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The Trip to Italy

Mémorable virée british

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
19.08.2014
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  • L’Italie laisse voir quelques-uns de ses plus beaux atours entre les accrochages sympathiques de Steve Coogan et de Rob Brydon. (Les Films Séville)


À mi-chemin entre L’autre midi à la table d’à côté, diffusée sur Radio-Canada, et le «duo-confrontation» français de Fabrice Luchini et Lambert Wilson dans le film français Molière à bicyclette, Trip to Italy est tout aussi savoureux que le premier film The Trip (2010). Ce deuxième opus met en vedette Steve Coogan (Philomena, Alan Partridge: Alpha Papa) et Rob Brydon (MirrorMask, Lock, Stock and Two Smoking Barrels). Ils reviennent avec la suite de leurs aventures culinaires, où les différences mineures sont l’arrière-fond italien et les quelques couleurs, présentations et contenus dans les assiettes. Vous pourriez même voir le film de 2014 et voir le premier par la suite, et cela ne ferait à peu près aucune différence. Il faut mentionner que l’Italie est plus lumineuse que les paysages gris de l’Angleterre bien dépeints dans le premier film. On pourrait comparer les deux longs métrages à deux épisodes d’une série télé. En réalité, la télévision BBC a présenté justement ces deux films sous forme de série télé.

Deux Britanniques, à la carrière artistique similaire et ayant une relation amicale quelque peu antagonique, se retrouvent ensemble une deuxième fois, en Italie, pour critiquer le menu de six restaurants dans six villes pour le journal The Observer.

L’humour british demeure ce qu’il y a de meilleur que le film a pu mettre de l’avant, tandis que la virée de restaurants et les quelques visites touristiques sont de frêles prétextes. Le tout réussit drôlement à tenir la route. Le choix des imitations de Rob (Al Pacino, Michael Caine, Sean Connery, Roger Moore, Michael Bublé, Anthony Hopkins, etc.), qui sont parfois drôles parce qu’il en abuse, est toujours étroitement lié à ce qui se passe dans la culture britannique, mais aussi américaine. Un des moments les plus savoureux est la délicieuse critique des voix du film The Dark Knight Rises par les deux acteurs.

Il faut dire que ces allers-retours Grande-Bretagne et États-Unis font partie des conversations un peu plus sérieuses des deux protagonistes dans le film, jouant eux-mêmes avec un certain décalage où le flou s’installe entre leur vie réelle et la fiction. Ils intègrent aussi avec finesse bien des références italiennes jusqu’à aller à faire des comparatifs à leur propre situation, à leur propre existence, abordant leur quête de romance. Un élément étranger, mais cocasse, vient se greffer à l’ensemble : l’un des premiers albums de la chanteuse canadienne Alanis Morissette constitue la trame sonore lorsqu’ils sont sur la route.

  • Duo malgré eux, Steve Coogan (à gauche) et Rob Brydon (à droite) (Les Films Séville)

L’humour constamment présent, ficelant de grands moments d’improvisation, a cette particularité d’arriver à faire rire, mais jamais au moment où l’on peut s’y attendre. L’humour est pour la plupart du temps utilisé comme une arme autant offensive que défensive pour les deux «amis par dépit» : ils s’en servent d’abord pour désamorcer une série de bombes émotionnelles qui pourraient leur exploser en plein visage à tout instant. On sent un terrible mal de vivre, un mal de vieillir chez le duo, encore plus dans The Trip in Italy que dans The Trip. Les sujets de conversation peuvent passer du très léger à des partages plus ou moins profonds.

Le processus du développement des personnages du réalisateur Michael Winterbottom (The Killer Inside Me, A Mighty Heart) est quelque peu mystérieux : il les fait stagner, il empêche leur évolution. Bien que le comique sauve la face de Steve et Rob à chaque instant, il a pourtant dressé la table avec une dramatique efficace depuis The Trip, voire depuis son film Tristram Shandy: A Cock and Bull Story, où l’idée de voir Coogan et Brydon se chamailler est née. Au grand malheur des cinéphiles, il ne fait pas progresser son scénario. On est au neutre jusqu’à la toute fin, bien que l’on puisse être témoin du dépérissement de Steve et Rob à de rares moments. Au final, on a droit à un drame au fini comique assez lent.

La force de Winterbottom est plutôt le talent de nous faire sentir le road trip, pas seulement comme expérience et genre cinématographique, mais avec le sentiment d’être en présence des deux hommes et de respirer l’Italie de pas trop loin bien qu’elle soit particulièrement secondaire.

Même si l’on sent un fond d’amitié sincère dans «l’antichimie» des personnages, cette dernière est presque inventée de toutes pièces, alors que les acteurs ne sont pas les plus grands amis du monde dans la vraie vie.

 

 

 

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