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La gauche française peut-elle se réinventer?

Écrit par David Vives, Epoch Times
01.09.2014
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  • Arrivée du Premier ministre Manuel Valls à l’université d’été du parti socialiste à La Rochelle, le 28 août 2014. (Xavier Leoty/AFP/Getty Images)

À la Rochelle, l’université d’été accueille un gouvernement socialiste en quête de lui-même. En coulisse, les frondeurs se rassemblent. Alors que certains évoquent l’émergence d’une «crise structurelle», la gauche française redécouvre un débat de fond commencé il y a à peine une dizaine d’années, et dont les réponses n’ont jamais véritablement émergé.

«Ils n’ont pas envie de mourir une deuxième fois après les municipales». Le propos de Jérôme Guedj, président PS du conseil général de l’Essonne, décrit le désarroi grimpant d’une partie des cadres et élus locaux du parti du gouvernement qui ne voient pas d’un très bon œil le début de scission au sein du gouvernement.

À l’université d’été du PS de la Rochelle, les ministres rebelles sont priés de rester chez eux. Rebaptisés «Vive la Gauche!», la quarantaine de députés frondeurs n’accueilleront pas Hamon et Montebourg à l’université, de peur d’après Jérôme Guedj, de «ressembler à une écurie présidentielle» dont «l’image décrédibiliserait la dynamique». Le mot d’ordre a été donné, Jean-Christophe Cambadélis refuse «tout débat au sein du PS qui ait pour but de renverser le gouvernement». À ce jour, 200 députés ont signé une tribune dans Le Monde, dans laquelle ils appellent au «rassemblement» derrière François Hollande et dénoncent la quarantaine de socialistes «frondeurs».

Une autre gauche, oui, mais comment?

En 2002, le désastre des élections présidentielles qui éclipsait la gauche du second tour au profit de Jean-Marie Le Pen a profondément marqué les esprits. Cinq ans plus loin, les élections donnaient Nicolas Sarkozy vainqueur face à une gauche encore fragile. François Hollande, arbitre parmi les éléphants du parti, distribuait les bons et les mauvais points sans qu’aucune personnalité ni programme n’émerge réellement. C’était le temps du «débat de fond», de l’élaboration du «projet de gauche».

Puis vînt 2012. La droite obtient alors un de ses plus mauvais scores lors d’un premier tour (36%),  et la gauche, privée de son extrême comptabilisait 42%. Toutes les analyses prédisent la défaite de Nicolas Sarkozy. François Hollande devient alors le président du changement. Après la démission de Jean-Marc Ayrault, le remaniement récent sera donc le quatrième changement du changement.

Le pari du «non», de retour sur la scène politique

«Les Français sont porteurs, par leur histoire, par leur construction politique, d'une vision autre que la vision globale libérale du monde d’aujourd'hui. Or, nos politiques donnent le sentiment que leur seul horizon consiste à adapter le pays, a minima, à un contexte international qui n'est pas issu de notre culture», expliquait il y a une dizaine d’année Robert Rochefort, alors directeur du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie. Encore bien là, une griffe de son passé révolutionnaire jouant de nouveau les troubles fêtes. Nous sommes au sortir du «non» français au référendum européen, qui sera le début de la fin pour la nouvelle Constitution européenne.

«Non», c’est aussi la réponse de Montebourg à la politique d’austérité actuelle. L’ancien ministre marque ainsi son refus de suivre une certaine ligne européenne impulsée par l’Allemagne préconisant l’équilibre des budgets par une certaine austérité. Montebourg n’en démord pas. Ce «Charles de Gaulle de gauche», comme le surnomme le New York Times, parie sur l’alternative «made in France», même s’il faut pour cela faire front dans son propre camp.

Douze ans après le second tour des présidentielles sans la gauche, dix ans après le référendum européen, les vieux fantômes idéologiques du PS sont pourtant toujours présents, et des questions de «fond» sur le rôle de la politique socialiste sont encore remises sur la table de Matignon, avec le départ de trois ministres.

La peur de la «dérive sociale-libérale»

La gauche française serait-elle adepte d’une tendance politique qui ne dit pas son nom? Du temps où il était Premier ministre, Jean-Marc Ayrault se rêvait en social-démocrate façon allemande. Aujourd’hui, la nomination d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie semble prolonger le tournant pris depuis l’arrivée de Manuel Valls. «La gauche est censée changer le réel mais, compte tenu des contraintes, changer le réel sera compliqué», soutient le nouveau ministre, appelant la «gauche romantique» à «ouvrir les yeux».

Ce qui n’est évidemment pas du goût de l’aile gauche du PS, dont les attentes se situent bien ailleurs. D’après Yann Galut, député PS du Cher, «on voit qu’un virage social-libéral est franchement pris et cela me pose problème. Ce n’est pas sur cette ligne que j’ai soutenu François Hollande à la primaire en 2011, qu’il s’est fait élire en 2012 et que j’ai été mandaté par le PS et élu aux législatives». Le problème ne se situe peut-être que là pour les élus locaux.

Comme lui, de nombreux socialistes attendent aujourd’hui une explication de la part de Matignon sur une politique qui n’est pas, dixit le député, «dans les gènes du PS». Jean-Christophe Cambadélis, pour sa part, réaffirme qu’il ne se produira pas de «dérive sociale-libérale». D’après Jérôme Guedj, le secrétaire du parti, le PS devra aller «au bout de sa démarche».

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.