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Les professeurs, éternels oubliés du système éducatif français?

Écrit par David Vives, Epoch Times
09.09.2014
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  • Et si le système éducatif français tenait à un meilleur encadrement des professeurs?. (Martin Bureau/AFP/Getty Images)

Les élèves français sont en «décalage» avec le reste du monde. Mais à en croire les paroles du directeur de l’éducation au sein de l’OCDE, Andreas Schleicher, c’est tout le système actuel qui serait à la traîne. L’éducation française, inefficace?  Notre pays, classé 25e sur 65, derrière des voisins européens et des pays asiatiques, serait, d’après le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa), bien loin de tenir ses promesse en terme d’efficacité dans les moyens, d’égalités des chances, ou encore de formation et d’évolution du corps enseignant.

Un problème de longévité à la tête de l’éducation

Rue de Grenelle, le défilé se poursuit: il y a eu Luc Chatel, passé par L’Oréal, Josette Théophile venue de la RATP, auquel a succédé le haut fonctionnaire Vincent Peillon, puis Benoît Hamon jusqu’à Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre du Droit des femmes. 5 ministres en 4 ans.  Dans un domaine où l’accompagnement des mesures et le calcul de leur longévité sur le terrain sont cruciaux, cette succession de ministres ne rassure guère. La réforme du rythme scolaire? Sans grand intérêt d’après Andreas Schleicher, patron du programme Pisa. On change la forme en gardant le fond.

Pourtant premiers maillons de la chaîne, les professeurs, sont souvent les derniers consultés en matière d’éducation. Le «plus beau métier du monde» serait-il aussi le plus oublié? D’après les différents observateurs, dont l’inspection générale, le système actuel découlerait d’une culture déconnectée du terrain et de la réalité, s’opposant parfois au bon sens. Emboîtant le pas au malaise du corps enseignant, les déclarations d’Andreas Schleicher font écho à la fragilité mal dissimulée de notre système éducatif, et viennent rappeler que tout reste encore à faire.

«Un fossé avec la hiérarchie»

Les enquêtes menées par les trois syndicats majoritaires de la profession confirment le constat. Plus de sept enseignants sur dix se sentent «stressés», «impuissants», «déçus», ou «en colère» vis-à-vis de leur situation professionnelle. Selon le syndicat Snuipp, à peine plus d’un quart de ces enseignants recommanderaient la profession à un proche.

En première ligne, le rapport fait état d’un sentiment de lassitude ressenti par l’absence de progrès sur le terrain. La rupture avec la hiérarchie, le manque d’écoute ou d’encadrement de la part de la Rue de Grenelle, concourent  à un isolement du corps des enseignants.

Une mésentente qui n’échappe pas à Andreas Schleicher, qui déplore le «système très industriel» français, où les «syndicats reproduisent cette structure et se battent comme ceux des ouvriers pour les salaires». Pour 76% des enseignants, cette hiérarchie ne valorise pas le métier, assène un sondage de l’Unsa.

Ce que les réformes n’ont pas encore résolu

Dans le système éducatif, les réformes ont deux sens: il y a d’une part les réformes institutionnelles importantes, ainsi que les lois, et d’autre part les nombreuses mises au point, circulaires ou documents administratifs et pédagogiques destinés à gérer l’organisation d’un système comptant 15 millions d’élèves et un million de personnel actif. La modernisation de l’école s’est poursuivie à travers ces ajustements ponctuels, tels le «socle commun des connaissances», l’établissement de «passerelles» entre filières, la valorisation de l’orientation de l’élève.

Or à ce jour, aucune réforme n’est parvenue à intégrer efficacement l’encadrement des équipes pédagogiques, ou encore à déployer sur le terrain des mesures correspondant aux attentes du corps enseignant. A titre d’exemple, on pourrait citer l’évaluation des professeurs, jugée inefficace par 60% d’entre eux.

Dans un rapport datant d’avril 2013, l’inspection générale compare elle-même l’évaluation des professeurs à «un serpent de mer, plus encore que dans le reste de la fonction publique». N’ayant que peu d’impact sur la formation ou la progression d’un enseignant dans son parcours, celle-ci ne se résumerait donc qu’à un «simple exercice administratif». Le rapport statue une «acceptation collective d’un système illusoire, sans impact réel, qui expliquerait l’immobilité constatée: l’évaluation dans sa forme actuelle semble protégée dans la mesure où cette situation garantit une forme de paix sociale».

Les perspectives d’évolutions sont également à la traîne: en France, 80% des enseignants suivent une carrière «linéaire». D’après Claude Lelièvre, historien de l’Éducation,  celle-ci est une course de fond prédéterminée par le concours. Une spécificité française, d’après lui, où il y a toujours «un premier et un dernier, des titulaires du Capes et des agrégés…». Une situation administrative qui semble bloquer l’évolution de l’enseignement vers des savoirs faire et des apprentissages en relation avec les besoins du pays.

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