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Netflix, tsunami numérique

Écrit par Charles Callewaert, EpochTimes
25.09.2014
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  • Reed Hastings, fondateur et Pdg de Netflix. (Scott Olson/Getty Images)

Qu’y a-t-il de commun entre un disque, un livre, un taxi, une télévision et un journal? Ces cinq secteurs économiques vivent chacun une révolution numérique qui risque d’emporter les moins imaginatifs et les plus ancrés dans leurs habitudes. Après I-Tunes, Amazon et Uber, voici l’arrivée de la vague Netflix, en attendant peut-être Blendle et les suivantes. Aucun secteur économique n’échappe à ce tsunami numérique. Innover pour s’adapter ou disparaître, telle semble être leur devise.

Retour sur les premières vagues numériques

L’industrie du disque et le monde de la chanson connurent l’une des premières vagues internet d’après 2000. Incapables d’enrayer le piratage des œuvres musicales et la chute de leurs ventes, les géants du disque doivent leur sauvetage à Steve Jobs, le fondateur d’Apple, et à l’invention des iPod et iTunes, mais au prix d’une révolution interne et de la perte d’une grande partie de leur indépendance. Parallèlement, une grande partie des chanteurs compositeurs qui vivaient des droits provenant de la vente de disques, ont changé de business modèle et retrouvent le chemin des concerts.

Avec Amazon et sa liseuse numérique Kindle, une autre vague ravage les libraires traditionnels, malgré la tentative de résistance de Hachette, le leader français de l’édition. Le réseau Chapitre a déposé le bilan, Virgin a fermé son magasin des Champs-Elysées, et la Fnac revoit son modèle pour survivre. Le cabinet Xerfi prévoit qu’Amazon deviendra le premier libraire de France en 2017: un comble au pays de la littérature et du livre en papier, où la Fnac s’autoproclamait autrefois «agitateur d’idées». Nul ne sait où s’arrêtera l’appétit des français pour le livre numérique. Quant aux écrivains, les plus connus tentent de renégocier leurs droits d’auteurs, et les autres s’adaptent au numérique en changeant de format de publication ou en vendant directement leurs ouvrages sur internet. 

Puis la vague Uber, soudaine et brutale, submergea les taxis…

Paris, hiver 2008: alors qu’ils voulaient se rendre à la conférence Le Web et ne trouvaient pas de taxi, Travis Kalanick et Garrett Camp ont imaginé une application mobile qui permet de commander un chauffeur privé. Depuis, la société Uber qu’ils ont créé est devenue le leader des véhicules de tourisme avec chauffeur et a levé 1,2 milliard de dollars en juin 2014. La guerre fait rage avec les taxis traditionnels en Europe, poussant l’Allemagne à interdire Uber sur son sol cet été. La digue parisienne du «numerus clausus», censée protéger les taxis comme la ligne Maginot en 1940, fut rapidement contournée par Uber et ses VTC. Les licences de taxis, qui se vendaient jusqu’à 250.000 euros en 2012, ont brutalement baissé de 25% avec ce concurrent imprévu qui, loin de se contenter d’afficher des prix plus bas, leur brûle la politesse dans les aéroports en accueillant le client dès sa sortie et accepte les paiements par carte bleue.

… en attendant celle de Netflix

Le service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) de Netflix débarque en Europe et dans l’hexagone, avec la télévision en ligne de mire. Créée en 1999 en Californie, Netflix ravage le secteur des locations de DVD en proposant un abonnement pour des durées illimitées. Puis la société met au point en 2007 un service de «streaming» sur PC qui se développe de façon exponentielle: grâce à un abonnement de 8,99 dollars par mois résiliable à tout moment, l’abonné a accès à un catalogue illimité de films et de séries accessibles sur son téléviseur, son PC ou sa tablette, peut s’affranchir de la programmation des chaines de télévision et, surtout, arrêter de subir les coupures publicitaires. Chacun peut visionner une série entière où et quant et il le veut: c’est la fin de la télévision dite «linéaire». L’époque où l’ancien Pdg de TF1, Patrick Le Lay, pouvait en juillet 2004 dire publiquement que les programmes de télévision servaient à «vendre à Coca-Cola du temps de cerveau disponible» pour des messages publicitaires, semble à présent révolue.

Actuellement, Netflix a plus de 53 millions d’abonnés dans 40 pays et réalise un chiffre d’affaires de 5 milliards de dollars. Et son fondateur Reed Hastings n’hésitait pas à déclarer le 29 août dernier à Télérama: «la télévision linéaire va encore durer un peu grâce au sport…mais elle aura disparu dans vingt ans, car tout sera disponible sur Internet». Un tel succès suscite la crainte du monde de la télévision en France, TF1, M6 et Canal + en tête, d’autant plus que Netflix produit à présent ses propres séries, comme la série culte «House of Cards», et que sa capitalisation boursière de 29 milliards de dollars dépasse celle de ses trois concurrents réunis.

Ce tsunami numérique qui change le monde

Rien ne semble résister à la révolution numérique et à ses acteurs au mode de pensée «disruptif» avec son service de vente d’articles de journaux à l’unité, la start-up néerlandaise «Blendle» créée en avril 2014 pourrait bien déferler également. La population visée est jeune, refuse de s’abonner à des journaux, mais recherche des articles de qualité. Grâce à un paiement automatique dès que l’on clique sur un article mais avec la possibilité de récupérer sa mise si l’article ne plait pas, le portail Blendle séduit: il compte déjà 100.000 abonnés sur un pays de 16 millions d’habitants, et son fondateur de 27 ans, Alexander Klöpping, espère bien donner naissance à un «iTunes de la presse». 

Le rêve de Steve Jobs, ce visionnaire qui voulait «changer le monde», est en train de se réaliser sous nos yeux. Qu’on le souhaite ou le déplore, il ne sert à rien de le refuser ou de se lamenter. Le seul moyen de faire face à ce tsunami est d’innover pour s’adapter. L’innovation est partout en marche, comme l’illustre le supplément d’Enjeux Les Echos consacré aux start-up et à ces Français qui «inventent le futur». Les dirigeants politiques feraient bien de s’en inspirer pour conduire leurs actions.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.