Les Européens sont en train de retomber dans le piège du commerce avec la Chine communiste qui va à l’encontre de leurs intérêts et de leurs valeurs morales. Sous l’impulsion de l’Allemagne et de la France, l’Europe fait passer ses besoins économiques à court terme avant le renforcement de sa puissance économique à long terme, sans parler de la paix et de la sécurité internationales.
Les entreprises européennes qui tirent leurs profits en Chine justifient leurs actions en utilisant diverses excuses. Selon le Wall Street Journal, ces entreprises se réfèrent à la guerre que la Russie mène en Ukraine, au marasme économique en Europe et, de manière ridicule, à la perspective d’une deuxième présidence de Trump. Elles affirment que ces problèmes démontrent en quelque sorte la nécessité de renouer leur partenariat avec la « nation la plus dangereuse » de l’Asie.
Le 14 avril, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est envolé pour la Chine, accompagné de trois ministres et de plusieurs PDG, pour une visite qui incluait une rencontre à Pékin avec Xi Jinping, le chef du Parti communiste chinois (PCC). M. Scholz a tenté de promouvoir les 5000 entreprises allemandes opérant en Chine, au point de dénigrer rhétoriquement les droits de douane imposés par l’Union européenne (UE) à la Chine en les qualifiant de potentiellement « protectionnistes ». Cependant, les tarifs douaniers de l’UE sont destinés à « de-risquer » les chaînes d’approvisionnement et à diversifier la base industrielle de l’Europe, ce qui est essentiel à sa puissance économique et militaire.
Pékin a déjà utilisé son statut de détenteur de contrôle économique – par exemple, du contrôle sur les exportations chinoises de terres rares – à des fins politiques autoritaires. Si M. Scholz a apparemment cédé du terrain sur les tarifs douaniers de l’UE, Xi Jinping n’a pas fait de même sur l’Ukraine. Malgré les tentatives de Scholz, Xi n’a pas accepté de participer à la conférence de paix de juin sur l’Ukraine ni de cesser de fournir à la Russie des composants militaires et des biens à double usage (civil et militaire).
Les investissements directs étrangers allemands en Chine ont atteint un niveau record en 2022. L’État-parti exige de tels investissements pour permettre aux entreprises étrangères de vendre leurs produits sur le marché chinois. Une fois investies et dépendantes des revenus chinois, les sociétés allemandes telles que Mercedes-Benz, BMW ou BASF deviennent des leviers politiques que Pékin peut actionner pour obtenir ce qu’il veut de Berlin. Des dirigeants de ces sociétés ont accompagné M. Scholz dans son voyage.
Selon Car News China, BMW, Mercedes-Benz, Lexus, Porsche et Audi étaient les cinq premières marques de voitures de luxe importées en Chine en 2023. En même temps, si les sociétés étrangères veulent vendre en Chine, elles doivent aussi y fabriquer. Pékin tente de tirer parti de l’exigence « local contre local » non seulement pour augmenter le nombre d’emplois en Chine, mais aussi pour permettre à ses constructeurs automobiles de s’implanter en Europe. Cela permettra à Pékin d’ouvrir le marché automobile européen, d’accroître son influence politique grâce à des milliers d’Européens travaillant pour les fabricants chinois et de faciliter l’accès des ingénieurs chinois à la technologie européenne.
Les sociétés de la Chine – tout comme ses voitures, ses scientifiques et son dictateur – devraient faire partie du cercle interdit d’accès pour les démocraties qui se respectent. Toutefois, le président français Emmanuel Macron serrera également la main de Xi Jinping à Paris le mois prochain.
L’ambassadeur de France en Chine a accordé une interview au South China Morning Post, publiée le 9 avril. Son utilisation de la rhétorique pro-chinoise et son soutien à l’augmentation du nombre de visas délivrés aux étudiants chinois montrent à quel point Paris se plie aux exigences du PCC.
« Depuis le début, notre ambition commune est que les échanges entre les peuples soient au cœur de nos relations », a déclaré l’ambassadeur Bertrand Lortholary à son interlocuteur. « Le nombre d’étudiants chinois en France est déjà presque revenu à ce qu’il était en 2019, avec plus de 25.000 étudiants chinois en France. »
L’ambassadeur a noté que la France prolonge la validité des visas pour « les anciens étudiants chinois, car ils sont les ambassadeurs d’un pays vis-à-vis de l’autre ». Il a omis de préciser qu’ils constituent une source importante d’argent pour les universités françaises en échange de la fuite de technologie vers la Chine.
