Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Les atrocités de l’EI et des autres

Écrit par Gary Feuerberg, Epoch Times
31.03.2015
| A-/A+
  • Un combattant irakien chiite et membre des unités populaires de mobilisation de l'Irak, dans le village de Albu Ajil, au nord-est de Tikrit le 8 mars dernier. Ces unités soutiennent les forces gouvernementales irakiennes dans la lutte contre l'État islamique. (Ahmad Al-Rubaye/AFP/Getty Images)

Washington – Devant l’audience du Congrès, plusieurs témoignages dépeignent un tableau de brutalité et de souffrance, de violations des droits humains commises par l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL).

Même s’ils ont tous reconnu la perversité de l’EIIL, les témoins ont prévenu les États-Unis de ne pas fermer les yeux sur les abus et les atrocités perpétrées par ses adversaires. La Commission Tom Lantos des droits de l'homme (TLHRC) est l’initiatrice de l’organisation et de la convocation de l'audience du 18 mars.

L'ennemi de ton ennemi n’est pas forcément ton ami. Deux jours plus tard, ce point a été mis en exergue dans une interview par le Washington Post du Général David H. Petraeus publiée le 20 mars. Ayant servi comme commandant américain de la Force multinationale – lors des émeutes irakiennes de 2007-2008, le Général Petraeus connaît personnellement les problèmes sectaires de la région. Il répond à une question en ces termes: «Je dirais que l'État islamique n’est pas la première menace à la stabilité à long terme de l'Irak et à un plus grand équilibre régional. Ce sont plutôt les milices chiites, dont beaucoup sont soutenues – voire guidées – par l'Iran».

Parmi les témoins de l’audience se trouvait Sunjeev Bery, directeur d’Amnesty International au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il explique que son organisation craint que l'aide militaire américaine en Syrie et en Irak ne conduise à des abus supplémentaires des droits humains. «Les principaux alliés des États-Unis dans le conflit armé contre l'État islamique (EI) ont de gros problèmes de respect des droits de l'homme», met-il en garde.

M. Bery parle des enlèvements et des assassinats commis par les milices chiites, des violations commises par le gouvernement irakien et des représailles menées par les peshmergas, combattants kurdes.

Lors de l’audience, Mme Erin Evers, chercheur auprès de Human Rights Watch (HRW), déclarait que HRW possède des preuves documentées de graves violations, constatées après l’expulsion des combattants de l’EI hors de Bagdad, d’Hilla et de Diyala. Des abus commis par les forces de sécurité irakiennes et les milices chiites.

Et d’expliquer que «les milices et les forces de sécurité ont procédé à des exécutions sommaires en masse, de prisonniers sunnites dans les provinces d'Anbar, de Diyala et de Ninewa. Ils ont également détruit de nombreux villages, déplaçant des milliers de résidents et enlevé des civils, dans le but, semble-t-il, de chasser les sunnites de ces régions».

Suite aux déclarations de l’envoyé spécial de la Maison Blanche, l’ancien général John Allen, faites le 16 mars à Bagdad, et à celles d’autres spécialistes, Mme Evers note que «pour la première fois, les États-Unis expriment publiquement leurs inquiétudes au sujet des violations commises par les milices».

John Allen disait: «Nous saluons les dirigeants irakiens, y compris son Éminence l'ayatollah Sistani, qui a appelé publiquement à la protection des civils et mis en garde contre les actes de vengeance, de récrimination, ou d'abus à l’encontre des populations civiles ou des prisonniers».

C’est le défi auquel font face les États-Unis et les forces de la coalition. Pour apporter la stabilité aux territoires irakiens – l’objectif déclaré de l'administration Obama – les responsables américains doivent être conscients des abus commis par tous les groupes armés de la région, et s'assurer que leur aide ne servira pas à aggraver les violations des droits de l'homme et des crimes de guerre commis par l'EI.

