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Les autorités chinoises semblent réagir à la publication d'un livre sur les transplantations

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
03.09.2014
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  • Page couverture du livre du journaliste d'enquête Ethan Gutmann, qui explore la question des prélèvements d'organes forcés sur les prisonniers de conscience en Chine. (Prometheus Books)

Quelques jours après la publication d'un nouveau livre au sujet des prélèvements d'organes forcés sur les prisonniers de conscience en Chine, les autorités chinoises ont diffusé une panoplie d'articles, de communiqués et de déclarations – dont certains contradictoires – dénonçant les réseaux de trafiquants d'organes, affirmant l'engagement à ne plus s'approvisionner chez les prisonniers et soulignant l'illégalité du commerce d'organes pour le profit.

Il n'est pas clair si ces communications des autorités chinoises viennent en réponse au livre The Slaughter (Le massacre), écrit par le journaliste d'enquête américain Ethan Gutmann et publié le 12 août dernier. La propagande chinoise officielle a toutefois déjà répondu de la sorte dans le passé.

Défense du système

Lors d'une conférence le 16 août dans un hôpital de Pékin, Huang Jiefu – ancien sous-ministre de la Santé et maintenant directeur du Comité de transplantation d'organes chinois – a tenté d'associer la théorie du «rêve chinois» du dirigeant du Parti, Xi Jinping, avec les espoirs d'amélioration du système de transplantation chinois.

Les propos de Huang Jiefu ont été paraphrasés : «Lorsque le rêve chinois sera réalisé, il n'y aura absolument plus de gens qui en détiennent d'autres pour prélever leurs reins, les médecins ne feront pas le commerce d'organes et les organes du système judiciaire ne seront pas la seule source d'organes. À ce moment, les donneurs volontaires qui décèdent seront la seule source d'organes.»

Le jour suivant les remarques de Huang Jiefu, Wang Yu, le directeur du contrôle des maladies au ministère de la Santé, a insisté sur la manière dont le système de transplantation chinois allait punir sévèrement ceux qui font le commerce illégal d'organes.

Wang Yu a indiqué que le système d'allocation informatisé mis en ligne en septembre 2013 devait fournir un système d'allocation d'organes «équitable, transparent et identifiable». Néanmoins, peu de données du système sont disponibles et, jusqu'à tout récemment, certains hôpitaux en Chine faisaient la promotion du tourisme de transplantation en violation flagrante des lois en vigueur.

Pour venir compliquer la situation, Huang Jiefu a également fait des déclarations dernièrement qui indiquent le contraire. «Les prisonniers dans le couloir de la mort sont également des citoyens, s'ils souhaitent donner leurs organes après leur décès ils devraient avoir le droit de le faire», a-t-il dit dans des remarques paraphrasées, ajoutant que ces organes devraient aller dans le même système d'allocation.

Ces messages confus, selon lesquels les organes des prisonniers ne devraient plus être utilisés, mais les prisonniers devraient avoir le droit de donner leurs organes, font écho à ce que Huang Jiefu a déclaré en mars dernier dans une entrevue avec un journal chinois, où il a ouvertement défendu la pratique de s'approvisionner chez les prisonniers.

«Les instances judiciaires et les ministères de la Santé locaux devraient établir des liens et permettre aux prisonniers dans l’antichambre de la mort de donner leurs organes volontairement et être ajoutés au système informatisé d’allocation d’organes», a déclaré  M. Huang, dans des commentaires paraphrasés par le Beijing Morning Post et repris à plusieurs endroits sur le web chinois.

Les chercheurs sur la question des prélèvements d'organes à l'extérieur de la Chine ont perçu les commentaires de  M. Huang en mars dernier comme une trahison de sa promesse de réformer le système.

