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Le pays de Poperinge si proche de la France

Écrit par Christiane Goor, Charles Mahaux, Epoch Times
25.08.2014
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  • Le village d’Abele abrite quelques vieilles fermes complètement restaurées. (Charles Mahaux)

À une dizaine de kilomètres de Poperinge, une kyrielle de petits villages s’étale paresseusement de part et d’autre de la «Schreve», la frontière franco-belge. Telles des sentinelles, les massives tours carrées des clochers d’églises annoncent qu’ici, trop souvent autrefois, il fallut se défendre.

La plupart des paisibles étangs, cernés de saules étêtés, qui jalonnent la campagne, sont des vestiges de cratères de bombes camouflés. Mais partout aussi se raconte un formidable appétit de vivre qui éclate dans les estaminets, autour de la bière, des chants et des traditionnels jeux de société et d’adresse.

Au pays de Poperinge, on cultive l’âme d’une blonde spirituelle mais aussi de quelques brunes capiteuses. Près de 80% de la récolte totale du houblon belge sont produites ici. Au mois d’août, la plaine hérissée de poteaux de près de 12 mètres de haut aligne d’interminables palissades noyées dans le feuillage dense de cette liane envahissante. Les délicates fleurs blanches se sont transformées en petits cônes verts dont les glandes secrètent la substance amère qui donne à la bière son goût caractéristique et favorise sa conservation.

  • Le village d’Abele abrite quelques vieilles fermes complètement restaurées. (Charles Mahaux)

Terre de patrimoine et de traditions

Dans la campagne, la brique marie ses tons fauve, ocre ou prune pour dessiner des frises. Les volets peints habillent les fermes isolées, à l’abri derrière un rang de peupliers. Au cœur des villages se dresse l’église, refuge contre l’envahisseur, éclairée d’immenses vitraux et encerclée par son cimetière dont toutes les tombes sont tournées vers le village, comme si elles voulaient encore participer à l’animation qui y règne. À Watou, Abele, Haringe ou Vleteren, les toits à pans brisés sont coiffés de tuiles vernissées, les façades des maisons basses sont fleuries et des rideaux de dentelles ajourées égaient joliment les fenêtres à petits carreaux.

À Watou plus qu’ailleurs, on aime la fantaisie. L’été, le village qui tient tout entier dans sa grand-place, devient un haut-lieu de poésie et d’art plastique. Peintres, écrivains et musiciens l’envahissent et y laissent leur empreinte indélébile. Des galeries d’art s’improvisent dans les cafés et les restaurants. Il faut dire que le bistrot et le livre ont un point commun: ils ouvrent la parole, les langues s’y délient. Il n’est pas rare de rencontrer sur une terrasse ou au comptoir un musicien, un poète qui y célèbre en musique ou en paroles un texte en prose ou en vers.

C’est à Haringe que les Flamands ont choisi de se souvenir que le pays vivait autrefois de la contrebande, un métier lucratif tué par la création de l’Union Européenne et de l’espace Schengen. Impossible d’ignorer la statue de Charles le Fraudeur qui porte sur son dos un sac à double fond. Aujourd’hui, les nostalgiques aiment à évoquer les souvenirs de la belle époque, quand chaque famille se faisait un devoir de narguer les douaniers. Qui ne connaît l’exploit de celui qui passait la frontière avec une charrette à bras tirée par des chevaux qui ne revenaient jamais au pays, ou encore avec un tonneau de purin rempli de cochons dont on avait barbouillé le museau de savon mou pour les empêcher de grogner. Pour célébrer cette époque glorieuse, chaque année en septembre, juste avant la récolte du houblon, un grand jeu de nuit est organisé. Des contrebandiers en herbe doivent parcourir à pied les 20 kilomètres qui séparent Haringe du légendaire café de Marc, «Au Nouveau St-Eloi», pour y livrer un sac de sable en évitant d’être arrêtés par la meute de douaniers éparpillés dans la campagne. Le vainqueur se voit attribuer pour un an le titre glorieux de Charles le Fraudeur.

