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De Quito à Otavalo, l’histoire d’une revanche

Écrit par Christiane Goor, Epoch Times
30.09.2014
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  • Le monument aux Héros de l’indépendance du10 août 1809 est l’un des symboles forts du pouvoir exécutif de la nation. (Charles Mahaux)

La Sierra, épine dorsale de l’Équateur, regroupe à elle seule près de la moitié de la population du pays dont 50 % sont des Indiens répartis en différentes ethnies reconnaissables à leurs costumes. À l’origine pourtant, ces vêtements étaient le signe de leur asservissement, car ils leur ont été imposés dans leur diversité par les Espagnols afin de mieux repérer à quel propriétaire foncier appartenait l’indio. Cinq siècles plus tard, à une centaine de kilomètres de Quito, capitale andine coloniale où on aime se rappeler qu’on est arrière-petit-fils de conquistador, les Indiens d’Otavalo ont relevé le défi de l’adaptation aux réalités du marché panaméricain et revendiquent fièrement leur identité culturelle.

Quito dort encore dans le froid vif de l’aube quand la gare des autobus commence à s’animer. Autour des colectivos bariolés de couleurs clinquantes, les files grossissent. Des cris fusent pour annoncer les destinations, des attroupements se forment, on devine quelques murmures de protestation. Les derniers voiles de la nuit glissent sur les contreforts de la cordillère, balayés par le vent. Les conducteurs jettent des ballots chargés de victuailles sur le toit des véhicules où ils sont solidement arrimés. De jeunes vendeurs de tamales, des petits pains à base de maïs, cuits à la vapeur et fourrés de porc ou de poulet, et d’empanadas, des beignets de viande ou de fromage, se faufilent entre les véhicules pour interpeller les voyageurs au travers des vitres des cars. Les premiers chariots de légumes qui alimentent la capitale traversent la place cahin-caha. Tout à coup, le soleil surgit, disque blanc aveuglant, au-dessus des crêtes du Pinchincha.

Quito, une capitale andine qui donne le vertige

Juchée à plus de 2800 mètres d’altitude dans un écrin aride de hautes montagnes, la capitale de l’Équateur se découvre lors de la descente sur la ville. Lorsque l’avion décrit une large boucle au-dessus de ce décor imposant de massifs montagneux creusés de failles sombres, Quito apparaît, blanche, menue, ramassée sur elle-même.

Née au pied d’une colline en forme de pain – el Panecillo –, Quito s’est allongée avec l’opiniâtreté d’un champignon sur une étroite bande de terre, épousant toutes les dénivellations du relief. Les nouveaux quartiers s’étagent jusqu’à près de 3000 mètres d’altitude, sur les flancs du volcan Pinchincha qui veille sur la ville. Grappes de maisonnettes blanches, posées sur le vert sombre de la montagne, elles se font de plus en plus rares à mesure que l’on s’approche des sommets. Ici, les nuits sont froides et les journées évoquent un éternel printemps qui jamais ne se décide à se parer des couleurs chaudes de l’été. De plus, l’air est léger, si léger qu’il vous monte à la tête. Il faut adopter le rythme lent des Équatoriens pour éviter de souffrir du soroche, ce mal d’altitude auquel chacun succombe dès le premier jour, dès la première visite, dans l’impatience de se perdre dans une ville dont la topographie a tout des montagnes russes.

Quito échappe à tous les clichés qui circulent sur les grandes métropoles sud-américaines. Point de chaos urbain, la circulation est même supportable. La ville est propre et on croit rêver quand on emprunte le circuit silencieux et confortable des trolleybus à la mode à Strasbourg. De plus, flâner à Quito, c’est retrouver l’ambiance colorée et bruyante d’une ville andalouse. Il faut se laisser prendre au piège du dédale des ruelles pavées qui grimpent puis descendent, se faufiler entre les camelots, longer les petites maisons blanches aux balcons de bois sculptés, pousser une porte-cochère qui s’ouvre sur un patio fleuri ou pénétrer dans une église. Quito est une cité catholique qui regorge d’églises et de cathédrales ruisselantes d’or et de pierreries qui datent de la conquête. Le cœur de la ville bat au rythme des multiples carillons qui scandent les heures de la journée. Peu à peu, les bruits s’évanouissent, les odeurs s’évaporent et les couleurs se confondent pour le triomphe du blanc et du noir : ville blanche assoupie dans la nuit sombre des Andes.

Bien sûr, le voyageur peut préférer au centre historique le gringolandia, à savoir le quartier moderne de La Mariscale où se concentre la plus grande offre hôtelière. Situé au nord de la ville coloniale, il a des allures de Champs Élysées équatoriens avec ses larges avenues bordées de fiers immeubles qui abritent commerces, banques et restaurants qui assurent le soir une vie nocturne trépidante.

  • Preuve s’il en est que les Amérindiens d’Otavalo sont des tisserands reconnus : les femmes n’abandonnent jamais leur crochet ou leur tricot. (Charles Mahaux)

En route pour Otavalo

Il est temps de partir à la découverte du monde andin. Au rythme des colectivos, le voyage est lent et s’étire bruyamment le long de la Panaméricaine. Régulièrement, le chauffeur s’arrête pour décharger l’un ou l’autre voyageur qui doit récupérer son sac sur le toit du véhicule. S’extirper du bus n’est pas une mince affaire car il est bondé. Au moins trois personnes se partagent chacune des banquettes latérales. Pour profiter du paysage, il faut avoir la jeunesse et l’audace des gamins qui se hissent à hauteur des bagages, sur le toit de la voiture. Il faudra près de deux heures pour parcourir les cent kilomètres qui séparent Quito de Otavalo, petite ville située à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, sur les rives du lac San Pablo, au pied du volcan Imbaburra dont les flancs sont tapissés d’une mosaïque de champs exigus.

