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Les hémicycles en rotation

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
16.03.2015
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  • «Il nous reste Platon pour continuer de suggérer du bout des lèvres que la noblesse d’un engagement national émerge mieux sans des indemnités et avantages trop généreux…». Gravure Platon les yeux levés vers le ciel. (Nicolas Lagneau/ Wikimédia)

Montesquieu l’a voulu, la stérilité des débats révolutionnaires l’a permis.  Inspiré par la monarchie constitutionnelle anglaise, alors que les décapitations commençaient à ralentir et que les parlementaires fatiguaient d’avoir trop hurlé à la mort, une première version du Sénat actuel voyait le jour en 1795 pour exercer un contre-pouvoir aux excès de l’Assemblée. Après diverses maturations, la vieille institution est finalement devenue le «représentant des collectivités locales», à la différence de l’Assemblée, chambre basse élue au suffrage universel direct et représentant directement, le peuple.

Ceci légitime-t-il les attaques au mortier de 120 menées par Claude Bartolone, Président de l’Assemblée, contre le Sénat – qu’il propose, poliment, de supprimer? La semaine dernière, Gérard Larcher, qui avait dans un premier temps réagi en cessant toute communication avec son homologue, a sorti sa truelle et son ciment pour combler les plus grosses failles de son institution. Elle coûte cher au contribuable? Les 350 millions d’Euros de coût annuel se cachent effectivement difficilement sous un tapis,  de même que les 80 millions versés aux seuls Sénateurs, qui entre leurs «frais de représentation» et leur «indemnité de fonction» touchent 11.500 Euros net chaque mois – les deux tiers n’étant pas imposables. Mais plus de transparence permettra de rassurer sur leur bonne utilisation. Elle ronfle un peu? Le principe d’un «temps législatif concerté» devrait progressivement accélérer les débats.

On peut en 2015 accepter – un peu – de bien payer un homme politique qui joue un rôle important dans la vie de son pays et qui y consacre toutes ses forces. C’est plus difficile – et c’est valable pour les deux Chambres – lorsqu’il est absent des groupes de travail, des séances de questions au gouvernement, voire des votes. Gérard Larcher est le premier des deux Présidents à dégainer des mesures pour rendre irréprochable son hémicycle sur ce plan: à compter d’octobre, les Sénateurs absents verront leurs indemnités rognées jusqu’à un tiers de leur total pour les récalcitrants. Ils devront de plus garantir la transparence de l’utilisation de leurs frais de représentation, avec lesquels ils ne pourront plus devenir propriétaire d’une permanence parlementaire.

Sur ce dernier point, le Sénat rattrape l’Assemblée qui a récemment adopté des mesures comparables. La question reste posée: à quoi bon deux chambres parlementaires? Parce que, nous dit l’histoire, notre Assemblée nationale est une chambre trop partisane,  trop une tribune des partis, trop un endroit où l’émotion et la communication médiatique peuvent primer, et qu’il lui arrive de laisser le superficiel l’emporter sur le fond.  Parce que, nous dit la biologie, il faut à tout système vivant une boucle de régulation pour qu’il ne dérive pas.  Parce que, nous dit la géométrie, pour un cercle harmonieux, il faut bien deux hémicycles assemblés. Il nous reste Platon pour continuer de suggérer du bout des lèvres que la noblesse d’un engagement national émerge mieux sans des indemnités et avantages trop généreux, et les statistiques pour penser (si on souhaite s’engager sur un chemin d’économies) que 577 députés d’un côté, 348 sénateurs de l’autre, sont sans doute plus qu’il ne faut pour assurer une représentation nationale. Avec 250 élus dans chaque Chambre, l’éventail des opinions ne pourrait-il amplement s’exprimer, et le bruit des parleurs inutiles diminuer?

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