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Au Pakistan, un « juge poète » prend la tête de la Cour suprême

janvier 18, 2019 10:04, Last Updated: janvier 18, 2019 10:05
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Un « juge poète » a prêté serment vendredi à la tête de la Cour suprême, la plus haute institution judiciaire du pays, dont les décisions parfois controversées, de la destitution d’un Premier ministre à l’acquittement d’Asia Bibi, ont agité le pays ces dernières années.

« Je ferai le bien pour toutes sortes de personnes, conformément à la loi, sans crainte ni faveur », a juré Asif Saeed Khan Khosa, 64 ans, lors de la cérémonie retransmise en direct, qui s’est tenue devant une foule de dignitaires. Le juge Khosa, le magistrat pénaliste le plus reconnu du pays, s’est vu décerner le sobriquet de « juge poète » pour son habitude de citer des œuvres littéraires dans ses jugements.

Désormais 26e président de la Cour suprême pakistanaise, il était parmi les magistrats qui ont prononcé la destitution de l’ex-Premier ministre Nawaz Sharif pour corruption en 2017.  Il avait alors utilisé une citation de l’écrivain français Honoré de Balzac : « Derrière chaque grande fortune, il y a un crime ». Dans l’affaire Asia Bibi, du nom d’une chrétienne condamnée à mort pour blasphème il y a neuf ans, dont il a rédigé fin octobre l’acte d’acquittement, il avait repris une ligne de William Shakespeare : « Je suis moins pécheur que victime du péché. »

Il s’est toutefois abstenu de toute référence littéraire jeudi lors d’une cérémonie d’adieu à son prédécesseur, Mian Saqib Nisar, lui même objet de fortes critiques pour son immixtion jugée exagérée dans les sphères politique ou sociétale. Grâce à une disposition juridique qui permet à certains juges de se saisir de toute question d’intérêt public, Mian Saqib Nisar a notamment initié un vaste débat sur le contrôle des naissances et lancé un fonds participatif destiné à construire deux barrages.

Cette disposition juridique ne sera désormais plus utilisée que « très modérément » et « seulement s’il n’y a aucun autre remède adéquat ou efficace », a affirmé le juge Khosa. Akram Sheikh, un ancien président de la Cour Suprême, a salué cette volonté de « séparer les pouvoirs judiciaire et exécutif », qui va « renforcer la démocratie », dans un entretien avec l’AFP.

La justice pakistanaise, en sous-capacité permanente, peine à faire face à la démographie galopante du pays, et l’accroissement des affaires qui en découle, ce qui aboutit à des retards considérables dans le rendu des décisions. Près de 1,9 million d’affaires sont en attente dans les tribunaux, a affirmé M. Khosa, pour 3.000 juges en poste. Même s’ils travaillaient « 36 heures par jour », ils ne pourraient y faire face, a-t-il regretté.

D.C avec AFP

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