Remaniement ministériel, hausse du chômage, gel des salaires… Quelles sont les véritables aspirations des Français? Pour eux à quoi s’associe la réussite? C’est ce que le CREDOC (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) a cherché à comprendre à travers deux études, l’une nationale, «Conditions de vie et aspirations», l’autre, internationale, la World Values Survey.

Le travail et la famille, nos fondements

L’élément famille demeure le facteur d’épanouissement le plus important pour les Français et conserve la première place, puisqu’en 1990-1993, nous étions 82% à le penser, pour atteindre ensuite 89% entre 2008 et 2010.

Le travail tient une place de plus en plus centrale (67% en 2008-2010 contre 61% en1990-1993) dans nos priorités avec à cœur d’équilibrer sa vie familiale et sa vie professionnelle.

Une vie professionnelle qui permet, outre le fait de recevoir une rémunération, d’acquérir un statut social, d’être intégré dans la société tout en se procurant un épanouissement personnel. En effet, 78% des Français interrogés estiment que «pour développer pleinement ses capacités, il faut avoir un travail», ce qui les différencie nettement de leurs voisins européens: seuls 48% des Allemands, 58% des Anglais et 47% des Suédois ont les mêmes convictions.

En dépit d’un chômage élevé ainsi que d’une augmentation de contrats à durée déterminée ou à temps partiels, l’accès à l’emploi est encore considéré comme une étape incontournable dans la réalisation de soi-même. Plus, pour 71% des Français, le travail est «un devoir envers la société», contre 68% des Anglais, 64% des Espagnols et seulement 62% des Suédois. Outre le développement personnel, l’emploi est donc pour nous un devoir collectif, indispensable à la bonne marche de la nation.

Entre loisir et travail, faut-il choisir?

Et pourtant, la durée annuelle du travail en France a bien diminué: depuis 2 siècles environ, elle a été réduite de moitié! Cette baisse a été enregistrée dans la plupart des pays occidentaux, et ceci, depuis au moins 60 ans. Automatisation des chaines de production, congés payés et autres, ont permis avec les gains de productivité, une amélioration du niveau de vie des populations.

Alors, bien sûr, si l’on travaille moins, on augmente le temps libre consacré aux loisirs.

Le temps libre étant une variable complexe, fonction des individus, le CREDOC le présente ainsi: «Nous avons choisi, en nous fondant notamment sur les activités que les Français déclarent affectionner le plus, d’y intégrer les loisirs, la sociabilité (passer du temps avec ses amis, sa famille), les semi-loisirs (bricolage, jardinage, etc.), les repas (particulièrement investis en France) et le soin aux enfants.» Défini ainsi, il a été possible de mesurer ce domaine d’activité: «Le temps libre a augmenté de 47 minutes par jour entre 1986 et 2010, passant de 7h19 à 8h06. Les Français consacrent notamment 9 minutes de plus à leurs repas et surtout 37 minutes de plus à leurs loisirs.» Une augmentation du temps concomitante à celle du budget consacré à ces loisirs: il sera passé de 6,5% du budget total des ménages en 1959 à 8,1% en 2012.

Moins amateurs des pratiques artistiques (sorties culturelles, lectures), les Français apprécient davantage les activités sportives et les loisirs numériques et audiovisuels. Mais ce sont surtout les travaux manuels, les repas et le jardinage qui les placent en tête du peloton des pays interrogés: 63% des Français pratiquent des travaux manuels contre 12% des Espagnols et 13% des Italiens. Le temps moyen passé à table est de 2h15, bien plus que le Royaume-Uni (1h25) et la Suède (1h34).

Inversement, le temps consacré au sommeil et à la toilette a diminué de 12 minutes, celui consacré aux études de 25 minutes et celui dédié au ménage de 23 minutes. Le temps passé dans les transports a lui augmenté de 17 minutes.

À la question posée à propos des loisirs et s’ils sont très importants dans leur vie, seuls 34% ont répondu à l’affirmative, ce qui nous place bien loin d’autres pays européens présentant des pourcentages plus élevés. Les loisirs prennent donc une place importante dans la vie des Français à leur insu si l’on suit les résultats de ces études. En effet, à la question demandée à propos des loisirs et s’ils sont très importants dans leur vie, seuls 34% ont répondu à l’affirmative. Cela les place donc bien loin des pays tels que la Suède (55%), la Turquie (52%), la Grande-Bretagne (50%) l’Espagne (42%) ou même l’Allemagne (35%), qui semblent accorder donc davantage d’importance à leurs loisirs. Donc, contrairement à une idée reçue, les loisirs et le temps libre ne sont pas la première préoccupation des Français, mais bel et bien le travail.