  • David N. Saperstein, ambassadeur du département d'État pour la liberté religieuse, le 18 Mars, peu de temps après sa déposition devant la Commission Tom Lantos des droits de l'homme, qui enquête sur les violations des droits humains commises par l'EI. (Gary Feuerberg/ Epoch Times)

Les atrocités commises par l’EI

La déclaration d’ouverture de Joseph Pitts, membre du Congrès des États-Unis et co-président du TLHRC, décrit les crimes de l’EIIL en mettant particulièrement l’accent sur les crimes contre les minorités, les femmes et les enfants.

«Après avoir pris le contrôle de Mossoul, l’EI imposait aux chrétiens et aux autres minorités de se convertir à l'islam ou alors de quitter la ville. Il s’en est suivi une destruction de la communauté chrétienne... les femmes ont été victimes de graves abus à grande échelle. Les femmes capturées ont subi systématiquement des violences sexuelles et ont été réduites à l'esclavage. Au sein du groupe, la traite des êtres humains, notamment des femmes est endémique».

L’EI a fait des enfants sa cible de choix. «L'État islamique a enrôlé des garçons et exécuté ceux qu’il soupçonnait d’être restés fidèles à des groupes rivaux», explique Joseph Pitts.

Il accuse aussi l’EI de violer les normes internationales de traitement des prisonniers de guerre. Il poursuit: «L’EI a exécuté des centaines de militaires irakiens et syriens capturés au cours des opérations, généralement en les décapitant avant d’exposer les cadavres sur la place publique de la ville».

Pour Pitts, l’EI «a sa propre théologie et vision du monde. Ils n’acceptent aucun compromis et font preuve d’une ambition implacable».

Pour James McGovern, autre membre du Congrès et coprésident de TLHRC, les atrocités de l’EI sont à placer dans le contexte plus large de l'ancien gouvernement du Premier ministre Al-Maliki. James McGovern analysait: «Avant l'invasion de l’EI, le gouvernement irakien s’est montré incapable de fournir des services de base ou de protéger les groupes vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les minorités. Les deux dernières années du gouvernement de Al-Maliki ont été un cauchemar pour les minorités religieuses et ethniques».

Quant au Général David H. Petraeus, il estimait que «les actions du Premier ministre irakien ont annihilé le principal acquis des soulèvements. [Elles] ont aliéné les sunnites irakiens et encore une fois semé dans les zones sunnites très fertiles les graines de l'extrémisme, en particulier de l'État islamique».

  • De gauche à droite, Sunjeev Bery, d’Amnesty International ; Erin Evers, de Human Rights Watch; Bassam Ishak, du Conseil national syriaque de Syrie; et Rami Abdelrahman de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, témoignent devant la Commission Tom Lantos des droits de l'homme, le 18 Mars sur les violations des droits humains commises par l'EI et ses ennemis. (Gary Feuerberg/ Epoch Times)

Des conversions forcées

David N. Saperstein, ambassadeur du Département d'État pour la liberté religieuse, s’est récemment rendu en Irak. Il déclarait à son retour que parmi les millions de réfugiés déplacés de force par la guerre syrienne et les conquêtes de l’EI, les minorités religieuses et ethniques sont particulièrement menacées par des groupes comme l’EI.

Il raconte que «ceux qui n’adhéraient pas à l'idéologie extrémiste sunnite [de l’EI], dont des musulmans chiites, d'autres musulmans sunnites, des alaouites, des chrétiens, des Assyriens et autres ont tous subi des massacres. Pour certains, il s’agissait de conversions forcées sous la menace d’une arme à feu, d’enlèvements et autres atrocités».

Pour Bassam Ishak, président du Conseil national syriaque de Syrie, des preuves formelles documentées, attestent des atrocités commises par l’EI contre les assyriens, les chrétiens, les Yézidis et les Kurdes, lors des campagnes militaires de 2013, à Raqqa, en Syrie, et celles de 2014 à Mossoul et Tikrit, en Irak. «Des hommes, des femmes et des enfants ont été assassinés... décapités, enterrés vivants ou forcés à combattre pour l’EI. Des parents ont assisté à la décapitation de leurs enfants, coupés en deux sous leurs yeux», raconte-t-il.

