45 km séparent Locarno de Lugano. La canicule qui pèse sur la région lève des voiles de brume qui masquent les cimes des montagnes. Posée dans un écrin de verdure, lovée entre deux collines, Lugano se mire dans les eaux de son lac. Avec ses palaces luxueux et ses villas roses, ocre et jaune paille, avec ses ruelles piétonnes bordées de maisons patriciennes, Lugano a tout d’une ville de villégiature. Pourtant son attrait majeur reste le lac, d’aspect plus intime et plus sauvage que le lac Majeur. Une excursion en bateau mène d’un port à un autre, qui surgissent tous comme autant de villages construits au ras de l’eau. Une pause à Morcote est une invitation au farniente tout en offrant la possibilité de rencontrer l’âme du village pour ceux qui ont le courage d’escalader les marches éclaboussées de soleil qui mènent à l’église haut perchée de Santa Maria del Sasso, baroquisée à la mode italienne.

Infos pratiques

Infos. Deux sites utiles: www.ticino.ch ou www.myswitzerland.com ou l’office de tourisme suisse au numéro gratuit 00800 100. 200.30

Y aller. Le canton du Tessin est à environ 750 km de Paris. Attention à ne pas oublier d’acheter à la frontière la vignette qui permet de circuler sur les routes suisses. Elle est valable toute l’année. La Suisse n’a pas encore adopté l’euro, il faut donc acheter des devises suisses.

Budget?  La Suisse est chère et pourtant le Tessin offre des infrastructures qui s’adaptent à toutes les bourses, entre camping, rustico et palace. Il faut compter un prix moyen de 50 euros par nuit et par personne pour une chambre d’hôtel et un minimum de 15 euros pour un simple repas.

Où loger?  La pension Ca’Serafina (www.caserafina.com) à Lodano offre le confort douillet d’une typique maison tessinoise au cœur d’un village préservé à une quinzaine de km de Locarno. L’accueil y est personnalisé et le petit déjeuner pris dans le jardin sous la treille est une délicieuse expérience. Dans la région de Lugano, on peut choisir la formule du Wellnesshotel Serpiano (www.serpiano.ch) niché dans la région du Mont San Giorgio, qui a été reconnu patrimoine mondial par l’Unesco pour sa grande valeur paléontologique. La terrasse de l’hôtel offre une vue magnifique sur Morcote et le lac de Lugano.

Gastronomie. Puisant dans ses racines paysannes qui laissent la part belle aux produits du terroir, la cuisine italienne demeure sous influence italienne. Le meilleur moyen de la découvrir est de s’installer dans un grotto, ces tavernes populaires aménagées dans la roche et disposant d’une terrasse ombragée avec des tables et bancs de granit. La polenta y accompagne tous les mets. Il faut aussi goûter au piatto ticinese qui offre charcuteries et fromages locaux, à accompagner de merlot del Ticino, vin rouge ou blanc.

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