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Aisance quantitative

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
26.01.2015
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  • Mario Draghi. Les annonces de Mario Draghi ont déclenché des commentaires sur «Mario Draghi sauve la zone euro» et «ces efforts suffiront-ils?» (World Economic Forum. swiss-image.ch/Photo Remy Steinegger)

Les annonces de la Banque centrale européenne, jeudi 22 janvier, ont beaucoup excité nos banquiers, et beaucoup ennuyé le reste de la population, qui a trouvé plus palpable la réalité des élections grecques et des combats en Ukraine. Nous serions pourtant, paraît-il, à un moment historique de la zone euro «post-2008». Les annonces de Mario Draghi ont déclenché dans la presse une nuée de commentaires statistiquement répartis pour moitié sur «Mario Draghi sauve la zone euro» et un tiers sur « ces efforts suffiront-ils?», les  articles restants étant consacrés au «Quantitative Easing pour les nuls», tentatives pédagogiques des rédactions pour expliquer au plus grand nombre les enjeux du jeu de la BCE.

C’est que, communs parmi les mortels, nous ne pouvons que difficilement imaginer les effets en cascade d’une simple ligne supplémentaire sur un tableur informatique à Francfort. Le «quantitative easing», c’est en synthèse la «mise à l’aise» que se fabrique l’Europe en rachetant ses propres dettes avec de l’argent neuf créé pour l’occasion. Cela signifie plus, beaucoup plus d’euros virtuels – 1100 milliards créés – et une belle leçon sur la relativité générale: celle de la taille des dettes et de la valeur de la monnaie rejoint celle de l’espace-temps. Une ligne de plus, vous voilà tout sourire, une ligne de moins, vous voilà endetté. Que vos produits deviennent trop chers pour s’exporter, une ligne de plus et votre monnaie baissant, ils deviennent meilleur marché. 

Si l’écriture comptable est facile, le contrôle de ses conséquences l’est moins. Rien n’a donc été autant préparé que ce programme d’aisance, comparé par certains à une bombe atomique monétaire. L’Europe le commence plusieurs mois après que les États-Unis ont terminé le leur, et l’a savamment minuté pour qu’il arrive après l’évaluation qualitative de banques européennes menée en 2014 dans le cadre de la nouvelle «Union bancaire» – et avant la victoire anticipée de l’extrême-gauche en Grèce.

«Après» l’évaluation des banques pour que, confiantes, celles-ci jouent le jeu de ventiler sur l’économie réelle l’oxygène du rachat d’obligations par la BCE; «avant» le scrutin grec pour prévenir un possible mouvement de panique boursière, la victoire de l’extrême-gauche lançant, avant les élections espagnoles et italiennes, le signal d’une possibilité de cessation de paiement du Sud de l’Europe.

Tout semble donc tourner autour du seul besoin de créer la confiance, la capacité à croire et à vouloir prendre des risques, vision fascinante dans laquelle le grand corps économique européen, comme un malade humain, est presque plus sensible à la possibilité de guérir qu’à l’efficacité du traitement lui-même. Jusqu’aux termes banquiers, la médecine se fait sentir: la BCE «injecte des liquidités», «perfuse» l’économie européenne pour stabiliser, non pas son rythme cardiaque, mais son inflation.

   

Les réformes structurelles et la réduction des déficits chers à l’Allemagne sont dans ce protocole thérapeutique une médecine amère, tandis que le «quantitative easing» joue le rôle d’un doux et puissant placebo. Que les deux avancent ensemble et le rétablissement du malade viendra; que, comme le craint l’Allemagne et sa Bundesbank, le placebo remplace le médicament du fait de l’inconstance des gouvernements face aux élections, et la joie provisoire de la rémission s’évaporera.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.