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L’Économie solidaire et sociale, un secteur qui ne connaît pas la crise

Écrit par David Vives, Epoch Times
17.09.2014
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  • Ce qu’on appelle l’économie solidaire et sociale privilégiant le lien local se porte bien pendant la crise. (Frank Perry/AFP/GettyImages)

Conciliant les impératifs propres au fonctionnement d’une entreprise, comme celui d’être rentable, de développer un modèle économique sain, avec des valeurs et une quête de sens, les entreprises «solidaires» affichent une progression sûre et régulière dans l’économie française. À ce jour, l’économie solidaire (ESS) représente 8% du P.I.B et emploie un salarié sur dix.

Le secteur, en pleine expansion malgré la crise, est un véritable vivier d’emplois. Prenant parfois leurs distances avec le secteur privé et ses objectifs de croissance, les salariés et cadres de l’ESS revendiquent certaines valeurs. Celles-ci peuvent se refléter aussi bien dans le management, le contact client, la gestion financière, ou le degré d’implication des employés au sein d’une société. D’après Cyrille Chrétien, président de Ressources Solidaires, «c’est une économie du lien et pas uniquement une économie du bien». De la petite association de quartier à la grande mutuelle, en passant par l’ONG internationale, les organisations répondant de l’ESS ont aujourd’hui le vent en poupe.

Une rémunération moins forte, mais un investissement local

En moyenne, les cadres de l’économie solidaire gagnent 20% de moins que leurs homologues du privé. Pour Frédéric Massot, président du Centre des jeunes, des dirigeants, des acteurs de l’économie sociale, le secteur est tout aussi lucratif que d’autres secteurs d’activité. «Mais la principale différence est que l’échelle des salaires est moins importante», souligne t-il. L’écart entre les salaires est donc en général moins significatif. Il est à noter que s’il demeure impossible de percevoir des stock-options ou autre abondement au capital dans les organisations relevant de l’ESS, il existe des dispositifs d’épargne salariale ou de retraite pour les personnes y travaillant.

Cependant, les salariés de l’ESS consentent facilement à un revenu moins important à poste égal. D’après une étude de l’association Ressources solidaires, «80% des individus se déclarent prêts à accepter une rémunération plus faible pour travailler dans l’économie solidaire». La compensation est ailleurs. Alain Perry, responsable des systèmes d’information de France Active, réseau solidaire d’aide à la création et au développement d’entreprise, témoigne : «J’aurais mieux gagné ma vie dans le secteur privé traditionnel mais mon boulot y serait moins intéressant. Là, je gagne moins mais mon job est utile et j’ai des responsabilités que je n’aurais jamais eu ailleurs à mon âge. C’est un investissement car j’acquiers une réelle expérience que je pourrais peut-être un jour faire valoir ailleurs». Dans l’ESS, une attention plus grande est portée aux personnes, dixit Sylvie Laidet, directrice générale adjointe de l’ONG Oxfam, qui a accepté de «diviser son salaire en deux», mais qui est heureuse d’avoir «le sourire chaque matin en allant travailler». Il n’est pas rare, pour autant, de voir des salariés de l’ESS faire des allers-retours vers le secteur marchand.

600.000 postes disponibles d’ici 2020

D’après un rapport émis par l’Observatoire National et le Conseil National des Chambres Régionales de l’Économie sociale, les organisations ou entreprises de l’ESS comprenaient en 2013 une majorité d’associations (78,2%), suivies des coopératives(13,2%), des mutuelles (5,6%) et des fondations (3,1%). Ces organisations se définissent généralement comme des groupements de personnes portant un projet collectif.  67% des salariés sont des femmes, contre 60% dans le public et 40% dans le privé. Dans la définition donnée par le rapport, «la personne et l’objet social priment sur le capital».

Les auteurs portent à 600.000 le nombre de postes disponibles d’ici 2020 suite aux départs en retraites des salariés; de plus, ils estiment que 43% des employeurs devraient recruter des jeunes dans les cinq ans à venir. Les CSP+ sont également concernés: actuellement, plus d’un cadre de l’ESS sur cinq a plus de 55 ans. Ce qui porte à entre 55.000 et 70.000 le nombre de postes de cadres à pourvoir d’ici 2018.

Un secteur en pleine professionnalisation

En raison du désengagement progressif de l’État, par exemple dans l’octroi de subvention aux organisations ou en raison de fins de contrats aidés, l’ESS est lancée dans une voie de professionnalisation. Malgré leur vocation sociale, les organisations de l’ESS doivent également être très compétitives. D’après Guillaume Chocteau, délégué général de Ressources solidaires, un site spécialisé dans l’emploi de l’ESS, «les entreprises de l’ESS ont des exigences de performance car elles évoluent sur des marchés de plus en plus concurrentiels et techniques. Il leur faut donc des collaborateurs capables de faire du business et pas de simples idéalistes».

Celles-ci sont également amenées à engager un personnel qualifié pour leurs activités. «Sous l’effet de l’encadrement réglementaire progressif des niveaux de diplômes requis, notamment dans le domaine médico-social, le secteur s’est largement professionnalisé depuis de nombreuses années, et ce à tous les niveaux d’intervention», observe le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc). Le diplôme n’est pas une nécessité sur des postes tels qu’intervenants de terrain ou secrétaires. Cependant, les fonctions de directions ou d’experts requièrent souvent des titulaires de Bac + 2, voire Bac + 3 ou Bac +5. Et entre les deux, certaines fonctions intermédiaires peuvent être acquises au travers d’une formation continue prévue à cet effet.

 

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