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Avignon On and Off

In Avignon

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
19.07.2014
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  • Olivier Py après le discour d’ouverture. (Christophe Raynaud De Lage)

Entre la volonté de soutenir les intermittents et le désir de lever le rideau, la 68e édition du festival d’Avignon a repris les présentations sous la direction du nouveau directeur Olivier Py.

C’est avec le magnifique discours de Victor Hugo énoncé devant l’Assemblé constituante le 10 novembre 1848 pour dénoncer une réduction de budget menaçant les arts, les lettres et les sciences, que les comédiens de la pièce Orlando d’Olivier Py ont choisi  de soutenir le combat des intermittents.

Dans ce discours, connu sous le titre Questions des encouragements aux lettres et aux arts, Victor Hugo clame que brader la culture serait saboter la gloire de la nation.

«Personne plus que moi, messieurs, n’est pénétré de la nécessité, de l’urgente nécessité, d’alléger le budget», dit Victor Hugo qui continue, «Seulement, le remède à l’embarras de nos finances n’est pas dans quelques économies chétives et détestables». Puis ajoute-t-il, «Que penseriez-vous, messieurs, d’un particulier qui aurait 500 francs de revenus, qui consacrerait tous les ans à sa culture intellectuelle, pour les sciences, les lettres et les arts, une somme bien modeste, 5 francs, et qui, dans un jour de réforme, voudrait économiser sur son intelligence six sous». C’est dans ce même discours que Victor Hugo explique: «On pourvoit à l’éclairage des villes, on allume tous les soirs, et on fait très bien, des réverbères dans les carrefours, dans les places publiques; quand donc comprendra-t-on que la nuit peut se faire dans le monde moral et qu’il faut allumer des flambeaux dans les esprits?»

Certes un admirable texte que nous a laissé-là Victor Hugo, tellement d’actualité.

Mais à la grande déception des spectateurs, quand ce n’était pas la grève qui menaçait le bon déroulement des spectacles, c’était la pluie qui a causé l’annulation de plusieurs représentations, ce qui n’a pas empêché l’effervescence du festival «off».

Dommage que certains théâtres, dans leur obsession de gagner le plus d’argent possible à ce moment précieux et rentable de l’année, présentent des spectacles à la chaîne et pressent les artistes de libérer la scène avant même qu’ils n’aient fini de jouer.

Mais, passons à des moments plus heureux.

  • Anne Alvaro et Xavier Gallais dans Le Prince de Hombourg. (Christophe Raynaud De Lage)

Le Prince de Hombourg à la Cour d’honneur du Palais des Papes.

Olivier Py, le nouveau directeur du festival d’Avignon, renoue sa filiation avec Jean Vilar le fondateur du festival. Pour marquer ce lien il a choisi d’ouvrir la 68e édition du festival avec Le Prince de Hombourg à la Cour d’honneur du Palais des Papes. Une pièce emblématique qui a été présentée au même endroit en 1951 sous la direction de Vilar avec Gérard Philippe et Jeanne Moreau.

Heinrich von Kleist a écrit la pièce en 1811 dans une Allemagne troublée par les guerres napoléoniennes. Le prince de Hombourg, absorbé par le rêve n’est pas attentif aux ordres donnés aux soldats, il remporte le combat en ayant désobéi sans même le savoir. Il est condamné à mort par son oncle le Grand Électeur. Pour le metteur en scène italien Giorgio Barberio Corsetti l’histoire est plus qu’une histoire de guerre: «C’est la lutte entre le désir et la loi, entre la liberté et la nécessité d’obéissance et avec une poésie qui résonne… Le rêve du prince commence avec ce paradis d’Eros d’où il est lancé dans la vie. Dans cette épreuve, qui est toute l’histoire, il y a encore cette idée de la lutte entre le désir et la loi.»

Sur le choix de Xavier Gallais dans le rôle du prince, Corsetti dit: «J’ai toujours pensé à un prince qui n’est pas seulement beau et romantique mais aussi maladroit et pas à l’aise dans la vie.»

Dans cette pièce jouée dans la Cour d’honneur où parfois les acteurs et leurs voix restent perdus dans l’espace, les spectateurs n’oublieront pas certaines scènes remarquables pleines d’énigme et de poésie. La splendide scène qui entame la pièce, le paradis d’Eros – inspirée de la Grèce antique que Kleist admirait – dans laquelle des hommes nus sortent par des trappes pour habiller le prince et l’envoyer dans le monde. Mémorables sont la scène de la chevauchée avec l’énorme cheval projeté sur le plateau et le mur du Palais des Papes, la scène des gorgones projetées sur le mur et qui ont des fenêtres éclairées à la place des yeux et bien évidemment la scène finale où selon Corsetti: «C’est comme si la seule manière pour le désir de se plier à la vie est de devenir une marionnette».

  • The Humans dans l’atelier de Charles Rey. (Christophe Raynaud De Lage)

The Humans

De cette première semaine du festival d’Avignon le public n’oubliera pas quelques scènes de la pièce déjantée The Humans qui a ouvert, malgré elle, le festival le 5 juillet, un jour après la première prévue.

The Humans est la première pièce du plasticien Alexandre Singh inspirée d’une gamme de figures littéraires dans une comédie satirico-surréaliste inspirée par le poète Aristophane. Singh raconte la genèse située dans le laboratoire-atelier de sculptures grecques dans lequel deux esprits, l’apollinien Charles Rey et la lapine dionysiaque N de Nesquik, créent les humains. Dans un décor gréco-futuriste, Alexandre Singh mélange la comédie musicale et la danse baroque avec des références poético-philosophiques dans un bavardage à la Woody Allen.

Avignon On and Off: Off Avignon

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