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Un sculpteur pour l’Empire

Un artiste complet, romantique et scandaleux

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
07.08.2014
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  • Pêcheur à la coquille, 1861-1862. (Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/ Patrice Schmidt)

Le musée d’Orsay présente, du 24 juin au 28 septembre, la carrière fugace de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), peintre sculpteur et dessinateur. Artiste préféré de Napoléon III et d’Eugénie, connu pour son sens du mouvement, les sourires de ses personnages mais aussi pour la mélancolie de certains de ses tableaux, c’est aussi un portraitiste remarquable et l’un des plus grands sculpteurs du XIXe siècle. Il incarne l’esprit romantique de l’artiste maudit et selon Alexandre Dumas, crée «plus vivant que la vie».

Depuis l’exposition aux Galeries nationales du Grand Palais en 1975, Carpeaux – l’un des artistes majeurs de la deuxième moitié du XIXe siècle – a été délaissé par les musées de France. Le musée d’Orsay propose une rétrospective qui présente des croquis et les différentes étapes dans la réalisation d’oeuvres célèbres telles: Pêcheur à la coquille, Ugolin, Le Prince impérial. L’exposition est réalisée en collaboration avec le Metropolitan Museum of Art, New York et le musée des Beaux-arts de Valenciennes.

La naissance d’un génie

Jean-Baptiste Carpeaux est né à Valenciennes le 11 mai 1827 dans une famille d’ouvriers. Il consacre des heures au dessin malgré la désapprobation de son père. À 11 ans, il part avec sa famille à Paris. Il suivra des études à l’École royale gratuite de dessin – surnommée la Petite École – avant d’intégrer en 1844 l’école des Beaux-arts. Dix ans plus tard, lui sera attribué le prix de Rome. Pour lui, c’est non seulement une consécration auprès du public français, mais aussi une carte d’entrée pour la Villa Médicis où il pourra étudier de plus près l’Antiquité et les grands maîtres italiens, Raphaël et Michel-Ange, dont il est un fervent admirateur. Il tire de ce dernier l’inspiration pour sa sculpture comme pour sa peinture.

C’est avec Pêcheur à la coquille, envoyé lors de son séjour à Rome, qu’il séduit les Français malgré les critiques de l’académie et de la presse, choqués par le thème jugé trop banal. Ugolin, chef-d’oeuvre aux traits michelangélesques, physique et tourmenté, inspiré de la Divine comédie de Dante (Enfer, chant XXXIII) suscite l’admiration de la communauté française à Rome. L’accueil du plâtre à Paris est moins enthousiaste que prévu, car il ne correspond pas aux critères de l’académie. Le groupe, qui devait être finalisé en marbre selon la tradition des pensionnaires du prix de Rome, sera finalement réalisé en bronze.

  • La Danse. (Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/ Patrice Schmidt)

Un artiste complet

Dès son retour à Paris, Carpeaux est présenté à la cour impériale de Napoléon III. Il réalisera plusieurs commandes dont la première est le buste de la princesse Mathilde. Il deviendra le professeur de dessin de la cour impériale et aura un atelier à l’Orangerie. Sa carrière fulgurante ne durera que 15 ans mais posera le jalon de la sculpture moderne et marquera la génération suivante par son naturalisme, sa sensualité, son éclectisme et son sens du mouvement.

Carpeaux sera connu et reconnu pour ses portraits chaleureux pleins de vie comme pour ses dessins de la cour des Tuileries. Il est sans doute un artiste singulier, peintre de génie attentif, à la rue comme à la cour, retraçant la vie sur le vif.

Ses oeuvres architecturales participeront également à faire sa renomée. Ses décors, souvent trop sensuels et éclectiques pour les canons académiques de l’époque, susciteront une grande controverse.

En 1864, Carpeaux obtient la commande du décor du pavillon de Flore: la France impériale portant la lumière dans le monde et protégeant la Science et l’Agriculture et le Triomphe de Flore. Dans ces oeuvres, la composition rompt le lien séculaire d’inféodation de la sculpture décorative à l’architecture. Si le relief n’est pas enlevé, c’est grâce à l’intervention de l’empereur.

Quant à La Danse, relief conçu pour l’Opéra, il ne sera pas enlevé sans doute du fait du tumulte de la guerre de 1870 et de la chute de l’empire. Là aussi, Carpeaux mêle sources anciennes et observations contemporaines, créant une audacieuse ronde de bacchantes autour d’un génie central.

Le mysticisme religieux

«J’aime avec naïveté, je crois de toutes les forces de mon âme et j’adore avec recueillement tout ce qui s’élève vers Dieu», écrit Carpeaux à la fin de sa vie.

À côté des commandes qu’il obtient, inspiré de la peinture religieuse des maîtres de la Renaissance, Carpeaux réalise des oeuvres, dessins, peintures et groupes qui expriment son mysticisme religieux. Ses vierges maternelles et protectrices – Notre Dame du Saint-Cordon – ou de douleur et de pitié – Mater Dolorosa – réunissent spiritualité et humanisme.

Carpeaux incarne l’artiste tourmenté exprimant le désespoir de la condition humaine tantôt dans ses oeuvres, tantôt dans sa vie. C’est cette dualité entre pathos et exaltation de la vie, entre tourment et désespoir d’un côté, et joie et sensualité débordante de l’autre, qui fait de lui un artiste exceptionnel qui marquera les générations futures.

Source: Epoch Times

 

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