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Quand Paris (re)devient la capitale de la haute couture

Écrit par Edwige Ansah Epoch Times
24.08.2014
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Le musée de la mode de la ville de Paris nous convie à une exposition entièrement consacrée à la mode et qui met en valeur le savoir-faire de la capitale parisienne, Les années 50, la mode en France, 1947-1957.

Le Palais Galliera propose jusqu’au 2 novembre un voyage dans le temps, à l’époque où Paris, capitale incontestée de la mode, donnait le la à tous les créateurs du monde et faisait danser les revues de mode sur le tempo binaire enlevé des défilés, véritables raouts où il était indispensable de se faire voir parmi les illustres invités appartenant au gotha.

Pourtant, Paris après la Seconde guerre mondiale ne brillait pas de ses milles feux. La culture avait été disséminée et depuis la crise de 1929, la capitale de la mode avait déjà perdue un peu de sa superbe. Elle semblait avoir bien du mal à reconquérir son rôle de chef de fi le dans le domaine de la haute couture.

Mais c’était sans compter sur le savoir-faire des artisans de la mode et la créativité libérée des couturiers qui deviennent créateurs, architectes, sculpteurs pour le plus grand plaisir des femmes.

Un lien avec la mode qui a de tout temps existé

Le goût pour la mode a de tout temps existé dans la capitale française. Les cours des rois de France se révélaient souvent être le lieu où les modes se faisaient et se défaisaient. C’est Louis XIV qui fit de Paris la capitale de la mode. Par la suite, le savoir-faire des couturiers et artisans français a été fortement sollicité en France et dans le monde.

C’est à un Anglais installé à Paris, Charles Frederick Worth (1825-1885) que l’on doit l’invention, au XIXe siècle, du concept de haute couture. La tenue de l’exposition universelle de 1900 ne fera que renforcer le caractère planétaire donné à la haute couture et confirmera Paris dans son rôle de capitale de la mode.

Jusqu’à la crise de 1929, les couturiers rivaliseront pour donner une silhouette enviable à la femme, la corsetant, la décorsetant, allant jusqu’à la libérer totalement avec la «garçonne». Cette créativité interrompue en partie par la Première guerre mondiale, mais surtout par la crise de 1929 et la Seconde Guerre mondiale, allait contribuer à la richesse d’un savoir-faire dans lequel les couturiers pourront puiser dès 1947.

Une image sublimée de la femme

En effet dès 1947, les privations endurées au cours de la guerre allaient démultiplier le besoin de luxe des créateurs et de la clientèle. C’est cette créativité que le Palais Galliera nous propose de voir, dans le cadre de l’exposition temporaire, Les années 50, la mode en France, 1947-1957. Ces dix années correspondent au règne de Christian Dior, le créateur mythique, qui à lui seul représentera jusqu’à 49% du chiffre d’affaires total des exportations de la couture française.

En 1947, la collection que présente Christian Dior, avenue Montaigne, offre au public un déluge de tissus à la fois surprenant, choquant voire qui scandalise, mais conquit l’ensemble de l’assistance présent en ce mois de février. La taille marquée, les chevilles mises en valeur par un froufrou de tissus dansant, la nouvelle silhouette de la femme est née et la rédactrice en chef de Harper’s Bazaar, Carmel Snow, baptisera cette collection «New Look». La cadence sera donnée et marquera fortement l’époque et les couturiers qui interprèteront ce rythme et le déclineront au cours des défilés.

Ce déluge touchera à toute la garde-robe de la femme. Ainsi, le tailleur se déclinera en fonction de la journée ou de l’activité. Nous aurons le tailleur du matin, le tailleur de voyage… De même les robes répondront à tout un savoir-vivre. Nous aurons ainsi les robes de déjeuner, d’après-midi, de fin d’après-midi, les tenues de cocktails, les robes de soirée… Tout un rituel qui n’existe plus aujourd’hui où la garde-robe s’est considérablement simplifiée.

  • Jacques Fath, robe du soir, vers 1947.
 Satin blanc brodé de lames or et de grains de maïs, tulle de soie blanc. (Fr. Cochennec et Eric Emo/Galliera/Roger-Viollet)

Un avenir mondialisé et une mémoire à multiples facettes

En dehors de Christian Dior, de nombreux couturiers ont marqué la haute-couture en France. Cristobal Balenciaga, Jacques Fath, Hubert de Givenchy, Pierre Cardin et bien d’autres ont laissé leur empreinte. Parmi ces hommes, des femmes, Mademoiselle Chanel, Madame Carven et Madame de Grès ont su, pour les tenues de jour et de soirée, apporter une vision de la femme où le corps n’était plus modelé par une tenue, mais au contraire, on tenait compte du corps de la femme pour créer – ou sculpter pour Madame de Grès, des tenues adaptées. D’ailleurs les tailleurs de Mademoiselle Chanel et sa petite robe noire sont toujours d’actualité et les vaporeuses tenues de Madame de Grès continuent de faire rêver. Madame Carven associée à Dessès, Fath, Paquin et Piguet fera partie des précurseurs du prêt-à-porter. Aujourd’hui, la mode se décline à New York, devenue la capitale de la mode. Selon le cabinet The Global Language Monitor qui mesure depuis dix ans la popularité des villes, Paris occupe la seconde position et Londres la troisième. Dans le top dix, on trouve Los Angeles (4e), Barcelone (5e), Rome (6e), Berlin (7e), Sydney (8e), Anvers (9e) et Shanghai (10e).

La rue devient source d’inspiration et les financeurs font et défont les maisons de haute couture. Quant au business de la mode, il devient l’étalon-or qui permet de décerner le titre de capitale de la mode à une ville. La mémoire de la mode d’aujourd’hui aurait bien du mal à se retrouver au Palais Galliera, car même les couturiers français ont abandonné la coutume qui voulait que le don de modèles vienne alimenter le musée.

 

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