Chercher un financement pour sa PME n’est pas nécessairement chose aisée, d’autant plus que la mise en œuvre des accords de Bâle 3 devrait entraîner une contraction des crédits aux PME/ETI via une plus grande sélectivité. Néanmoins, de nouvelles perspectives s’offrent aux entrepreneurs, d’Enternext, plateforme boursière ayant vocation à «tripler les introductions en Bourse» de ces structures, selon son directeur Dominique Cerutti, aux fonds européens, de plus en plus actifs. Décryptage.

Un système désuet…

Si le crédit bancaire compte pour plus de 90% des sources de financement des PME et ETI, représentant tout de même 690 milliards en 2013, les entreprises se sont aperçues, depuis la crise de 2008, de la nécessité de diversifier leurs sources, d’autant plus que la mise en œuvre de Bâle 3 risque de contraindre les crédits. Pour ne rien arranger, le besoin de financement des PME dans les cinq années à venir est très important, entre 450 et 800 milliards d’euros selon S&P, et le système ne répond plus à la diversité de leurs besoins et manque de solutions plus adaptées en termes de condition d’accès, de coût, de taille et de maturité.

De nombreuses solutions sont évoquées. Paris Europlace a par exemple publié un rapport sur le financement en dette des PME/ETI en France. Ce rapport affirme la nécessité pour les PME de trouver des sources de financement complémentaires, au rang desquels les placements privés. Ces placements, peu contraignants, ne nécessitent pas de cotation ou de notation. Pour autant, ce marché du placement privé apparaît superficiel en France, surtout lorsqu’on le compare aux marchés des placements privés allemands et américains, bien plus importants.

…qui demande de nouvelles solutions

Dès lors, quelles solutions s’offrent aux PME? Une source de financement moderne et efficace pourrait être celle d’Enternext. Filiale d’Euronext dirigée par Dominique Cerutti, Enternext s’adresse aux PME-ETI dont la capitalisation boursière est inférieure à un milliard d’euros. «Il s’agit d’accompagner les patrons de PME qui sont en mal de financement, et donc de les aider à lever des fonds sur les marchés», explique-t-il très clairement. Près de 800 sociétés, déjà cotées en Bourse auparavant, ont déjà été transférées sur ce nouveau marché depuis les quatre marchés européens NYSE Euronext (France, Belgique, Pays-Bas et Portugal). Et les nouvelles introductions, ou IPO, ne se font pas attendre.

«Depuis sa création en mai 2013, nous avons enregistré 47 introductions en Bourse sur nos quatre places européennes, pour un total levé de plus de 1,8 milliard d’euros. Cette vague d’IPO est aussi remarquable par sa diversité sectorielle: sociétés industrielles, cleantechs et technos sont présentes», se félicite Eric Forest, patron de la Bourse des PME-ETI. Pour attirer les entreprises sur cette nouvelle place, NYSE Euronext a baissé ses tarifs d’introduction en bourse pour le segment des PME-ETI: 50% sur les frais de transfert et 10% sur les frais de cotation. Pour attirer les investisseurs, le groupe compte sur un avantage fiscal: les sommes placées sur EnterNext seront déductibles des impôts.

Ces initiatives semblent également s’inscrire dans le climat favorable aux PME à l’échelle européenne. En effet, la Commission européenne et le Fonds européen d’investissement ont aussi conclu un accord, COSME, pour offrir des garanties de prêt et de capital risque aux banques. L’objectif est celui d’inciter ces dernières à octroyer des prêts aux petites et moyennes entreprises, qui manquent cruellement de financement. Cet accord devrait permettre de libérer jusqu’à 25 milliards d’euros pour les PME au cours des sept prochaines années. «Grâce à COSME, les PME européennes auront bientôt accès à un maximum de 25 milliards d’euros de financement supplémentaire, sous la forme de garanties de prêts et de fonds propres. C’est un élément important de l’action de l’UE en vue de résoudre les problèmes bien connus que rencontrent les PME pour obtenir un accès au crédit», affirmait Ferdinando Nelli Feroci, le nouveau commissaire à l’industrie et à l’entreprenariat.

Daniel Fauvert est consultant indépendant en stratégie, après avoir longtemps officié au sein d'un célèbre cabinet originaire du Massachusetts.