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Agroécologie, bio, commerce équitable… tiennent-ils leurs promesses?

Écrit par David Vives, Epoch Times
04.03.2015
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  • À l’opposé de l’agriculture industrielle issue de la Révolution verte, basée sur l’emploi de pesticides, d’engrais, de retardateurs et d’activateurs de croissance en tout genre, l’agroécologie s’aborde avec des connaissances biologiques et une expérience de terrain. (Fred Tanneau/AFP/Getty Images)

Au salon de l’agriculture qui s’est terminé ce weekend à Porte de Versailles, Emmanuel Macron a annoncé qu’il souhaitait favoriser l’apprentissage en agrobiologie. Face aux étudiants en agroécologie, le ministre de l’Économie l’a répété: il faut changer les mentalités agricoles. Cela fait maintenant quelques années que l’idée fait son chemin au sein du public français… et du gouvernement.

Dans un entretien donné à TerraEco, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture soutenait: «À ceux qui disent qu'on ne peut pas produire autant avec l'agroécologie, je réponds: "Venez constater avec moi, sur le terrain, que l'on peut faire des rendements de 80 quintaux à l'hectare en blé ou 9.000 litres par an pour une vache laitière avec des systèmes écologiquement performants"». Le ministre de l’Agriculture l’a affirmé au stand de l’INRA: allier performance écologique et économique, c’est possible. Mais devenir leader mondial en suivant l’exemple des agriculteurs pionniers, est-ce seulement envisageable dans un pays qui est le troisième consommateur mondial de pesticides?

Au lieu de lutter contre la nature, composer avec

À l’opposé de l’agriculture industrielle issue de la Révolution verte, basée sur l’emploi de pesticides, d’engrais, de retardateurs et d’activateurs de croissance en tout genre, l’agroécologie s’aborde avec des connaissances biologiques et une expérience de terrain. «Mon grand-père était agriculteur à l'époque de la Deuxième Guerre mondiale, et il mélangeait les cultures. Il faut retrouver la connaissance des plantes et le sens de l'observation. Au lieu de lutter contre la nature, on compose avec», observe Benoît Drouin, résident du réseau Agriculture durable des Civam.

Au niveau du rendement, ce type d’agriculture, s’il ne rivalise pas avec l’agriculture productiviste «classique», montre tout de même des chiffres encourageants. Jacques Morineau, agriculteur vendéen converti à l’agrobiologique, constate que s’il ne produit pas autant de blé et de maïs que ses concurrents, ceux-ci sont de meilleure qualité et peuvent être transformés en pain. «Depuis cinq ans, notre productivité s’accroît. Alors qu'avant, en chimique, c'était un échec: les rendements n'augmentaient plus», observe t-il.

Les contradictions de l’agriculture française

Le problème, c’est que tout le monde n’est pas comme Jacques. En 2013, l’usage des pesticides sur les sols français a encore grimpé de 9,2%, d’après le rapport déposé par le député PS Dominique Potier en décembre dernier. Et ce, malgré la sensibilisation sur leurs dangers, et malgré les efforts du plan Grenelle de 2008 qui espérait réduire leur utilisation de moitié en dix ans. Depuis le 30 janvier, et la présentation d’un nouveau plan de réduction des pesticides, Stéphane Le Foll espère pouvoir renverser la vapeur. «Il faut continuer le travail de conviction», lance-t-il en direction des agriculteurs, qui ne sont que 13% à se dire prêts à se convertir au modèle agroécologique.

La France peut-elle être un modèle en agroécologie? Au gouvernement, la réflexion se poursuit sur la nouvelle mouture du plan Ecophyto, qui espère que d’ici à 2025, une «majorité d’exploitations françaises soient engagées dans l’agroécologie». Les mesures du plan visent à promouvoir l’échange des bonnes pratiques, la formation des agriculteurs, l’innovation, le soutien public et la création d’outils d’autodiagnostic permettant aux agriculteurs de prévoir l’évolution de leurs systèmes.

 Au salon de l’Agriculture, sur le stand de l’INRA, Stéphane Le Foll a annoncé la mise en place d’Agreenium, premier cours massif ouvert en ligne sur l’agroécologie. D’après Frédéric Lapeyre, directeur du projet, il s’agit de «diplomatie scientifique», i.e. inciter la collaboration et les innovations dans les échanges avec la France. Pourtant, d’après les ONG dont la Fondation Nicolas Hulot (FNH), ces bonnes intentions ne suffiront pas. «Il manque encore la concrétisation des promesses sur les néonicotinoïdes (insecticides) et des actions vigoureuses sur la demande (en produits de qualité) notamment par la restauration scolaire», estime Matthieu Orphelin, porte-parole de FNH.

Les bons chiffres du commerce équitable

L’histoire passée et présente du commerce équitable illustre bien le dilemme et les paradoxes avec lesquels doivent composer ceux qui espèrent le retour de valeurs justes, et qui aspirent à un équilibre entre les rapports humains de production, de distribution et de vente.

Comme pour le bio, le commerce équitable bénéficie d’un élan d’opinion favorable auprès du grand public. Profitant à 1,5 million de producteurs et faisant vivre 5 millions de personnes dans le monde, le commerce équitable connaît un succès incontesté: 65% des études réalisées soulignent une amélioration des conditions de vie et de travail, et 96% estiment un impact positif en matière de qualité des produits. C’est justement sur cet élan que parient les grandes enseignes telles que Fairtrade/Max Havelaar ou Artisans du Monde.

Et pourtant, il existe une différence d’approche de ce type de commerce entre les compagnies. Pour Artisans du Monde, le but est de transformer les critères du commerce dans son ensemble, du producteur au distributeur, et d’abandonner les pratiques existantes. Dans cette optique, le label refuse d’opérer avec les grands noms de la distribution, qui pérennisent selon eux le système inéquitable. De son côté, Max Havelaar pense pouvoir changer le système de l’intérieur. Le label accepte la grande distribution, en espérant peser toujours plus lourd dans la balance. Le but reste le même, que ce soit Artisans du Monde ou Max Havelaar, il s’agit toujours de proposer un système alternatif viable sur le long terme.

Vers un commerce équitable «Made in France»

Si l’on met de côté les contre exemples, minoritaires, où des producteurs équitables embauchent des salariés sous payés, certaines pratiques méritent d’être nuancées. Cette année, Max Havelaar a décrété qu’un seul élément provenant du commerce équitable, dans la composition d’un produit, suffirait à l’estampiller de la marque du label. Dans le cas d’une barre chocolatée, par exemple, peu importe si le sucre est d’origine industrielle – alors qu’il existe du sucre équitable – si le cacao est d’origine équitable, le produit entier sera considéré de la sorte. Un système qui profiterait aux multinationales et aux industries agroalimentaires.

En France, contrairement à la Suisse ou en Allemagne, ce subterfuge n’est pas passé et le label a dû revoir sa copie. Dans notre pays, les normes touchant la sécurité ou l’origine alimentaires sont strictement surveillées. Il existe déjà, dans certaines structures telles que Biocoop ou Ethiquable des produits issus du commerce équitable français appliquant plusieurs principes tels qu’un prix rémunérateur et transparent, une relation non exclusive préservant l’autonomie des producteurs, des pratiques agricoles issues du développement durable. Par ailleurs, une charte «commerce équitable local», issue du partenariat entre la PlateForme pour le commerce équitable (PFCE), le réseau INPACT (Initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale) et la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB), a été signée en juin dernier. Comportant 14 principes fondamentaux, celle-ci permet de rassurer les consommateurs d’un produit «Made in France» et équitable.

 

 

 

   

 

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