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De quelle «liberté» parle-t-on?

L’agitation gagne la société autour de l’usage du terme «liberté d’expression»

Écrit par David Vives, Epoch Times
20.01.2015
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  • La liberté de la presse, un luxe des pays démocratiques ou un droit fondamental? (Justin Sulivan/Getty Images)

«Je pense que ça dévalorise profondément le sens et le message initial de ce slogan». Joachim, journaliste à Stylist et auteur du slogan international “Je suis Charlie”, se déclare «choqué» de constater la prolifération de t-shirts, mugs et autres accessoires à l’effigie de «Je suis Charlie» qu’il a publiée sur twitter le jour de l’attentat. Un exemple qui pourrait suffire à alerter sur les récupérations et autres dérives faisant suite à l’émotion des dernières semaines. Mais celles-ci n’arrivent pas toujours sur le plan commercial.

Alors que les débats sur la liberté de la presse et de l’expression font écho les uns aux autres aux quatre coins du monde, certaines interrogations demeurent. Comme Joachim, peut-être devons-nous être sensibilisés à préserver la dignité de l’hommage rendu aux dessinateurs morts. Ce serait aussi faire preuve de raison plutôt que de céder à des raisonnements guidés par l’émotion.

Qu’est-ce que défendre la liberté de la presse ?

Une autre récupération, et non des moindres, est politique. Certains chefs d’État présents lors de la marche qui s’est déroulée le 11 janvier – Égypte, Turquie, Émirats arabes unis – sont loin d’être des modèles dans leurs propres pays. Moscou, qui avait envoyé le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, a condamné récemment un militant russe à huit jours de prison pour avoir brandi une pancarte «Je suis Charlie», invoquant une «manifestation illégale».

D’après le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, «il serait intolérable que des représentants d’États étrangers qui réduisent les journalistes au silence dans leurs pays profitent de l’émotion pour tenter d’améliorer leur image internationale. Il est à craindre que, de retour dans leurs pays, ces manifestants officiels continuent leurs politiques répressives.» D’un point de vue général, la liberté de la presse est avant tout associée au droit d’informer; elle repose sur l’éthique du journaliste et sur la connaissance des faits.

D’après l’historien Emmanuel Thiébot, dans l’histoire française, les caricatures sont souvent politiques par nature, jusqu’à former un contrepouvoir non négligeable. Que ce soit dans l’affaire Dreyfus au début du siècle ou dans les hebdos satiriques parus pendant la Seconde Guerre mondiale, les dessins de presse satiriques s’en prennent sans pincettes aux religieux et politiques, jouant souvent avec les limites. Selon l’historien, ces caricatures peuvent être vues «comme un miroir des sociétés en crise».

Liberté de la presse, liberté d’expression, est-ce la même chose?

D’après Thibaud Collin, professeur de philosophie au Collège Stanislas à Paris, «la liberté en question est celle d’exprimer ce que la raison énonce. Or la raison est un outil de connaissance, de jugement, d’argumentation, et c’est à ce titre qu’elle peut déployer sa puissance critique de réfutation. Identifier la liberté d’expression au seul droit absolu de choquer autrui dans ce qui lui apparaît comme le plus sacré est un contresens sur ce qu’est la raison».

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