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Lévi-Strauss, le philosophe, l’anthropologue, l’aventurier, l’humaniste, nous a quitté

Écrit par Michal Bleibtreu-Neeman, La Grande Époque
18.11.2009
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  • Les hommages sont unanimes après le décès de l’ethnologue Claude Lévi-Strauss, pionnier du structuralisme dans le domaine de l’anthropologie à travers la formulation de la théorie de l’alliance/: organisation des relations sociales au sein d’un groupe par un jeu de relations formelles de prescriptions et d’interdictions.(攝影: / 大紀元)

Claude Lévi-Strauss, l’un des derniers grands intellectuels du XXe siècle, est mort le 30 octobre 2009.

D’innombrables mots ont déjà été dits et seront encore dits sur Claude Lévi-Strauss, l’un des intellectuels les plus remarquables du XXe siècle. Le philosophe structuraliste qui a changé la pensée et le discours politique et culturel de l’Occident dans la deuxième moitié du XXe siècle, aurait eu 101 ans le 28 novembre. Claude Lévi-Strauss le philosophe, l’ethnologue, l’anthropologue, l’écrivain, l’homme d’action, l’intellectuel, écologiste précurseur: il n’y a pas un titre ou un superlatif qui n’échappe à son tableau. Qu’il s’agisse de linguistique, de sémiotique ou même de Gender Studies, d’histoire, de psychologie, d’art, de théologie, de sociologie, il n’est pas un étudiant qui ne l’ait lu. Claude Lévi-Strauss aura en effet réinventé les sciences humaines à lui tout seul.

 

Claude Lévi-Strauss, la pensée et la perception de l’autre

Même si une partie de ses conclusions n’a plus cours, personne ne conteste le fait qu’il a changé notre perception de l’autre et a octroyé à la connaissance humaine un regard universel et humaniste. C’est l’homme qui nous a dévoilé que derrière la pensée du «sauvage», il y a une pensée sophistiquée et créative. Pour lui, il n’y a pas de tribus primitives, retardées dans leur développement évolutionniste, mais des civilisations différentes dont il faut déchiffrer la morphologie interne. Cette morphologie interne dominée par des systèmes de fonctionnement semblables partout à l’homme et qui lui permettent le traitement de l’information et la communication. Il nous a appris que la pensée humaine est identique partout et que les différents mythes du Brésil, du Japon ou de la Grèce antique révèlent une seule structure de la pensée humaine. Ainsi des relations universelles, régissent, partout, l’inconscient de l’homme.

 

Ses recherches ont annulé la conception hiérarchique répandue jusqu’alors entre la société occidentale et les autres sociétés. Par conséquent, elles ont eu un impact politique sur le colonialisme.

 

Claude Lévi-Strauss, père du structuralisme anthropologique, contemporain de Sartre et son adversaire, a développé la théorie de Saussure le linguiste. Il a été influencé par des théories mathématiques, ainsi que par le travail de Roman Jacobson. Il est arrivé à la conclusion que l’identité d’un élément est définie par ses relations avec les éléments qui l’entourent. Ses conclusions ont influencé des chercheurs dans plusieurs domaines. Elles ont accompagné la psychanalyse lacanienne et sa rhétorique de l’inconscient. Elles ont aussi influencé le sociologue Pierre Bourdieu dans la présentation des forces qui influencent le champ de l’art et dans sa critique sur la télévision et ses manipulations dans la production de l’image et du discours. Bien que ce dernier l’ait contesté. Bref, certains comparent le rôle joué par ce grand homme à celui qu’a joué la philosophie des Lumières, pensant à juste titre, que son influence s’est étendue à tous les domaines de notre pensée.

 

Claude Lévi-Strauss, sa vie, son œuvre

Claude Lévi-Strauss est né en 1908 en Belgique dans une famille française d’origine juive.

Il a fait des études de droit et de philosophie à la Sorbonne. En 1935 il est parti en délégation à l’université de Sao Paolo au Brésil où il fait ses recherches sur les Indiens du Brésil. Ce voyage sera déterminant pour sa carrière d’anthropologue. En 1939, il retourne en France, est mobilisé et envoyé sur la ligne Maginot. En 1941, suite à la montée du gouvernement de Vichy et en raison des lois raciales, il est obligé de s’exiler. Il part pour les États-Unis. Ses années aux États-Unis ont été cruciales pour le développement de sa théorie et surtout dans ses rapports avec Roman Jacobson. En 1948, il rentre à Paris et publie, l’année suivante, sa thèse Les structures élémentaires de la parenté qui a connu un succès immédiat. En 1955, il publie Tristes Tropiques qui le positionne parmi les intellectuels de premier rang. Dans les années 60, il rédige les volumes de son ouvrage Mythologiques. En 1966, il est élu à l’Académie Britannique, et en 1973 à l’Académie Française. Il a également reçu de nombreux prix et  a été nommé docteur honoris causa de plusieurs universités, dont Oxford et Harvard.

 

Sans doute son humanisme, sa passion pour les arts et la musique, le dialogue interculturel auquel il croyait, son don pour intégrer les méthodes de pensée de l’école française et de l’école américaine ainsi que son ouverture vers les différentes cultures ont contribué à l’excellence de son œuvre et à en faire l’intellectuel hors du commun que nous connaissons.

 

Plus que des grands discours sur le personnage, rendons-lui la parole l’espace d’un instant. Voici donc un extrait de Regarder, Écouter, Lire paru en 1993 par lequel Claude Lévi-Strauss nous invite à la réflexion sur la condition humaine:

 

«Vues à l’échelle des millénaires, les passions humaines se confondent. Le temps n’ajoute ni ne retire rien aux amours et aux haines éprouvés par les hommes, à leurs engagements, à leurs luttes et à leurs espoirs: jadis et aujourd’hui, ce sont toujours les mêmes. Supprimer au hasard dix ou vingt siècles d’histoire n’affecterait pas de façon sensible notre connaissance de la nature humaine. La seule perte irremplaçable serait celle des œuvres d’art que ces siècles auraient vu naître. Car les hommes ne diffèrent, et même n’existent, que par leurs œuvres. Elles seules apportent l’évidence qu’au cours des temps, parmi les hommes, quelque chose s’est réellement passé.»

 

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