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Course contre la montre pour relancer la croissance

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
03.09.2014
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  • Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics et Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique à la sortie du premier conseil des ministres du gouvernement Valls 2. (Bertrand Guay/AFP/Getty Images)

La nomination d’Emmanuel Macron à la tête du ministère de l’économie, de l’industrie et du numérique est le signe d’un changement de cap dans la stratégie du gouvernement.

La semaine passée restera certainement dans les mémoires comme celle où Manuel Valls a tranché dans le vif la querelle idéologique concernant la stratégie économique qui minait son gouvernement, entre les tenants d’une relance par la demande et ceux d’une relance par l’offre, avec l’éviction des premiers et la victoire des seconds. 

La croissance nulle enregistrée pour le second trimestre consécutif a contraint Michel Sapin, le ministre des Finances, à baisser son objectif de croissance de 1% à 0,5% et à reconnaître que celui du déficit budgétaire, fixé à 3,8% du PIB à fin 2014, ne pourra pas non plus être respecté. Les chiffres décevants des partenaires européens de la France confirment que notre pays ne pourra pas compter sur ses voisins pour relancer sa croissance et qu’il devient urgent de lancer des réformes structurelles. 

Manuel et Emmanuel, un tandem de choc pour relancer la croissance

La nomination d’Emmanuel Macron à la tête du ministère de l’Économie, de l’industrie et du numérique, passé par Sciences-Po et l’ENA et surnommé «Mozart de la finance» est le signe le plus évident de ce changement de cap. Ce jeune banquier d’affaires de la banque Rothschild devenu conseiller de François Hollande, âgé de 36 ans et grand-père depuis son mariage avec une professeure de français de 20 ans son ainé, ne cache pas ses idées sociales libérales. Dans un entretien accordé au Point avant sa nomination, il se déclarait favorable à autoriser «les entreprises et les branches à déroger aux 35 heures» en cas d’accords entre directions et organisations syndicales.

Manuel Valls s’est ensuite rendu ce mercredi à l’université d’été du Medef pour y faire une vibrante déclaration d’amour envers les entreprises, en exhortant chacun à cesser «d’opposer État et entreprise, chefs d’entreprise et salariés, organisations patronales et syndicats». Rappelant que «ce sont les entreprises qui créent de la richesse» et que «le retour de la croissance passera d’abord par le soutien aux entreprises», le Premier ministre a conclu par un tonitruant «j’aime l’entreprise». Cet acte inimaginable pour un socialiste a suscité une standing ovation inédite et recueilli les félicitations d’un Pierre Gattaz aux anges, lequel lui a promis d’ici à la mi-septembre une liste de propositions pour relancer l’emploi. L’ancien Premier ministre UMP Alain Juppé, également présent, s’est félicité de ce virage social-libéral mais a malicieusement ajouté qu’il jugerait le gouvernement à ses actes plutôt qu’à ses déclarations enflammées.

Relancer d’urgence le logement, le chantier prioritaire du quinquennat

Avec une production de logements neufs en baisse continue depuis les élections présidentielles, un objectif révisé à 300.000 en 2014 pour une ambition de 500.000 annoncée par François Hollande, ce secteur pourtant prioritaire est en plein marasme économique, et il faut remonter à 1998 pour retrouver une situation similaire.

Le Premier ministre a annoncé dès vendredi un plan d’urgence pour le secteur du logement en assénant un coup fatal à la loi ALUR chère à Cécile Duflot mais accusée par les professionnels d’aggraver la situation. Estimant que «les conditions ne sont pas réunies» pour mettre en place l’encadrement des loyers, il limitera sa mise en œuvre à la seule ville de Paris et à titre expérimental seulement.

Manuel Valls a ensuite enchaîné avec un bouquet de mesures fiscales pour relancer la construction, comme la possibilité pour un acheteur de louer un logement neuf à ses ascendants et descendants, un abattement exceptionnel de 100.000 euros sur les donations, l’abaissement de la TVA sur les logements neufs construits en zones difficiles, et le renforcement à 30% du crédit d’impôt développement durable.

 

Annoncer les réformes structurelles avant la mi-septembre

Comme le rappelait l’économiste Jacques Attali ce vendredi sur Radio Classique, la «seule fenêtre de tir» dont dispose le gouvernement est celle du 12 Septembre 2014, date à laquelle il devra présenter devant l’Assemblée nationale le projet de budget 2015 ainsi que sa trajectoire pour 2016. Le premier ministre ne dispose donc que d’une période très courte pour définir concrètement les actions prioritaires à mener et se donner les moyens de les faire aboutir rapidement.

Pour être crédible et respecter les exigences européennes, les budgets prévisionnels 2015 et 2016 devront d’abord faire la démonstration que d’importantes économies seront réalisées sur les dépenses et que l’objectif de déficit de 3% du PIB maximum sera atteint. En effet, les partenaires européens de la France, en particulier l’Allemagne et ceux de la zone euro, resteront sourds aux appels de François Hollande à une «relance européenne» tant que la France n’aura pas démontré sa volonté de faire des efforts budgétaires et des réformes structurelles.

La seconde priorité est la baisse du chômage. Le CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi), qui entre en application cette année, et les mesures annoncées pour la construction contribueront à relancer l’emploi mais insuffisamment. Le code du travail devra être simplifié, l’autorisation de travail le dimanche étendue, et la réglementation de certaines professions allégées (notaires, huissiers, pharmaciens, taxis, …). La formation professionnelle et ses 32 milliards d’euros devront être orientés en priorité vers les chômeurs. Comme le rappelle Jacques Attali, «tout chômeur formé n’est plus un chômeur».

L’annonce de ces réformes ne se fera pas sans de fortes résistances, mais le gouvernement sait qu’il est condamné à réussir et que le temps presse. Il ne serait donc pas étonnant qu’il se prépare à réformer par ordonnances, comme le quotidien Les Echos l’annonçait ce samedi.

 

       

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