À la découverte des plantes indigènes du Québec – 1re partie
Selon les écosystèmes, jusqu’à 80 % des plantes ont été importées d’autres pays au cours des derniers siècles, prenant la place des végétaux indigènes, d’après l’herboriste et auteure de renom Anny Schneider. Cependant, dès que l’on pénètre dans une forêt, le pourcentage s’inverse, les plantes autochtones constituant jusqu’à 80 % des espèces présentes. J’ai eu la chance de me promener en forêt avec la spécialiste afin de mieux connaître ces plantes indigènes et leur utilité.
Quelques invasives
Tout d’abord, avant de parler des indigènes, quelles sont ces plantes importées? Les nouvelles plantes invasives sont exotiques dans le sens où elles viennent d’ailleurs. Il y a environ 3000 sortes de plantes au Québec. Certaines sont arrivées avec les premiers colons, d’autres plus récemment. Elles sont parfois fort utiles en herboristerie, cependant elles prennent de plus en plus la place des plantes indigènes : «si on détruit l’écosystème qui est la forêt mature qu’on a coupée, ou les marais qui ont été asséchés à 85 % au Québec, il y a un appauvrissement des plantes indigènes. Une plante ne peut pousser que dans une forêt mature», se désole l’experte de la flore médicinale sauvage du Québec.
Au Québec comme dans d’autres pays, il est possible de suivre les traces laissées par l’être humain et, en particulier, par les colons blancs et leurs descendants : ils ont apporté des graines, sciemment ou non, soit dans les mélanges de céréales soit dans les fourrages des chevaux, ou encore comme plantes-remèdes, ne sachant ce qu’ils trouveraient dans le Nouveau Monde. Même en forêt, il est facile de voir aujourd’hui là où ils sont passés dans les chemins des forêts, ces chemins empruntés par les chevaux qui laissaient des graines dans leurs crottes.
En effet, dès le début de notre promenade en forêt, Anny me montre plusieurs espèces invasives typiques telles que le tussilage (Tussilago farfara), appelé Huflattich en allemand, ce qui signifie trace de pas de cheval, le plantain qui n’était pas connu par les Amérindiens avant l’arrivée des Blancs et que l’on a même nommé le pas de l’homme blanc, ou encore la brunelle (Prunella vulgaris), très connue dans la pharmacopée chinoise.
Quelques plantes indigènes
L’asclépiade (Asclepias syriaca)
L’asclépiade fait de jolies fleurs roses qui sentent bon et nourrissent les magnifiques papillons monarque. Cette plante est en voie de diminution parce que beaucoup de gens l’arrachent, sans savoir qu’ils pourraient attirer ces beaux papillons orangés qui en dépendent pour leur survie : ils pondent leurs œufs dessus, et les chenilles se nourrissent exclusivement des feuilles d’asclépiades.
Le nom asclépiade est originaire du grec Asklépios, Dieu de la médecine. La plante soigne toutes sortes de problèmes, dont ceux de la lymphe et des cancers. Des fibres étaient également fabriquées avec la tige de l’asclépiade.
L’actée à gros pédicelles (Actae pachypoda)
Cette plante indigène très particulière, aussi appelée «raisin de couleuvre», était utilisée comme contrepoison, contre les empoisonnements causés par les serpents, «mais il fallait savoir l’utiliser comme il faut. C’est quand même une science exacte l’herboristerie. C’est une plante très puissante, mais à utiliser en très petite dose, le plus souvent la racine. Le fruit peut être très purgatif, voire hallucinogène. Donc il faut avoir des connaissances exactes», avise Mme Schneider.
La salsepareille (Aralia nudicaulis)
La racine de la salsepareille peut être très longue. C’est la cousine du ginseng. Cette plante, aussi appelée «aralie à tige nue», est une indigène tonique, surrénalienne, et elle a des propriétés très puissantes en tant que dépurative du sang. Actuellement, une importante recherche se fait sur cette plante à l’Université de Montréal en partenariat avec la Clé des champs (www.clefdeschamps.net).
La deuxième partie de l'article suivra dans la prochaine édition.
Pour de plus amples renseignements sur les ateliers et conférences d’Anny Schneider, visitez : www.annyschneider.com