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Le régime chinois essaie de faire plier la presse internationale

Écrit par Joshua Philipp, Epoch Times
24.08.2014
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  • Février 2014: Kevin Lau, ancien éditeur du journal Ming Pao, gravement blessé, dans un hôpital de Hong Kong, après qu’il ait été violemment attaqué par des hommes armés de haches. (Screenshot/Mingpao.com)

Un vendeur automobile avait fait paraître une annonce publicitaire dans le journal Epoch Times. Peu de temps après, le siège du producteur automobile aux États-Unis avait reçu un appel du Consulat chinois.

Cet incident s’est passé il y a dix ans, mais ses effets agissent encore aujourd’hui. Le représentant d’une agence publicitaire a expliqué que cet incident avait convaincu son entreprise que travailler avec Epoch Times déclencherait des pressions de la part du Consulat chinois.

Le Parti communiste chinois (PCC) veut réduire au silence les médias indépendants en langue chinoise. Utiliser des pressions afin de couper les recettes publicitaires est une des principales stratégies du PCC, parmi d’autres moins subtiles.

La pierre d’achoppement des recettes publicitaires est l’agence publicitaire qui sert de pont entre les annonceurs et les médias. Il existe une demi-douzaine d’agences publicitaires aux États-Unis qui placent les annonces des plus grandes entreprises dans la presse en langue chinoise.

Epoch Times a rencontré des représentants d’un certain nombre de ces agences . Au cours d’un récent entretien, le représentant d’une agence a résumé le problème général:

«Disons que je place les publicités de mes clients dans votre journal, que dois-je faire quand je reçois des appels téléphoniques des autorités chinoises ?»

Le représentant d’une autre agence publicitaire a été encore plus direct.

Lorsqu’on lui a proposé de travailler avec Epoch Times, il a répondu: «C’est très difficile d’être le premier.»

«Mes clients ont tous des entreprises multinationales. Des affaires en Chine. C’est difficile pour moi de vous recommander.»

  • La porte des bureaux d’Epoch Times à Hong Kong après qu’elle ait été fracassée par quatre voyous en mars 2006. (Epoch Times)

Des publicités retirées à Hong Kong

Epoch Times n’est pas le seul média à voir ses recettes publicitaires réduites sous les pressions du régime chinois.

En novembre 2013, des entreprises d’État chinoises et d’autres grandes entreprises ont subitement arrêté de placer leurs publicités dans le journal indépendant de Hong Kong AM730. Selon Shih Wing-ching, le fondateur du journal, ce dernier a vu disparaître environ 2 millions de dollars de recettes publicitaires annuelles.

Dans une interview téléphonique, Shih Wing-ching a précisé: «Je crois qu’ils utilisent la même stratégie envers tous les autres médias.»

À la même période, deux grandes banques de Hong Kong ont arrêté de placer leurs publicités dans l’Apple Daily, le journal pro-démocratie de Hong Kong.

Mark Simon, directeur commercial chez Next Media, la société mère d’Apple Daily, a confié au Wall Street Journal que les banques HSBC et Standard Chartered avaient retiré leurs publicités après avoir subi des pressions de Pékin.

Jimmy Lai, propriétaire de Next Media, n’a pas répondu à nos demandes de commentaires par téléphone ou e-mail.

Le prix de l’indépendance

L’Apple Daily a été un ardent défendeur des militants pro-démocratie à Hong Kong.

Selon Mark Simon, les publicitaires se sont retirés parce que Next Media s’est intéressé aux manifestations contre l’influence grandissante de la Chine continentale à Hong Kong.

Shih Wing-ching de AM730 croit que son journal a attiré l’animosité de Pékin parce qu’une «grande partie de nos colonnes attaquent la politique de la Chine continentale, aussi bien à Hong Kong que sur le continent».

«Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi ils font cela», a expliqué M. Shih. «Ils essaient de vous influencer et les médias sont très puissants.»

«Ils essaient de faire croire que si vous ne faites pas ce qu’ils veulent, ils peuvent arrêter la parution des publicités dans votre journal», a-t-il ajouté.

John Tang, le PDG d’Epoch Times, explique pourquoi le régime chinois essaie d’exercer des pressions sur les entreprises afin qu’elles ne fassent paraître aucune publicité dans son journal.

  • Mars 2006: la police cherche des preuves après qu’une personne se soit introduite dans les bureaux d’Epoch Times et ait détruit du matériel d’impression. (Epoch Times)

«Le Parti communiste chinois sait que notre journal dira la vérité sur ce qui se passe en Chine et cela l’effraie.»