  • Au café Nouveau St-Eloi les murs peints racontent ce que fut l’époque glorieuse de la contrebande.(Charles Mahaux)

À la bonne franquette

«Au Nouveau St-Eloi» n’est pas le seul café installé sur le chemin mitoyen qui matérialise aujourd’hui l’ancienne frontière. Ce sont ces bistrots sans chichi, logés en pleine campagne, que fréquentaient autrefois les contrebandiers qui arpentaient le pays avec des paquets de tabac cachés sous la veste. Il faut dire qu’ils ne pouvaient jamais être arrêtés quand ils étaient au milieu de la route mitoyenne… Ces troquets ne sont sans doute plus des lieux de trafic et ils ont également perdu la réputation sulfureuse dont ils jouissaient au début du siècle dernier. Au fil des ans, les estaminets ont gagné en crédibilité. Ils sont devenus un véritable creuset de la vie sociale, de part et d’autre de la frontière. Les Flamands du Nord de la France sont étroitement associés aux Flamands du Westhoek, comme le beurre l’est au pain. Ici, on parle les deux langues et on se reconnaît dans une même identité culturelle.

La porte s’ouvre, l’ambiance est toujours feutrée dans ce décor de bois sombre et épais. Les murs sont dévorés par un amas d’objets chinés dans les brocantes: paniers à lin, crachoir, publicités jaunies, cafetières émaillées, balances bancales, etc. Des tresses de houblon séché sont accrochées au plafond, des guirlandes de saucisse pendent au-dessus du zinc, des sets de table à carreaux rouge et blanc recouvrent les tables en bois grossier. Des chopes circulent, une serveuse au visage rond qui semble sortir tout droit d’un tableau de Breughel, passe, les bras chargés de planches garnies de tartines de lard. Quelqu’un alimente un vieux juxe-box mais la musique est étouffée par les bruissements de conversations et les éclats de rire.

Car, pour dérider l’atmosphère, des jeux traditionnels en bois complètent la panoplie du parfait estaminet. L’important n’est pas de gagner mais de s’amuser en bonne compagnie. Faire glisser des palets, lancer des fers à cheval, souffler avec une poire en caoutchouc sur des billes de liège ou faire tomber des quilles, autant de jeux d’adresse et de persévérance que propose un estaminet digne de ce nom. Façonnés en bois, ils ont cette belle patine des vieux objets souvent caressés. Même s’ils peuvent se pratiquer à l’extérieur aussi, leur côté miniature et léger les prédestine souvent à la table du bistrot où ils trouvent leur place entre le verre de bière et une assiette garnie de tartines. Des jeux qui réunissent tout le monde, du plus jeune aux plus âgé. Toute une culture de convivialité, oubliée depuis que les flippers électroniques ont fait irruption dans les troquets.

Et parce qu’il faut mériter son paradis, la campagne est jalonnée de chapelles fleuries qui balisent tous les itinéraires qui mènent d’un estaminet à l’autre, comme si l’œil de Dieu qui surveille le jardin de la Cour des Veuves à Poperinge élargissait son regard au-delà des murs du béguinage pour rappeler à l’ordre ses ouailles grisées par les doux effluves de la bière.

Infos pratiques:

Situation: Poperinge se trouve dans l’extrémité sud-ouest de la province de Flandre Occidentale, près de la frontière franco-belge.

Activités: la situation de la région en pays relativement plat permet de nombreuses excursions en vélo. L’Office du Tourisme de Westhoek a édité un dépliant décrivant tous les circuits cyclotouristes de la région. Ils sont pour la plupart clairement balisés et proposent des circuits en forme de boucle. Il existe également des routes thématiques dont l’une d’elles permet de passer d’un estaminet à l’autre afin d’y prendre un rafraîchissement ou un petit repas et d’y pratiquer un ou plusieurs jeux traditionnels.

Renseignements auprès de l’Office du Tourisme de Poperinge, installé dans le sous-sol de l’Hôtel de ville, sur la Grand-Place. Site Internet www.poperinge.be. Un autre site intéressant à découvrir est le www.toerismewesthoek.be

Se loger: dans la région, rien de tel que la formule Bed&Breakfast. Un guide complet des logis en Westhoek est également disponible auprès de l’Office du tourisme. A conseiller: De Loft, à Watou (logis@lefere.be), une adresse chaleureuse, gourmande et confortable à prix doux (45€ la chambre double, petit déjeûner inclus.

Produits du terroir: les jets de houblon et la fameuse Hommelbier, riche en houblon et donc en amertume. Pour les amateurs de viande, le «hennepot» qui mêle viande de veau, de lapin et de poulet en un aspic rafraîchissant. Pour les bouches sucrées, la «Mazarinetaart», sorte de baba chaud, arrosé de beurre fondu et de canelle, à déguster avec une bierre trappiste. La brasserie ‘t Hommelhof, à Watou, sur la Grand-Place offre une petite étape gastronomique dans un décor authentique d’auberge flamande. Le menu du brasseur propose 3 plats à base de bière (www.hommelhof.be)

 

 

 

   

 

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