Policiers aux assises : les fils d’une femme éborgnée réclament la « vérité »

Par Epoch Times avec AFP
9 mars 2020 15:57 Mis à jour: 10 mars 2020 16:37

En 2013 en Seine-Saint-Denis, une mère de famille avait été éborgnée par des éclats d’une grenade de désencerclement. Ses fils demandent que les « erreurs » qui ont été commises « soient reconnues » et qu’on se pose la question des interventions dans les quartiers populaires.

« Quand on fait une erreur, il faut en répondre » : deux frères, dont la mère a perdu un œil au cours d’une intervention de police en 2013, ont exigé lundi « la vérité » lors du procès en appel de deux policiers aux assises de Paris.

Aujourd’hui âgé de 26 ans, le plus jeune a fait à la barre son récit de la soirée du 23 juin 2013. Ce jour-là, il est interpellé au bas de l’immeuble où il habitait avec sa mère, à Villemomble (Seine-Saint-Denis), par des policiers qui le confondent avec un fuyard.

Son frère tente de s’interposer et la situation dégénère. Alertés, des habitants, dont leur mère, descendent au pied de l’immeuble. Certains jeunes lancent des projectiles, les policiers répliquent avec du lacrymogène. Alors que les riverains reculent, un policier lance une grenade de désencerclement. Un éclat éborgne la mère de famille de 54 ans.

Elle restait « cloitrée »

En juillet 2018, trois policiers ont été acquittés par la cour d’assises de Bobigny, au titre de la légitime défense. Le parquet général a fait appel pour deux d’entre eux : celui qui a lancé la grenade et un autre, accusé d’avoir blessé à la tête l’aîné des deux frères avec un lanceur de balle de défense.

Lors de ce procès, les deux frères avaient, eux, été jugés pour violences  sur les policiers ou rébellion. L’un d’eux a été relaxé, l’autre dispensé de peine. Cette fois, ils sont présents en tant que simple partie civile, sans leur mère, décédée depuis.

Le plus jeune frère a décrit un « changement total » chez elle après les faits. Auparavant « très active », elle restait « cloitrée ». Lui-même a expliqué avoir été hospitalisé pour dépression après le premier procès.

« C’est pas une vengeance »

 « Il y a eu des erreurs », a-t-il déclaré. « J’attends que ces erreurs soient reconnues, pour qu’on se pose la question des interventions dans les quartiers populaires ». « Si on dit qu’il n’y a pas eu d’erreur, on admet que cela puisse se repasser », a-t-il ajouté. « Il est temps qu’on se pose, tous, la question de (…) comment on peut faire pour que ça n’arrive pas ». Tout au long du témoignage, le principal accusé a gardé la tête dans ses mains, essuyant finalement des larmes.

Le second frère, âgé de 27 ans, a expliqué avoir eu une perte d’audition à la suite du tir de LBD, l’empêchant de travailler pendant deux ans. « C’est pas une vengeance », a-t-il assuré. « Je veux juste que la vérité sorte à la suite de ce procès, rien d’autre ».

 

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