Entre-temps, Pékin essaye de séparer l’Union européenne de son allié, les États-Unis. D’autres pays européens, outre l’Allemagne et la France, ont mordu à l’hameçon. Bien que le PCC n’autorise pas les Américains à se rendre en Chine sans visa, il a commencé à le faire pour les cinq plus grandes économies européennes en novembre dernier. Comme par hasard, il s’agit des cinq pays européens les plus influents sur le plan politique.
Plus récemment, six autres pays européens ont été ajoutés au groupe exempté de visa. En janvier, Pékin a levé les interdictions frappant le bœuf irlandais et le porc belge. Ces « privilèges » peuvent être retirés à tout moment si un pays contrecarre le régime chinois, par exemple en soutenant des droits de douane plus élevés de la part de l’UE. Les pays concernés l’ont bien compris et ont donc tendance à faire l’éloge de Pékin plutôt que de le critiquer.
L’Union européenne est un peu plus sévère à l’égard de Pékin que les États individuels qui composent cette union. L’UE a lancé, par exemple, plusieurs enquêtes sur les subventions accordées par la Chine à ses industries dites « vertes » et a encouragé les entreprises européennes à réduire les risques de leurs chaînes d’approvisionnement au cours de l’année écoulée.
Toutefois, en accordant des avantages à certains pays européens plutôt qu’à l’Union européenne dans son ensemble, l’État-parti chinois applique une stratégie de division et de conquête contre l’unité européenne. Les sanctions de l’UE contre la Chine, comme la plupart des autres actions de l’UE, requièrent l’unanimité. Par le passé, la Hongrie, par exemple, a opposé son veto aux sanctions contre la Chine et la Russie. En échange, Pékin a manifesté sa volonté d’accorder un traitement spécial à la Hongrie, notamment en la qualifiant de « plaque tournante » pour les investissements chinois en Europe et en lui offrant une coopération en matière de sécurité.
La division de la puissance commerciale de l’Union européenne en tant qu’une entité, la dilution de l’OTAN par le biais d’accords de sécurité avec ses États membres et la séparation de l’Europe et de l’Amérique réduisent à néant la possibilité de sanctions coordonnées par les deux plus grandes économies du monde. De telles sanctions pourraient réellement forcer le PCC à choisir entre l’amélioration de la situation avec les droits de l’homme en Chine et de son comportement au niveau international, d’un côté, et la relégation à un commerce beaucoup moins important, de l’autre. Car les sanctions combinées des États-Unis et de l’UE réduiraient fortement le commerce international de la Chine et son accès à la technologie moderne, diminuant ainsi son budget de défense et ses capacités militaires.
La guerre de la Russie contre l’Ukraine a servi de piètre excuse pour accroître les échanges entre l’Europe et la Chine. Les médias grand public et les entreprises qui continuent à faire des affaires avec la Chine ont tendance à ignorer le fait que ce commerce renforce le PCC, lui donne accès à la technologie de pointe et soutient indirectement son « partenaire sans limites », la Russie. Ce commerce permettra également à Pékin de continuer à soutenir l’Iran sur le plan diplomatique, d’envisager l’invasion de Taïwan et de surpasser l’Amérique, l’Europe, le Japon et les autres alliés du G7 sur le plan industriel.
Compte tenu des menaces qui pèsent sur l’Occident et du manque de coordination entre les démocraties – ce qui nous conduit à rivaliser entre nous pour des gains à court terme, comme l’a montré M. Scholz à Pékin – les pays libres, et avant tout les États-Unis en tant que première puissance occidentale, devraient s’assurer qu’ils et leurs entreprises suivent une voie qui les éloigne de la guerre et du totalitarisme.
Cet objectif ne peut être atteint par l’apaisement, qui ne fait que renforcer nos adversaires. Mais il est possible d’y parvenir par des mesures concrètes qui renforcent l’unité des démocraties – par exemple, en veillant à ce que toute entreprise qui renforce nos adversaires sous diverses excuses soit frappée par des sanctions secondaires.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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