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Au Mexique, les « hommes-oiseaux » font planer l’esprit des ancêtres

mars 23, 2019 7:20, Last Updated: mars 23, 2019 7:30
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A trente mètres de hauteur, au sommet d’un immense tronc, des « hommes-oiseaux » défient le vide lors d’un rituel mystique: l’ethnie totonaque cherche à moderniser cette tradition vieille de plus de 2500 ans, notamment en souscrivant des assurances-vie, pour susciter des vocations.

Cinq jeunes « voladores de Papantla », vêtus d’un pantalon rouge et coiffés d’un chapeau traditionnel, ou parfois de plumes, grimpent au sommet d’un tronc coupé sur lequel ils dansent à tour de rôle, au son de la flûte et du tambour. Puis quatre d’entre eux se jettent dans le vide, suspendus par un pied, et tournoient jusqu’au sol.

Les quatre « hommes-oiseaux » symbolisent les quatre points cardinaux et le périlleux rituel vise à stimuler la fertilité de la terre. « La danse est une offrande inventée par le peuple totonaque pour faire cesser une terrible sécheresse », raconte Cruz Ramirez, 58 ans, un ancien « volador ». « Cette mission a été confiée à cinq jeunes hommes chastes, qui sont montés sur le plus grand arbre et se sont lancés dans le vide, comme des oiseaux. » 

Pour perpétrer la tradition, une école a été créée dans l’Etat de Veracruz (est) pour former les nouvelles générations, et les conditions de travail des « hommes-oiseaux » ont été améliorée pour rendre plus attractive cette activité à haut risque. « Les jeunes viennent à notre école pour valoriser ce rituel, comme quelque chose d’essentiel dans la vie, pour intégrer le spirituel, le mental et l’émotionnel », explique Francisco Hernandez, 51 ans, un autre formateur.

Le rituel se prolonge et a même été inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 2009. La tradition connaît son point d’orgue chaque année au moment de l’équinoxe de printemps lors d’un rassemblement annuel à Tajin, à l’est du Mexique. Mais les « voladores de Papantla » parcourent désormais le monde et se sont déjà produits en France, en Angleterre, en Italie, en Suisse et aux Emirats arabes unis.

Ils participent également à différentes fêtes traditionnelles dans différents Etats du pays ainsi qu’à Mexico, aux abords du musée national d’anthropologie, haut-lieu touristique de la capitale. Pour susciter plus de vocations, les « hommes-oiseaux » ont toutefois dû faire du lobbying pour améliorer leurs conditions de travail. « Il y a dix ans, nous n’avions pas d’assurance-vie, pas de couverture médicale, nous n’avions rien », poursuit Ramirez.

En 2009, le gouvernement local leur a finalement accordé une assurance-vie et une couverture sociale en cas d’accident lorsqu’ils voyagent à travers le Mexique ou à l’étranger. Dans la pratique, les accidents sont très rares grâce à la formation reçue, expliquent les professeurs. Eugenio San Martin, 14 ans, est l’un des élèves de cette école. Ce jeune homme timide a hérité de cette tradition pratiquée par son père et ses grands-pères.

Ils l’ont inspiré pour devenir « caporal », le danseur qui joue de la flûte et du tambour en équilibre précaire au sommet du tronc. « J’ai commencé quand j’avais sept ans parce que j’aimais ça », confie Eugenio à l’AFP.  « La première fois que je suis monté sur le tronc, j’avais très peur, mais un professeur est venu avec moi », dit-il. L’école rassemble une centaine d’enfants, âgés de 8 à 10 ans. Mais seulement une vingtaine d’entre eux atteindront le niveau nécessaire pour devenir professionnels.

« Tout le monde n’a pas ce don », commente Hernandez. « Quand l’enfant à cette force, tu peux le voir dans ses yeux », assure-t-il. Selon les professeurs, l’apprentissage de la cérémonie rituelle prend au moins 10 ans. En réalité, « tu n’arrêtes jamais vraiment d’apprendre », explique Hernandez. « L’enfant décide à quel moment il est prêt à grimper en haut du tronc, mais une fois là-haut, il doit voler ». 

D.C avec AFP

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