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Vente d’armes à la Russie: intérêts économiques contre raison diplomatique

Écrit par Caroline Chauvet, Epoch Times
28.07.2014
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  • La délicate question des intérêts économiques partagés, face aux violations du droit international d’un pays comme la Russie, est à l’ordre du jour pour la France avec ses deux contrats de vente de porte-hélicoptères Mistral à Moscou. (Jean-Sebastien Evrard/AFP/Getty Images)

«Le marché a été conclu en 2011, le bateau est quasiment achevé et doit être livré en octobre. [...] Les Russes ont payé. Il faudrait qu’on rembourse 1,1 milliard d’euros», expliquait le président français François Hollande lors d’un dîner de l’Association de la presse présidentielle le 21 juillet.

Alors que les tensions avec la Russie ont atteint un nouveau sommet avec le crash du vol MH17 au-dessus de la région des séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine, Paris veut maintenir son contrat de vente de deux porte-hélicoptères Mistral à Moscou.

Construits sur le chantier naval de Saint-Nazaire, ces imposant navires représentent un revenu important pour la France ainsi qu’une source d’emplois. Déjà, 400 marins russes sont présents sur place depuis le 30 juin pour se familiariser à la manoeuvre des deux bateaux.

 

Le 17 juillet, le Parlement européen s’était pourtant prononcé en faveur d’un embargo sur les ventes d’armes à la Russie, incluant les deux porte-hélicoptères. Réunis à Bruxelles, les ambassadeurs des 28 États membres prévoient également de durcir les sanctions contre la Russie.

Entre raison diplomatique et intérêts économiques, la France a donc opté pour la seconde option, suscitant l’ire des États- Unis et de l’Angleterre.

Washington et Londres en colère

Le président Barack Obama avait déjà fustigé la vente des deux navires à la Russie début juin; critiques renouvelées fin juillet contre la France. Pour le département d’État américain, la vente des deux Mistral est «totalement inappropriée».

Outre-Manche, le Premier ministre David Cameron se veut intransigeant: «La Russie ne peut pas s’attendre à continuer à bénéficier de l’accès aux marchés européens, au capital européen, à la connaissance et au savoir-faire technique européens alors qu’elle alimente le conflit chez l’un de nos voisins européens», a-t-il déclaré devant la Chambre des communes.

«Il nous faut faire pression, avec tous nos partenaires, pour dire que nous ne pouvons continuer à faire des affaires comme à l’accoutumée avec un pays qui se comporte de cette façon». Pour le chef de file des conservateurs britanniques, il est «impensable» que la France maintienne ses contrats d’armements avec la Russie.

Si François Hollande reste intransigeant sur la livraison du premier bâtiment, le Vladivostok, il se montre cependant prêt à faire des concessions quant au second navire, le Sébastopol. Pour le chef de l’État, tout dépendra de «l’attitude de la Russie».

«Commencez par faire le ménage chez vous»

En Europe, la France n’est pas la seule puissance à maintenir des liens économiques avec le voisin russe. «Commencez par faire le ménage chez vous», a répondu le Premier secrétaire du Parti Socialiste Jean-Christophe Cambadélis à David Cameron, dans le Financial Times.

Le journal The Times mentionne en effet un rapport parlementaire dévoilant l’existence de «285 licences délivrées par le gouvernement britannique pour des ventes d’armes à la Russie, pour un montant de 130 millions de livres (environ 165 millions d’euros)». Le quotidien précise cependant que «34 de ces licences ont été suspendues entre mars et mai dernier après l’introduction de l’interdiction des exportations d’armes qui pourraient être utilisées contre l’Ukraine».

Mais la vente d’armes à Moscou n’est que secondaire dans les liens qui unissent la Grande-Bretagne à la Russie. En effet, Londres est connu pour être une place financière très accueillante pour les capitaux russes. Enfin, l’autre grande puissance économique européenne qu’est l’Allemagne possède de forts liens dans le secteur énergétique avec la Russie, notamment avec Gazprom, l’entreprise russe de gaz naturel.

Entre une volonté diplomatique de sanctions et des intérêts économiques forts et divergents, les États membres de l’Union européenne ont toujours de la peine à faire bloc face à la Russie.

 

 

 

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