«Nous avons été créés par des gens qui ont connu la répression en Chine», a expliqué M. Tang. Nous avons connu un environnement médiatique dans lequel le PCC contrôlait ce que les gens pouvaient savoir ou non et nous voulions proposer aux Chinois et au monde entier des reportages honnêtes sur ce qui se passe en Chine.»

«Les Chinois ont confiance en nous», a-t-il ajouté. «Quand l’épidémie de SRAS s’est produite, ils savaient qu’Epoch Times leur dirait ce qui se passait réellement.»

En 2004, Epoch Times a publié une série éditoriale intitulée Neuf commentaires sur le Parti communiste qui présente une histoire non censurée du PCC. Cette publication a donné naissance à un mouvement de renonciation à toute adhésion au Parti. À ce jour, 174 millions de personnes ont démissionné et renoncé à leur adhésion au Parti communiste.

Des voyous déchaînés

Pour réduire au silence les médias indépendants, le régime chinois a également recours à des stratégies plus violentes.

En juillet 2013, Shih Wing-ching d’AM730 a été attaqué dans sa voiture. Le mois précédent, une voiture avait enfoncé le portail de la maison de Jimmy Lai, le patron d’Apple Daily. Une hache et un couteau ont été trouvés sur les lieux, comme dans les films de mafia. Trois semaines plus tôt, deux hommes avaient battu Chen Ping, l’éditeur d’iSun Affairs, alors qu’il sortait de son bureau.

En février 2014, Kevin Lau, l’éditeur aux idées libérales du quotidien en langue chinoise Ming Pao, a été agressé à coups de couteau. Pour certains observateurs de Hong Kong, il s’agissait d’un acte typique des Triades – faire passer un message en mutilant, sans tuer la victime.

Fin juillet, Home News, un des plus grands sites pro-démocratie de Hong Kong, a retiré de ses pages la totalité de ses archives. À la place a été publié un simple message d’un des fondateurs, Tony Tsai, qui faisait vaguement référence à un environnement croissant de «pression politique» et de «peur» à Hong Kong.

John Tang a témoigné de la façon dont le PCC essaie d’intimider les journalistes.

Il a expliqué que quelques mois après le lancement d’Epoch Times en 2000, une dizaine d’employés du journal avaient été arrêtés en Chine. Certains ont purgé des peines de plus de 10 ans de prison. Les autres ont été gravement torturés.

  • Le Dr Peter Yuan Li, quelques heures après avoir été ligoté et battu par des agresseurs qui n’ont pris que des ordinateurs et des documents dans son domicile d’Atlanta en 2006. (Epoch Times)

«Des voyous ont essayé à plusieurs reprises de s’introduire dans notre imprimerie à Hong Kong. En 2006, des voyous ont pénétré par effraction au domicile  de notre responsable informatique, l’ont tenu sous la menace d’une arme à feu, l’ont ligoté et l’ont violemment battu. Ils n’ont volé que ses ordinateurs», a raconté John Tang.

«Les sites Internet de notre journal se font attaquer et nos journalistes reçoivent parfois des menaces de mort», a-t-il ajouté.

L’auto-censure des médias internationaux

Depuis des décennies, le PCC cherche à dominer les médias en langue chinoise. Récemment, les médias anglophones ont commencé à être confrontés aux mêmes choix difficiles déjà connus d’Epoch Times, AM730 et Apple Daily.

Bien entendu, les journalistes internationaux savent depuis longtemps qu’il y a des règles strictes sur la manière d’écrire sur la Chine. Le PCC récompensait les médias qui présentaient des articles favorables et punissait ceux qui lui déplaisaient.

Mais cela se passait principalement en coulisses. Fin 2013, les intimidations du PCC sont devenues publiques.

Selon le New York Times, en novembre 2013, le régime chinois a menacé le groupe Bloomberg de geler ses comptes financiers en Chine continentale à cause d’un article d’investigation et Bloomberg a supprimé cet article. En décembre 2013, des journalistes de Bloomberg et du New York Times se sont vus temporairement refuser leur visa pour la Chine suite à leurs reportages critiques.

Les efforts du PCC pour censurer les articles parlant du régime chinois a suscité de longs débats hors de Chine: un média doit-il sacrifier ses principes afin de pouvoir travailler en Chine?

Pour Shih Wing-ching, cette question n’a qu’une seule réponse.

Il a expliqué que préserver l’indépendance de son journal est une simple question de principes. «Je préférerais fermer mon entreprise plutôt que d’être utilisé par les autres»,a-t-il précisé.

John Tang a conclu: «En diffusant des reportages honnêtes sur la Chine, nous aidons la Chine à avancer vers un meilleur avenir. Tout le monde devrait abandonner ses peurs et suivre cette idée.»

 

 

 

   

 

     

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.