Cette cité sort de sa torpeur tous les mardis et samedis, jours de marché. La place principale et les ruelles sont envahies par les paysans déjà arrivés pendant la nuit avec les produits de leurs terres ou de leur artisanat. Les femmes sont coquettes avec une blouse blanche ornée de broderies, leurs rangées de colliers de grosses pierres jaunes autour du cou et une couverture de laine noire curieusement repliée sur la tête. Elles sont assises à même le sol, devant leurs paniers lourds de fruits ou de légumes : des tomates allongées qui poussent sur les arbres, des gerbes de fèves, des oignons rouges, des pommes de terre oblongues et bosselées… En attendant un acheteur éventuel, certaines filent la laine brute de leurs moutons, d’autres tricotent inlassablement des pulls chauds et épais qu’elles revendront plus tard. Les hommes ont étalé des couvertures bariolées, des ponchos et des tapis. Ils sont coiffés d’un couvre-chef en feutre qui laisse apparaître leur longue tresse couleur de jais, signe d’une indianité qu’ils exhibent fièrement. Vêtus d’une chemise blanche brodée aux poignets et d’un pantalon blanc immaculé qui descend un peu au-dessus du mollet, ils préfèrent rester debout pour mener leurs transactions qui se règlent à voix basse.

  • La place de l’Indépendance est le cœur du centre historique colonial de Quito, lieu de rendez-vous des touristes mais aussi des vieux quiteños qui aiment y regarder passer le temps. (Charles Mahaux)

L’espace est restreint et pourtant la foule évolue docilement entre les marchandises, sans heurt ni bousculade. Des restaurants improvisés se sont installés un peu partout. Ici, on cuit le cochon entier, étalé sur une grande poêle de cuivre. Il y mijote des heures durant dans sa graisse et les villageois se régalent de morceaux de couenne frite et délicieusement croustillante qu’ils consomment avec des épis de maïs grillés, assis sur des tabourets de fortune, en bordure de trottoir. Ailleurs, on propose des petites brochettes composées d’abats macérés dans du vinaigre et accompagnées d’une sauce à base de piments rouges - ají - toujours servie à part, dans une coupelle.

La place de los Ponchos, la place de marché la plus connue d’Équateur, explose de couleurs entre les auvents chargés de souvenirs artisanaux. Les amoureux de la laine peuvent la trouver sous toutes ses formes : bonnets, gants, écharpes, pulls, tapis, sacs, hamacs, et les indigènes y trouvent eux aussi leur compte. En effet, les indigènes d’Otavalo ont pris une juste revanche sur l’histoire. Autrefois opprimés par les conquistadors qui exploitaient leur talent de tisserands dans des manufactures textiles où les conditions de travail étaient si dures que nombreux y ont laissé la vie, ils ont aujourd’hui repris à leur compte cette activité qui les a rendus prospères. Artisans habiles, ils tissent des ponchos, des couvertures, des lainages qui sont vendus jusque sur le marché américain. Ils ont adapté leurs étoffes aux goûts des touristes et des citadins des pays voisins. Surtout, ils assurent eux-mêmes la distribution et la vente de leur production. Tous les bénéfices récoltés sont réinvestis sur place dans l’achat de parcelles de terrain ou au service de la communauté. Ils ont relevé le défi de l’adaptation aux réalités nouvelles sans trahir les valeurs qui garantissent la permanence de leur peuple à travers des siècles. Reste à savoir si leur esprit de solidarité ethnique va résister à leur redoutable sens des affaires…

Infos

Il n’y a pas d’office de tourisme équatorien. Pour en savoir davantage, adressez-vous au consulat d’Équateur au 2055, rue Peel, bureau 501, Montréal. Tél. : 514 874-4071 Ouvert de 9 h à 13 h. À découvrir, un guide d’accueil pour ceux qui souhaitent s’installer à Quito, mais les renseignements sont utiles pour tous : 
www.ambafrance-ec.org/IMG/pdf/Livret_d_accueil_a_Quito-2014.pdf

Circuler

Quito se découvre mieux à pied ou en transport en commun. Toutefois, il est aisé de louer une voiture et de visiter le pays en voyageant le long de la Panaméricaine qui longe la célèbre avenue des Volcans. Les routes sont étonnamment bonnes.

Devises

La monnaie nationale est le dollar américain.

Se loger

Il faut toujours demander à voir une chambre avant de se décider. À épingler, l’hôtel Real Audiencia sur la plaza de Santo Domingo [www.realaudiencia.com] en plein cœur du Quito colonial.

Gastronomie

D’excellents produits! Les soupes, très copieuses, peuvent constituer un repas, comme le locro, soupe de pommes de terre avec avocat, fromage et graines de lupin. À goûter aussi le seco de gallina ou de res, sorte de pot-au-feu de poulet ou de bœuf servi avec du riz.

Bon à savoir

Ne pas s’aventurer seul la nuit et, le cas échéant, prendre un taxi commandé par l’hôtel.

 

 

 

   

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.