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Air France: fin de la grève des pilotes

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
29.09.2014
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  • Alexandre de Juniac, le PDG du groupe Air France-KLM à la conférence de presse le 28 septembre à Paris après que le syndicat majoritaire des pilotes a mis fin au mouvement de grève sans trouver un accord avec la direction sur la filiale Transavia. (Dominique Faget/AFP/Getty Images)

Suite au refus du gouvernement de nommer un médiateur, les dernières négociations de ce samedi soir entre la direction d’Air France et les syndicats de pilote, qui se sont terminées à 4 heures du matin, n’ont pas permis d’aboutir à un accord. Alors que la moitié des avions restait clouée au sol ce dimanche et que chacun s’attendait à une troisième semaine de grève, le SNPL, syndicat majoritaire des pilotes, a subitement annoncé dimanche matin la fin du mouvement. Selon son porte parole Guillaume Schmid «les conditions du dialogue social ne sont pas réunies, nous avons décidé de prendre nos responsabilités en levant le mouvement de grève». Le retour à la normale devrait se faire progressivement à partir de mardi. Le Premier Ministre Manuel Valls a salué la fin de la grève. Il s’est félicité de la «fermeté» du gouvernement, et a confirmé son soutien à la compagnie nationale.

Le Plan Perform d’Air-France parie sur la croissance de Transavia

Confrontée à la concurrence forcenée des compagnies «low-cost» en Europe, le groupe Air France-KLM est en pertes depuis plusieurs années: alors que le chiffre d’affaire 2013 restait stagnant par rapport à 2012 à 25,5 milliards d’euros, le résultat net a plongé à -1,82 milliard   (contre -1,23 milliard en 2012). Mais les économies réalisées à marche forcée grâce au Plan Transform 2015 élaboré par son PDG, Alexandre de Juniac, ont déjà permis d’inverser la pente et de limiter la perte à -614 millions d’euros au premier semestre de cette année, avec un retour à l’équilibre prévu en 2015.

Le plan Perform 2020 vise quant à lui une création de valeur à partir de 2017, via le développement de sa filiale low-cost Transavia, dont les coûts sont de 10 à 20% plus faibles que ceux d’une compagnie traditionnelle. C’est précisément cet aspect du plan qui était remis en cause par les pilotes d’Air France, malgré l’abandon de la création de Transavia Europe. En effet, pour être compétitive face à EasyJet, Ryanair ou Germanwings, Transavia devra appliquer la même stratégie que ses concurrents low-cost. 

 

Les recettes du low cost appliquées à Transavia

L’élément clé d’une stratégie low-cost est d’avoir une flotte composée d’un seul type d’appareil. En effet, une flotte homogène permet de réduire à la fois les coûts de maintenance et de pièces détachées mais également ceux de formation des pilotes et de gestion de leur plan de charge. Parallèlement, comme il s’agit de moyens ou court courrier, ces avions sont conçus pour être remplis au maximum, avec des sièges plus étroits et une classe unique de passagers.

Transavia, qui a déjà acquis plusieurs Boeing 737, mise sur une extension de sa flotte avec l’appareil américain. Parallèlement, pour remplir au mieux leurs sièges et réduire les coûts des intermédiaires, ces compagnies vendent directement leurs billets sur leur propre site internet et n’hésitent pas à facturer des services supplémentaires pour les poids et bagages excédentaires.

Le second principe du low-cost est de minimiser le temps des avions au sol, autrement dit de les faire voler plus souvent. Les aéroports secondaires, où l’encombrement des pistes est plus faible, s’avèrent souvent plus intéressants, car ils permettent d’augmenter le nombre de rotations dans la journée, en particulier lorsqu’il s’agit de courtes ou de moyennes distances. Les plages horaires des avions peuvent alors être étirées de 8 à 12 heures par jour en moyenne. Ceci n’est pas sans conséquence sur le temps de travail des pilotes de Transavia, qui sont par ailleurs embauchés sur un statut différent de celui d’Air France et plus flexible.

Les pilotes d’Air France: une corporation au statut très enviable

Avec Transavia comme horizon de croissance, le Plan Perform 2020 risque donc à terme de remettre en cause le statut très favorable des pilotes d’Air France, qui ont peur d’un «dumping social». L’enquête publiée par le journal Les Echos ce vendredi illustre en effet à quel point le statut actuel des pilotes reste enviable, même si les concessions qu’ils ont accordées lors du Plan Transform 2015 l’ont quelque peu écorné.

Selon un commandant de bord de l’une des compagnies régionales, qui ne bénéficient pas du statut des pilotes d’Air France, «on travaille 30% de plus que les pilotes d’Air France et on gagne 50% de moins». Un pilote d’Air France assure environ 121 jours de vol par an, avec des durées annuelles cumulées de «480 heures par an sur un moyen courrier … et 678 heures sur un long courrier».  Par ailleurs, le salaire minimum garanti est de 63 000€ par an pour un débutant, avec une rémunération moyenne de 132 000 euros pour un commandant de bord moyen courrier et 216 000 euros pour un long courrier. Selon une étude du cabinet Roland Berger, «l’écart de rémunération avec les autres compagnies aériennes atteindrait 18% sur les moyens courriers et 32% sur les longs courriers». 

Une grève injustifiée aux lourdes conséquences financières et sociales

Entre le début de la grève et le 26 septembre, le titre Air France-KLM a reculé de 12% mais, comme le remarque le journal Les Echos, «c’est trois fois moindre qu’aurait pu le faire supposer l’impact de la grève …». Le plan Perform 2020 semble donc garder la confiance des investisseurs, malgré la facture qui risque d’être très lourde: le groupe devra en effet redoubler d’efforts pour retrouver les clients exaspérés, réduire la fracture sociale apparue ces derniers jours avec le reste du personnel, et absorber la perte imprévue de 280 millions d’euros liée à la grève.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.