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Poèmes d’hiver de la dynastie Tang

Écrit par Leo Timm ,Epoch Times
14.02.2015
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  • La poésie classique chinoise convient sans doute mieux que nulle autre à décrire la froideur muette de l’hiver. (STR/AFP/Getty Images)

Le froid mordant de l’hiver s’accompagne d’une immobilité dominatrice.  De même que la blancheur de la neige réduit les complexités de notre monde à un état de tranquillité glacée, les mots attentivement choisis des anciens poètes chinois évoquent l’expansion des sentiments et le raffinement de la vision.

Connue pour sa simplicité grammaticale et la liberté de sa forme lexicale, le style minimaliste de la poésie classique chinoise convient sans doute mieux que nul autre pour décrire la froideur muette de l’hiver.

Certains des poètes chinois les plus connus ont vécu durant la dynastie Tang (618-907), largement considérée comme l’apogée de la civilisation chinoise. Dans des milliers d’œuvres, les poètes ont couvert de nombreux sujets et affiné leurs méthodes pour la postérité.

«Rivière Neige» de Liu Zongyuan (773–819) est peut-être son œuvre la plus célèbre. Incontournable sujet de mémorisation et de récitation pour les jeunes enfants, le poème dépeint de façon immédiate une scène physique et l’humeur qui l’accompagne.

Rivière Neige

Liu Zongyuan

Vol d’oiseau au bout d’un millier de collines

Plus une trace humaine sur les myriades de chemins

Un bateau solitaire, un vieil homme en chapeau de paille

Pêchant seul dans la froide Rivière      

Neige.

De même que pour n’importe quel texte composé en chinois classique, le traduire de façon exacte défie le domaine du possible. Dans la langue d’origine, les particules grammaticales, essentielles en anglais, telles que les prépositions et les formes plurielles, n’existent tout simplement pas. Y-a-t-il un oiseau, ou un vol tout entier ? Volent-ils jusqu’à l’extrémité des collines, ou le paysage joue-t-il un rôle plus actif, en les avalant? La réponse est largement une question d’interprétation.

Liu Zongyuan était lui-même fonctionnaire. Tombé en disgrâce à la cour impériale pour avoir pris part à une tentative de réforme ratée, il a été exilé dans les régions lointaines de la Chine du Sud. C’est là qu’il a créé la plupart de ses poèmes.

L’exil a offert à Liu l’environnement nécessaire pour écrire en paix, mais l’a isolé aussi, comme le reflète l’image du vieil homme solitaire. Logiquement, il était en train d’attraper du poisson, mais plus probablement il n’aura trouvé que la neige. La grammaire du chinois n’interdit aucune interprétation – illustrant l’espoir et la réalité d’un même trait.

Liu Changqing (709-785) a utilisé un langage tout aussi ambigu dans Hébergé sur le mont Furong lors d’une tempête de neige pour créer encore plus de variabilité, de scène et de sens.

Hébergé sur le mont Furong lors d’une tempête de neige

Liu Changqing

Un coucher de soleil saturé d’un lointain de collines bleues

L’air glacial remplit une simple hutte nue

Le son d’un aboiement de chien à la porte d’osier

Quelqu’un rentre la nuit dans la tempête de neige

Les scènes contrastées de Liu dépeignent une double perspective, unique. Les collines distantes, éclairées de bleu par la lumière du coucher de soleil, suggèrent une vision indéniable d’hiver – même la chaleur du soleil ne peut que teinter la terre de bleu.

Le mot «simple» utilisé pour décrire la hutte est en fait le caractère chinois pour «blanc» qualifiant son vide et le comparant à la neige qui s’étend au dehors, mais que l’auteur n’a pas besoin de mentionner. À ce moment, les perspectives de près et de loin sont unies par la sensation partagée de froideur qui a enveloppé, avec le vaste paysage naturel, l’homme qui reste pris au piège.

C’est dans ce milieu glacé que Liu insère les images aiguisées du personnage qui rentre et de l’aboiement du chien. On entend le chien qui court, on ne le voit pas, suggérant que l’observateur est soit encore à une certaine distance de la maison, ou tremblant dans la hutte vide en attendant l’arrivée d’un compagnon. Faisant écho à la convergence du près et du loin décrite plus haut, l’hôte et l’invité altèrent similairement la tempête d’hiver.

De même que Liu Zongyuan, Liu Changqing était un fonctionnaire ayant atteint un haut niveau aux examens impériaux. Bien qu’il n’ait pas connu l’exil, il n’en a pas moins souffert dans les luttes politiques. Il a été rétrogradé de ses positions légitimes.

Poursuivons sur le thème de la résistance avec «l’Ode au Chrysanthème» de Bai Juyi (772-846). Auteur de 2 800 poèmes, il est l’un des poètes les plus appréciés et les plus prolifiques de la dynastie Tang. Il est connu pour son style accessible qui souligne la clarté du sens. On disait que Bai lisait ses ébauches à ses serviteurs, et s’il y avait une partie qu’ils ne pouvaient pas comprendre, il la changeait immédiatement.

Il n’empêche qu’un de ses poèmes les plus obscurs «Ode au Chrysanthème» est un exemple typique du style direct et clair de Bai.

Ode au Chrysanthème

Bai Juyi

Gelée fraîche sur les tuiles doucement accumulée pendant la nuit

Les tiges des bananiers se cassent, le lotus se fane

Seul le chrysanthème endure le froid

Avec la luminosité du matin, sa floraison est d’or.

Le chrysanthème est connu comme l’un des «Quatre gentlemen» ou quatre variétés de plantes qui sont honorées dans la tradition confucéenne. Le chrysanthème, représentant la fermeté et la longévité, convient au sujet de ce poème.

Omis de la traduction ici pour des raisons d’euphonie, à la troisième ligne, Bai Juy écrit en fait «chrysanthèmes de la haie orientale» une référence à l’œuvre d’un autre célèbre poète, Tao Yuanming (365-427). Tao vivait dans la pauvreté mais gardait un esprit joyeux. Comme décrit dans son poème «À propos de la boisson N° 5», il aimait cueillir des chrysanthèmes au-dessous de la haie orientale, contemplant les lointaines montagnes. La fleur se prêtait à son style de vie insouciant de taoïste, prônant de suivre le cours naturel des choses.

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