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Purge du responsable chinois d’une agence de manipulation et d’ingérence

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
07.01.2015
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  • Ling Jihua, responsable du Département du Front uni, est un autre haut responsable victime de la purge en Chine. (Lintao Zhang/Getty Images)

Une blague à caractère politique circule en Chine dernièrement : après l’arrestation de Zhou Yongkang (l’ex-chef de la sécurité intérieure), le bureau anticorruption a demandé à Xi Jinping (le dirigeant chinois) : «Qui devrait être notre prochaine cible?» Xi Jinping a répondu : «Hmm, vous devriez d’abord vous concentrer sur la planification.» C’est ainsi qu’ils ont arrêté Ling Jihua (jihua signifie «planification» ou «plan», en mandarin).

Cette blague explique au moins qu’il n’y a pas de consensus sur les raisons pour lesquelles Xi Jiping a fait arrêter Ling Jihua, auparavant un proche conseiller de l’ex-dirigeant Hu Jintao. Il fait peu de doute que sa famille avait de nombreux intérêts (ce qui dans le contexte chinois signifie qu’elle est extrêmement corrompue) dans la province du Shanxi, riche en charbon, et qu’ultimement il était un allié de Hu Jintao et non de Xi Jinping. Toutefois, ce ne sont pas toutes les familles corrompues qui subissent la foudre du Parti communiste chinois, ainsi le geste a surpris plusieurs observateurs de la politique chinoise.

Bien que Ling Jihua ne soit pas associé à la faction de Jiang Zemin, largement ciblée par la campagne anticorruption, peu vont s’insurger contre sa destitution en connaissant l’organisation qu’il dirigeait : le Département du Front uni.

«Trois joyaux»

L’agence au nom maladroit fait avancer les intérêts fondamentaux du Parti communiste chinois (PCC) depuis le temps de la guerre civile contre le Parti nationaliste (Kuomintang), que le PCC a remporté en 1949. À l’époque, le Département du Front uni était considéré comme un des «trois joyaux» du PCC (les deux autres étant le dirigeant du Parti et la «ligne de la masse», ce qui signifie en gros apprendre à reconnaître les besoins des «masses»).

Il n’y a pas d’équivalent occidental au Front uni, autant conceptuellement qu’institutionnellement. En tant que bureaucratie, il ne fait pas partie du gouvernement. Il s’agit plutôt d’un organe politique administré par le Parti qui se rapporte directement au Comité central du PCC. Il a toujours été dirigé par un haut responsable du Parti.

La propagande, l’agitation, la guerre psychologique, la composition d’alliances, l’isolation des ennemis et la lutte politique font partie de ses tactiques pour faire avancer les intérêts du régime. Son rôle s’étend autant à domicile qu’à l’étranger.

À l’extérieur de la Chine, les activités du Front uni ont une portée impressionnante. À Taiwan, elles tentent de manipuler les élections par la cooptation des politiciens et en forgeant des alliances avec le Parti nationaliste, lequel dirige le pays.

À Hong Kong, des agents du réseau du Front uni s’habillent comme des pratiquants du Falun Gong, une discipline spirituelle persécutée en Chine, et distribuent de la propagande contre le groupe afin de ternir la réputation de «l’ennemi».

Une des explications les plus simples de l’idéologie du Front uni se trouve dans le titre d’un des livres les plus exhaustifs sur le sujet, Enemies and Friends (ennemis et amis) de Lyman Van Slyke. Le Front uni cherche à forger des coalitions qui sont alignées avec les intérêts du Parti communiste et à isoler et attaquer ceux qui y sont opposés.

Des recherches poussées sur ses activités ont été réalisées par la World Organization to Investigate the Persecution of Falun Gong (WOIPFG). Le Front uni organise des séminaires de formation et des camps d’été pour les dirigeants des communautés chinoises à l’étranger; il établit ou infiltre les «associations amicales»; il prend contrôle ou influence les célébrations chinoises à l’étranger; il place ou censure des articles dans les médias chinois étrangers; il influence les écoles de langue chinoise outre-mer, etc.

Désinformation populaire orchestrée

Une tactique représentative du Front uni a été employée en 2001 contre le Falun Gong, alors que les missions diplomatiques chinoises ont demandé secrètement à 50 organisations chinoises au Canada d’écrire des lettres au premier ministre pour lui demander de restreindre les activités des pratiquants du Falun Gong. Les responsables occidentaux, peu familiers avec cet exercice de désinformation populaire orchestrée, ont peut-être eu l’impression que la communauté chinoise était de son plein gré opposée au Falun Gong.

«Après que Ling Jihua est entré en poste, la persécution des pratiquants de Falun Gong à l’étranger a en effet augmenté – il y a eu plus de cas», a indiqué à New Tang Dynasty Television Wang Zhiyuan, un porte-parole de la WOIPFG.

Le livre Ces espions venus d’ailleurs, écrit par deux spécialistes canadiens du domaine du renseignement, affirme que le Département du Front uni «est chargé de plusieurs tâches d’envergure à l’étranger : la propagande, le contrôle des groupes d’étudiants chinois, le recrutement de sources dans la diaspora chinoise et d’étrangers sympathiques à la Chine, et les opérations clandestines à long terme.»

Le département joue également un rôle de soutien pour des organisations comme la China Association for International Friendly Contact (association chinoise pour les échanges internationaux amicaux), un atout de l’appareil de renseignement militaire chinois qui vise à rejoindre les responsables militaires étrangers retraités.

En Chine, le Front uni a également un rôle important : il est responsable d’interagir avec les soi-disant huit partis démocratiques qui font partie de la Conférence consultative politique du peuple chinois, un organe consultatif symbolique du Parti communiste qui est supposé démontrer la légitimité populaire du régime. Le Front uni doit également jouer un rôle dans la gestion des minorités ethniques.

Cette combinaison génère des scènes cocasses chaque année à Pékin lors des rencontres du Parti, alors que les représentants officiels des groupes minoritaires arrivent vêtus de leurs plus beaux costumes ethniques. Le Parti tente de démontrer son caractère inclusif, alors que Tibétains et Ouïghours dans leurs régions voient leurs traditions ethniques et religieuses sévèrement réprimées.

Version originale : Purged Chinese Official Worked to Create Pro-Communist Alliances

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.