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Changez à République

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
12.01.2015
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  • Népal, dimanche 11janvier 2015. Dans le monde entier on rendait hommage aux victimes de l’attentat qui a frappé Charlie Hebdo et à travers eux à la liberté. (Prakash Mathema/AFP/Getty Images)

«Tu te rends compte», «quel début d’année», «quel massacre»… 
Les attentats de Paris ont suscité une émotion et une mobilisation sans précédent. En quelques  heures à peine, des stickers noirs «Je suis Charlie» sont apparus partout comme des champignons: sur la page d’accueil des grands sites internet et des moteurs de recherche, sur les profils Facebook, les bornes publicitaires, les T-shirt… Dans toutes les discussions les soupirs et l’inquiétude, améliorés d’une sorte de volonté de bien, de respect de l’autre et de sa liberté. Est-ce une transformation de nos cœurs qui commence?

Il faut évidemment l’espérer, et penser que les survivants de Charlie auront eu tort : Luz, quand il a dit que la mobilisation populaire est «tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé», Willem qui a «vomi» sur ceux qui se prétendent aujourd’hui les soutiens du journal bête et méchant. «Dans un an, que restera-t-il de ce grand élan sur la liberté d’expression?», soupire Luz.

Qu’auraient – d’ailleurs – pensé Cabu, Tignous, Charb et Wolinski du trop plein, trop soudain, de bons sentiments partout? Plus de 800 hommes, femmes et enfants qui meurent noyés en Méditerranée en tentant de fuir la guerre ne font pas sourciller. Le jour de la prise d’otage Porte de Vincennes, une fillette de 10 ans se faisait exploser au Nigeria, emportant avec elle 19 personnes, sans qu’on y prête attention. Sur la semaine qui vient de passer, Boko Haram a exécuté 2.000 personnes dans des villages nigériens; en Chine et en Corée du Nord, une population entière reste muselée dans une indifférence complète. Alors on pourrait imaginer Cabu dessinant son «beauf» 
de la semaine la larme à l’œil et portant un T-Shirt «Je suis Charlie».  Car au delà du mauvais goût qui les faisait marrer, ce qui unissait la «bande de cons» de Cavanna était le refus de la médiocrité et de l’hypocrisie.

Nous ne sommes à ce jour devenus ni meilleurs ni moins égoïstes parce qu’ils sont morts, et l’élan d’union nationale a un air de ce que l’Abbé Pierre pensait des dons aux associations caritative en période de Noël: une façon de masquer les indifférences du reste de l’année et de se donner «l’air de».

Mercredi soir, lors de la première manifestation spontanée qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes place de la République, je recevais des séries de SMS suggérant de faire circuler des appels à la liberté d’expression, d’allumer des bougies sur les fenêtres etc. Alors que je lisais l’un d’eux, dans une des rues attenantes à la place, des insultes commencèrent à fuser entre une automobiliste qui tentait de s’extraire du flux et une manifestante.  Insultes, puis hurlements, puis coups. Tout cela dans une manifestation contre la violence.

Puis, le vendredi matin au même endroit, un chauffard qui grillait un feu rouge a manqué me renverser. N’ayant pas de raison de penser qu’il avait une kalachnikov dans le coffre bien qu’issu de la diversité, je lui ai montré d’un vigoureux coup de pédale dans le pare-choc arrière ce que je pensais de sa conduite. Pendant qu’il me courait après, furieux, sur cette place des appels à la tolérance et que, sauvé par la vitesse de mon Vélib, je le laissais seul et essoufflé sous les rameaux d’olivier de la statue centrale, je repensais à mon geste stupide, et à la scène d’hystérie précédente. Nous avons toujours une justification pour nous croire du bon côté et ne voyons la barbarie et la violence qu’en dehors de nous. Pour tous présents à République, «je suis Charlie» devrait aller avec un «c’est ma faute aussi». Et nous donner l’envie de nous changer.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.