Une question de synchronisme

En juillet dernier, en Chine, les membres d'un groupe criminel dans la province du Jiangxi qui détenaient des gens pour prélever leurs organes ont été condamnés à la prison et l'affaire a beaucoup capté l'attention. Ils ont été actifs pendant cinq mois, détenant 40 personnes et ayant effectué 23 prélèvements de reins pour empocher des profits de 1,5 million de yuans (240 000 $).

Huang Jiefu et Wang Yu ont tous deux abordé le groupe criminel, mais leurs commentaires sont survenus plus d'un an après sa découverte et près d'un mois après la condamnation. Leurs propos au sujet du système de transplantation chinois ont peu à voir avec de petits groupes criminels qui peuvent faire le trafic de dizaines d'organes, mais rien qui n'approche les dizaines de milliers d'organes que les hôpitaux militaires sont soupçonnés de prélever.

Chiffres meurtriers

Huang Jiefu a déclaré qu'en date du 14 août, un total de 2107 individus avait accepté volontairement que leurs organes soient prélevés après leur décès, générant ainsi un total de 5787 organes.

Ces chiffres doivent être comparés à 2006 et aux années précédentes, alors que les médias officiels chinois se vantaient régulièrement de pratiquer 10 000 transplantations d'organes annuellement, année après année, et il n'y avait aucun système de dons volontaires.

Lorsque questionnés sur ces chiffres, les responsables chinois ont admis que les prisonniers exécutés étaient la principale source d'organes.

Toutefois, de nombreux prisonniers chinois sont en mauvaise santé et souffrent de maladies du foie, ce qui ne fait pas d'eux de bonnes sources d'organes.

Il est très difficile de savoir précisément combien la Chine effectue de transplantations. Radio Free Asia a publié dans un article récent l'anecdote d'une vice-présidente d'une compagnie de soins de santé, identifiée seulement par le nom Lin.

«J'ai demandé personnellement à un chirurgien spécialiste des transplantations du foie à ce sujet. Il m'a dit qu'il en avait effectué 100 dans l'espace de seulement trois mois à son hôpital, qui ne se trouve même pas dans une grande ville. Si vous extrapolez cela aux quelque 50 centres de transplantations dans tout le pays, on parle de 18 000 transplantations par année», indique Lin.

Si les transplantations viables de prisonniers exécutés ne représentent que quelques milliers par année, et que les dons volontaires sont beaucoup moindres, alors d'où provient le reste des organes?

 

«Le massacre»

The Slaughter, le livre récemment publié, fournit une réponse troublante : les organes viennent principalement des prisonniers de conscience, la plupart des pratiquants de Falun Gong, une discipline spirituelle persécutée en Chine depuis 1999.

 

Parmi les preuves recueillies par Ethan Gutmann pour arriver à cette conclusion, on retrouve des entrevues avec des réfugiés qui ont subi des examens médicaux relatifs aux organes; l'analyse des données chinoises et de déclarations de responsables; des appels en Chine enregistrés secrètement; et le témoignage d'un chirurgien taïwanais renommé,    Dr Ko Wen-je, qui affirme que des médecins chinois se sont vantés qu'ils pouvaient fournir des organes prélevés sur des pratiquants de Falun Gong.

Puisque les autorités chinoises n'apprécient pas la révélation de telles informations, il est possible que les récentes déclarations de Huang Jiefu et Wang Yu visaient à contrer la mauvaise publicité générée par le livre.

Il s'est produit quelque chose de semblable en 2012. Peu après la révélation d'allégations que le chef de police de la mégalopole de Chongqing, Wang Lijun, était responsable de milliers de transplantations d'organes, utilisant probablement des pratiquants de Falun Gong comme source d'organes, les autorités médicales chinoises ont déclaré vouloir éliminer complètement l'approvisionnement chez les prisonniers exécutés. Bien entendu, ils n'ont pas abordé le cas de Wang Lijun ni la source de ses organes.

Version originale : China’s Transplant Officials Seem to Preempt Book’s Critique

 

 

 

   

 

     

 

       

 

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