«Toutes les églises chrétiennes ont été détruites à Mossoul», s’attriste Bassam Ishak. La plupart des chrétiens ont quitté Raqqa, proclamé par l’EI comme la capitale de son califat syrien, a-t-il encore déclaré. La plus grande église a été transformée en siège de l’EI.

Bassam Ishak a averti la commission qu’une terrible catastrophe humanitaire se déroule en ce moment même dans la province syrienne d'Al-Hasakeh. Les forces de l’EI ont pris près d’une trentaine de villages assyriens le long de la rivière Khabour. Les Syriaques n’ont que quelques armes – principalement des fusils – et peu de munitions pour se défendre contre les forces plus nombreuses de l’EI, armées de chars, de véhicules blindés et de mortiers. Sans une intervention de la communauté internationale, l’EI va s’emparer de la région et mettra des millions de civils en danger de mort et expulsera des chrétiens d’une région où leurs ancêtres ont vécu depuis plus de 5.000 ans.

Rami Abdurrahman, fondateur et directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, a précisé que ceux qui pensent que l'EI ne cible que les minorités et les femmes se trompent. La plupart des victimes de l'organisation sont des musulmans sunnites, le courant islamique auquel appartient également le groupe EI.

Les femmes yézides réduites à l’esclavage

Bassam Ishak affirme que les pires abus sont réservés à la communauté yézide, «considérée par l’EI comme des païens, qui ne méritent que la mort ou l'esclavage, généralement à des fins sexuelles».

Voyager ou se déplacer dans les territoires contrôlés par l’EI est trop dangereux, déclare Erin Evers de HWR, qui s’est rendue avec son équipe à Dohouk dans le nord de l'Irak pour interviewer des femmes, des filles et des hommes yézidis qui se sont récemment enfuis ; d’autres Yézidis encore en captivité ont été interviewés par téléphone. «Ils ont raconté des récits poignants de détention dans des espaces exigus, d'abus, de conversion forcée et de mariage forcé», relate Mme Evers.

 

La vengeance des milices

Mme Evers ajoute cependant que l'histoire ne s’arrête pas aux seules atrocités de l’EI. L’histoire serait cruellement incomplète si on omettait les violations généralisées des droits de l'homme perpétrées par les milices pro-gouvernementales irakiennes et les forces de sécurité irakiennes, comme en attestent des documents recueillis par HRW.

Les gains de territoires de l'EI ont été «largement facilités par le mécontentement résultant des politiques gouvernementales de l'ancien Premier ministre Al-Maliki», a-t-elle ajouté.

Dans son rapport, elle fait part de son expérience avec des témoins après un siège de l’EI de deux mois à Amerli, une ville chiite du nord de l'Irak. HRW racontait le jour de l’audience, comment «après la libération, est venue la destruction». Après la fuite des combattants de l’EI et la fin des combats dans la région, les milices pro-gouvernementales, les combattants volontaires, et les forces de sécurité irakiennes ont attaqué les villages et les quartiers sunnites autour d’Amerli.

Selon HRW, «ils ont pillé les biens des populations qui ont fui les combats... brûlé des maisons et des commerces dans les villages des habitants sunnites. À l’aide d’explosifs et d'équipements lourds, ils ont détruit des habitations individuelles et des villages entiers».

En combinant les images satellitaires aux recherches sur le terrain, HRW a constaté que, entre début septembre et mi-novembre 2014, plus de 3.800 bâtiments avaient été détruits dans 30 villes et villages, la plupart du temps par un incendie criminel, ou par l’usage massif d'explosifs.

Les milices ont d’abord pillé les villes et les villages avant de les détruire. Le rapport cite 24 témoins, dont des officiers peshmergas, des cheiks tribaux locaux qui ont confirmé à HRW avoir vu des miliciens emporter des réfrigérateurs, des téléviseurs, des vêtements et même des câbles électriques avant d’incendier les maisons.

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.